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Elections dans la fonction publique : la CGT joue son leadership syndical

Pour certains, le scrutin a été ouvert il y a quelques jours déjà, mais c’est sur ce jeudi que se concentre l’essentiel  des élections professionnelles dans la fonction publique . C’est la deuxième fois que les quelque 5,5 millions d’agents de l’Etat, des collectivités territoriales et des hôpitaux, titulaires comme contractuels, sont appelés aux urnes en même temps. La première a eu lieu en  décembre 2014 . Auparavant, chacun des employeurs publics avait son propre agenda, rendant difficilement lisibles les rapports de force entre organisations syndicales de fonctionnaires.

Vote par clic

Ce second scrutin national inter-fonctions publiques revêt un enjeu d’autant plus important qu’il intervient en  plein mouvement de contestation politique et sociale . Sur les barrages et manifestations, on trouve un certain nombre d’agents – territoriaux et hospitaliers en particulier – mais jusqu’à présent, ils se sont fondus dans la masse des  « gilets jaunes » relayant sans se distinguer les revendications de pouvoir d’achat et de besoin de services publics.

Il est difficile de savoir si cette effervescence va contribuer à convaincre les fonctionnaires de prendre le chemin des urnes ou l’inverse. D’autant que cette fois-ci, plus encore que précédemment, ce sera pour beaucoup d’entre eux un vote électronique, donc pas forcément sur le lieu de travail.

Couacs

La participation sera en tout cas encore regardée de près, alors que la dernière fois, à peine plus d’un fonctionnaire sur deux a voté. Difficile de dire ce que pèseront les couacs d’organisation du scrutin, la fédération de la santé CGT comme son Union fédérale des syndicats de l’Etat ayant déjà dénoncé « de graves dysfonctionnements ».

En tout cas, les résultats de ce scrutin qui s’achève ce jeudi soir et qui seront connus mardi prochain, seront scrutés à la loupe.

Enjeu du leadership

Le gouvernement sera d’autant plus attentif à l’évolution du paysage syndical chez les fonctionnaires, qu’il aborde considérablement affaibli la phase d’écriture concrète de sa réforme de la fonction publique. La mésaventure de l’accord sur l’égalité femme-homme permet de mesurer l’importance de la pesée : à eux trois, en refusant de se prononcer, CGT, Solidaires et FO bloquent son entrée en vigueur car ils pèsent 50,5 %.

Du côté de la CGT, justement, l’enjeu du scrutin de ce jeudi est ni plus ni moins que la perte ou non du leadership syndical.  La CFDT a ravi à la centrale de Philippe Martinez la première place dans le secteur privé en 2017 . Difficile d’imaginer qu’elle réalise la même performance dans la fonction publique : l’avance de la CGT est de près de 4 points. Mais  qu’elle réduise son retard de 20.000 voix et la CFDT pourra se revendiquer  comme le premier syndicat français secteurs public et privé confondus.

Scandale

Force ouvrière, elle, joue sa première place dans la fonction publique d’Etat qu’elle avait réussi à ravir à la CGT en 2014 contre toute attente. Il est probable qu’à l’époque, l’affaire Lepaon, du nom du secrétaire général de la CGT contraint à démissionner après des révélations sur son train de vie, avait contribué à la victoire de FO. Cette fois-ci, c’est elle qui se trouve fragilisée par la démission de son éphémère secrétaire général, Pascal Pavageau, après le scandale provoqué par l’existence d’un fichier occulte.

La situation est cependant moins délicate qu’il n’y paraît pour  Yves Veyrier, le nouveau numéro un de la centrale . Il a été élu face au représentant des fonctionnaires de l’Etat FO, Christian Grolier.  Une défaite serait d’abord la défaite de ce dernier avant d’être celle d’Yves Veyrier. Et elle n’empêcherait pas la confédération de conserver sa troisième place chez les fonctionnaires (toutes fonctions publiques confondues) comme au niveau global.

Du côté des plus petits syndicats, CFTC et autonomes en particulier, l’enjeu est carrément leur survie. Ils pourraient perdre leur droit de participer aux négociations concernant l’ensemble de la fonction publique, faute de représentativité suffisante.


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