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Carlos Ghosn a confié sa défense à l’ex-ennemi des « golden boys »

Il y a dix ans, il détestait les parvenus, les « golden boys » et les adorateurs du « capitalisme à l’américaine ». A l’époque, Motonari Otsuru était procureur et dirigeait l’unité d’enquête spéciale du parquet de Tokyo. La division qui a ordonné, le 19 novembre, l’interpellation et le placement en garde à vue de Carlos Ghosn, le PDG de Renault. Depuis, l’ancien magistrat est passé, comme nombre de ses collègues, dans le privé, et il joue désormais de sa connaissance intime des méthodes des procureurs pour défendre les cols blancs accusés de délits financiers.  Et c’est lui qui assure la défense de Carlos Ghosn .

Le juriste n’est pas une star des plateaux télé. Discret, ses collègues magistrats le décrivaient dans les années 2000 comme un homme « carré » plutôt conservateur. En 2005, il s’était fendu de quelques lignes sur le site Internet du procureur de Tokyo pour décrire sa mission. « Je ferai toute la lumière sur des affaires qui feront enrager les Japonais qui suent à la tâche, ceux qui ne peuvent pas travailler à cause des restructurations d’entreprises et ceux qui respectent la loi tout en sachant qu’ils pourraient devenir riches en la violant », écrivait-il.

Ereinter les accusés

Quelques mois plus tard, en janvier 2006, il lançait une procédure contre Livedoor, le portail Internet le plus populaire du pays à l’époque, et faisait arrêter son emblématique patron de 33 ans Takafumi Horie, accusé d’avoir violé les régulations boursières. En juin de la même année, il orchestrait l’arrestation de Yoshiaki Murakami, le gérant de fonds le plus célèbre du pays, connu pour sa défense des petits porteurs face aux géants industriels japonais négligeant leurs actionnaires.

Dans chacune de ces affaires, Motonari Otsuru a usé, comme ses collègues procureurs, des longues périodes de garde à vue pour éreinter les accusés et les inciter à avouer. Maintenant, il soutient Carlos Ghosn dans sa stratégie de défense basée sur une négation complète des malversations financières que lui reproche le parquet de Tokyo.

Versements « différés »

Le patron de Renault,  qui a été démis de ses titres de président de Nissan et de Mitsubishi , assure, selon les médias japonais, qu’il n’a jamais sciemment minoré ses revenus dans les rapports aux autorités boursières nippones. Il promet qu’il n’a pas fait supporter à Nissan des pertes liées à des investissements personnels. S’il reconnaît qu’il avait bien divisé, pour ne pas choquer les employés, sa rémunération en un volet salaire payable chaque mois et un volet payable plus tard, à son départ du groupe, il assure que ces versements « différés » n’avaient pas à être inscrits dans le rapport remis aux autorités boursières.


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