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Face à la crise, Macron lâche des mesures chocs pour le pouvoir d’achat

C’était l’une des interventions les plus attendues de son quinquennat, pour essayer de sortir de la crise révélée par le mouvement des « gilets jaunes » . Lors d’ une allocution de 13 minutes ce lundi soir à 20 heures, Emmanuel Macron a donc décidé, face à cette crise sociale, politique, démocratique, de faire tapis, avec des mesures fortes, quand sa gestion technocratique a souvent été critiquée et l’image de « président des riches » brandie plus haut que jamais pendant cette crise. 

Cent euros par mois

« C’est d’abord l’état d’urgence économique et social que je veux décréter aujourd’hui pour qu’on puisse vivre mieux de son travail », a lancé celui qui espère calmer la colère de nombre de Français – notamment les plus modestes. Emmanuel Macron a ainsi annoncé un geste pour les salariés au niveau du SMIC, de 100 euros par mois en 2019 via l’accélération de l’augmentation de la prime d’activité et donc, a-t-il souligné, « sans qu’il en coûte un euro de plus à l’employeur ». Ceci pour « vivre plus dignement de son travail ». « Sur ce point, nous sommes allés trop lentement », a-t-il reconnu. 

Toujours pour le pouvoir d’achat, Emmanuel Macron a tranché en faveur de la défiscalisation des heures supplémentaires et non plus seulement de leur désocialisation, dès le début 2019. « C’est une bonne réponse, qui fait que le travail paie davantage », souligne un proche, rappelant que c’est toute la philosophie de la politique du chef de l’Etat depuis le début de son quinquennat. 

« Je veux qu’une amélioration soit immédiatement perceptible », a-t-il souligné. Aussi, alors qu’elle était travaillée depuis plusieurs jours et que le patronat s’y était montré favorable, à partir du moment où cette prime était basée sur le volontariat, le chef de l’Etat a confirmé la mise en oeuvre d’une prime de fin d’année défiscalisée et non chargée, pour les « employeurs qui le peuvent ». 

Geste sur la CSG des retraités

Alors que nombre de partenaires sociaux et de responsables d’associations d’élus, reçus lundi matin à l’Elysée , demandaient des gestes en faveur des seniors, Emmanuel Macron est en partie revenu – une mesure surprise – sur la CSG des retraités. Cette hausse empoisonne depuis le début son quinquennat. Le président de la République a finalement décidé d’annuler la hausse de la CSG en 2019 pour les retraités gagnant entre 1.200 et 2.000 euros (pour une personne seule). La facture globale, avec l’annulation de la hausse des taxes sur les carburants pour 2019, est d’au moins 10 milliards d’euros. 

Emmanuel Macron a de nouveau justifié la réforme de l’ISF mais s’est, en revanche, prononcé pour davantage de « justice fiscale », déclarant que les dirigeants des grandes entreprises françaises devront payer leurs impôts en France et que les grandes entreprises qui réalisent des profits en France devront payer l’impôt français. Une allusion, là, à la taxation des Gafa. 

Bâtir un «nouveau contrat pour la nation »

Enfin, afin de répondre à la crise démocratique, Emmanuel Macron a proposé d’élargir le grand débat national pour bâtir un « nouveau contrat pour la nation », aux thèmes de l’équilibre de la fiscalité, du quotidien pour faire face au changement climatique, de l’organisation de l’Etat et des services publics. Il a assuré qu’il ferait un tour de France des maires par région pour construire le « socle de ce nouveau contrat. » Emmanuel Macron a aussi promis qu’il maintenait son « ambition » sur les « réformes », citant celle de l’Etat, de l’indemnisation du chômage et des retraites. 

« Il y aura un avant et un après », veut croire le président du Modem François Bayrou, qui plaidait de longue date pour des inflexions. Voir. A peine l’allocution terminée, Jean-Luc Mélenchon a contre-attaqué. « Il se trompe d’époque. (…) Il a pensé qu’une distribution de monnaie pourrait calmer l’insurrection », a cinglé le leader de la France insoumise, qui continue d’essayer de récupérer le mécontentement et espère un « acte V de grande mobilisation. »

Vidéo – ‘Gilets jaunes’ : la réponse d’Emmanuel Macron


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