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Vers une forte hausse de la facture d’électricité début 2019

Coup de chaud en vue pour les factures d’électricité.  Comme prévu , les concurrents d’EDF (Engie, Total, Direct Energie, Leclerc…) se sont précipités sur l’électricité nucléaire mise à leur disposition pour approvisionner leurs clients l’an prochain. Ils pouvaient collectivement acheter 100 térawattheures (environ le quart de la production nucléaire française) au tarif régulé dit de l’Arenh (42 euros par mégawattheure), ils en ont demandé 132,93 TWh, selon le décompte de la Commission de régulation de l’énergie (CRE) publié ce jeudi soir.

Tous rationnés

Résultat : ils vont tous être rationnés au prorata de leur demande, et devront s’approvisionner sur le marché pour compléter leurs besoins. A des prix plus élevés que le tarif de l’Arenh :  ils évoluent autour de 55 euros/MWh« Cela représente une hausse de 4 % sur la facture », estime Frank Roubanovitch, président du Cleee, une association de grands acheteurs. Selon Direct Energie, elle serait plutôt de 3%. Le tarif réglementé d’EDF, auquel souscrivent toujours 80 % des ménages,  est aussi concerné , car sa formule est indexée à la fois sur l’Arenh et sur les prix de marché et son niveau doit pouvoir être concurrencé par les fournisseurs alternatifs.

Cette hausse serait gérable si elle était isolée. Mais d’autres facteurs vont faire grimper la facture d’électricité ces prochains mois : la formule de calcul du tarif réglementé doit intégrer les prix de marché, qui ont fortement augmenté ces deux dernières années. Elle doit aussi prendre en compte le coût des certificats d’énergie, et l’amélioration de la rémunération des centrales pour assurer la sécurité d’approvisionnement. Selon les calculs de Direct Energie, c’est une hausse de… 8 % qui pourrait devoir être passée dans les factures l’an prochain.

« Fournir tous les calculs »

En plein mouvement des « gilets jaunes », le gouvernement a bien perçu le danger. « Je demande à la CRE [Commission de régulation de l’énergie] de fournir tous les calculs et ensuite nous prendrons une décision sur la base des informations qui nous auront été fournies », a indiqué le ministre de la Transition écologique et solidaire, François de Rugy, en marge du colloque de l’Union française de l’électricité (UFE). « Evidemment nous ferons tout pour que cette hausse soit la plus modérée possible », a-t-il ajouté.

Le régulateur a visiblement entendu le message. « La CRE proposera au gouvernement au mois de février 2019 une évolution des tarifs réglementés de vente électricité en vue d’un ajustement de début d’année », a-t-elle indiqué dans un communiqué ce jeudi soir.

Plusieurs pistes

S’ils veulent amortir la hausse à venir, le régulateur et l’Etat pourront plancher sur plusieurs pistes. Les concurrents d’EDF ont déjà demandé, à l’occasion des débats parlementaires de la loi Pacte, le relèvement du plafond de 100 TWh. En vain pour l’instant. « Le gouvernement pourrait décider de réduire la CSPE » (une taxe sur les factures d’électricité, NDLR), plaide aussi Fabien Choné, directeur général délégué de Direct Energie. « Ce serait une manière de rendre aux Français ce qu’on leur a pris sur les carburants », estime-t-il. Mais cela grèverait le budget de l’Etat…

Une autre piste pourrait être de lisser les hausses, ou encore de réviser la formule de calcul du tarif réglementé, qui sert de référence à l’ensemble des offres. « L’atteinte du plafond Arenh en l’absence d’évolution du tarif de 42 euros est un élément nouveau qui incite fortement à une réflexion sur l’avenir du dispositif,  comme l’a annoncé le président de la République  », juge la CRE.

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