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Les compagnies aériennes dopées aux suppléments

Les compagnies aériennes sont-elles en passe de changer de modèle économique ? On peut le penser en regardant la progression de leurs « recettes annexes », générées par d’autres prestations que la vente du billet d’avion. Selon une étude annuelle du cabinet de conseil IdeaWorksCompany , réalisé en partenariat avec le site de location de voitures CarTrawler auprès de 175 compagnies aériennes, ces revenus complémentaires atteindraient 92,9 milliards de dollars en 2018, contre 22,6 milliards en 2010. Une progression quatre fois plus rapide que la croissance du trafic aérien, que rien ne semble devoir ralentir, les compagnies aériennes ayant trouvé là un bon moyen de compenser la baisse des tarifs.

Les bagages vache-à-lait

Ramenées aux 4,3 milliards de passagers prévus en 2018, ces recettes complémentaires représenteraient ainsi de l’ordre de 21,30 dollars par passager. La plus grosse part est constituée des frais de bagages – frais d’enregistrement et excédent de poids – qui représenteraient à eux seuls 60 % de la somme. Mais d’autres services à la carte ont vu leur part grossir, comme le choix du siège, devenu payant sur un nombre croissant de compagnies, les sièges offrant plus d’espace pour les jambes ou encore les offres payantes de boissons et de nourriture à bord, qui représentent plus de 20 % des recettes.

Nuits d’hôtels et miles à vendre

A cela s’ajoutent, pour environ 3 % supplémentaires, les commissions générées par la vente des prestations complémentaires terrestres – nuits d’hôtels, location, assurance… – sur le site de la compagnie. Mais aussi la vente de miles auprès des membres des programmes de fidélité auxquels il manque quelques points pour obtenir un billet gratuit. Ce dernier poste représenterait environ 1 % des recettes.

Les low cost championnes du genre

Toutefois, si toutes les compagnies aériennes s’efforcent de développer ces recettes complémentaires, certaines y parviennent beaucoup mieux que d’autres. Les meilleures dans ce domaine restent, sans surprise, les compagnies low cost, dont 15 % du chiffre d’affaires en moyenne, proviennent des suppléments tarifaires, contre 6,7 % pour les compagnies traditionnelles. Ce pourcentage peut toutefois dépasser les 30 % chez les championnes de la discipline que sont Ryanair, Wizz Air , Volotea et Wow Air en Europe, Allegiant et Spirit aux Etats-Unis, Pegasus et Scoot en Asie.

Ryanair durcit ses règles

Et la liste des options payantes ne cesse de s’allonger. Après une phase d’assouplissement destinée à redorer leur image de marque, plusieurs compagnies ont en effet durci leur politique bagages. C’est notamment le cas de Ryanair, qui impose désormais un supplément tarifaire au-delà du simple petit sac en cabine . Une décision justifiée par la nécessité d’éviter les abus et les problèmes à l’embarquement, mais qui lui a surtout permis d’augmenter de 27 % les recettes tirées des options payantes, portées à  4,8 milliards d’euros au premier semestre.

Jusqu’à l’excès ?

Une stratégie qui n’est toutefois pas sans susciter des protestations parmi la clientèle. Au Royaume-Uni, le gouvernement a ainsi décidé d’enquêter sur le mode d’attribution par Ryanair et d’autres, des sièges aux passagers n’ayant pas payé un supplément. La compagnie low cost est en effet soupçonnée de séparer volontairement les couples et les familles, afin de les encourager à payer le supplément permettant de choisir son siège. Ce que Ryanair dément.


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