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Les partenaires sociaux très critiques sur la stratégie de l’exécutif

Les dirigeants patronaux et syndicaux qui se plaignent d’être peu consultés sont invités à reprendre le chemin de l’Elysée. Ils sont conviés à venir écouter le président de la République aux côtés de représentants associatifs et d’ONG ainsi que de parlementaires. Ce sera sans le président de la CGC qui enverra un autre membre de sa direction. « Je n’irai pas, j’ai mieux à faire, on va encore avoir droit à un discours interminable où il va donner des leçons à tout le monde », explique François Hommeril, ajoutant : « Mais si on m’invite à l’Elysée pour discuter, j’irai. » Tous ne sécheront pas la réunion, loin s’en faut. Mais l’initiative du président de la République est moyennement appréciée. « Il y a vraiment un problème Macron, la façon dont il s’exprime, sa méthode », reconnaît un responsable patronal. « Il a quand même l’art de faire des grands-messes qui masquent l’absence de concertation », note un autre.

Diluer les débats

La « discussion territorialisée » promise par Edouard Philippe laisse aussi nombre de partenaires sociaux dubitatifs. La CFDT, dont le numéro un avait proposé à l’exécutif de réunir partenaires sociaux et associations pour construire un « pacte social de la conversion écologique », au premier chef. « On regardera si c’est un vrai travail loyal et franc ou si c’est un jeu de dupes. si c’est un jeu de dupes, on saura le dire », a réagi vendredi auprès de Reuters Laurent Berger. « Je crains que ce ne soit une façon de diluer les débats et ça va prendre du temps, alors que les ‘gilets jaunes’ demandent des réponses rapides », note un responsable patronal.

Dans une interview au quotidien « L’Opinion » de ce lundi , le président du Medef, Geoffroy Roux de Bézieux, critique la politique du gouvernement, expliquant que « si on donne un signal prix sur les comportements, il faut que le reste de la pression fiscale baisse, or elle n’a pas baissé, comme en témoigne la fiscalité locale sur les entreprises ». A contrario, « si le gouvernement fait un geste sur les carburants, par quoi va-t-il le compenser ? » s’inquiète Alain Griset, le président de l’U2P (artisans et professions libérales), qui met en garde contre toute nouvelle contribution des entreprises. Le patronat s’inquiète aussi du déplacement du mécontentement du ras-le-bol fiscal vers le pouvoir d’achat.

Généraliser la prime transport

C’est du côté des entreprises, justement, que regarde Force ouvrière qui redonne de la voix après s’être doté d’un nouveau numéro un. Plaidant pour un « moratoire » peu probable, son secrétaire général, Yves Veyrier, a proposé vendredi de « généraliser la prime transport » à la charge de l’employeur instaurée de façon facultative en 2008, sans grand succès. FO appelle pour cela « à la réunion rapide d’une commission tripartite » Etat, patronat et syndicats. « Il y a la nécessité d’aider les salariés qui n’ont d’autre choix que d’aller travailler en voiture », souligne le leader syndical qui plaide pour des négociations dans les branches pour éviter « le risque de distorsion de compétitivité ». Le cédétiste Laurent Berger, dans une interview au Parisien, évoque, lui, le « recours à de nouvelles aides pour les transports domicile travail ». Il prend l’exemple de la prise en charge des déplacements à 50 % par l’employeur qui existe en Île-de-France qui « pourrait être dupliquée ailleurs » et propose également de « développer ces titres de transport qui permettent d’utiliser à la fois le train, le bus, le tram dans une même ville ».


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