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Oxfam s’inquiète du nombre croissant de femmes parmi les travailleurs pauvres

Dans un nouveau rapport publié ce lundi, l’ONG Oxfam s’alarme de la place de plus en plus importante des femmes parmi les travailleurs pauvres. Alors que la France compte actuellement deux millions de travailleurs pauvres, elles sont de fait « en première ligne », explique l’ONG dans ce document détaillé qui s’appuie sur de multiples sources statistiques.

Ce constat fait écho à la présence de nombreuses femmes au sein des « gilets jaunes » et des revendications sur le pouvoir d’achat auxquelles le gouvernement tente de répondre.

Les femmes sont en effet de plus en plus nombreuses parmi les travailleurs pauvres, constate l’ONG : « entre 2006 et 2017, la part des femmes en activité professionnelle et pauvres est passée de 5,6 % à 7,3 % », rappelle l’association sur la base des chiffres publiés par Eurostat.

Un phénomène qui touche plus particulièrement celles qui sont seules et mères de famille. « Parmi celles qui travaillent, plus d’un quart vit sous le seuil de pauvreté, soit un million de femmes », détaille encore le rapport .

L’occasion pour l’association de pointer du doigt les responsabilités politiques. L’aggravation de la pauvreté chez les femmes travailleuses « montre que les réponses politiques ne sont pas à la hauteur des enjeux et de l’urgence », note le rapport.

Et de regretter par exemple que  la loi « liberté de choisir son avenir professionnel » portée par Muriel Pénicaud ait « été largement vidée de sa substance lors de son adoption au Parlement cet été », ou bien encore que  le plan pauvreté présenté il y a deux mois par Emmanuel Macron « ne s’attaque pas aux racines profondes » du fléau de la pauvreté.

De même, alors que « l’égalité hommes-femmes a été déclarée grande cause nationale par le président de la République, des mesures telles que l’encadrement des temps partiels doivent être mises à l’ordre du jour », avancent les auteurs.

Plus des trois quarts des CDD et emplois intérimaires

Car d’un point de vue général, les causes de cette situation ne sont pas très mystérieuses : écarts de salaires par rapport aux hommes, instabilité du temps de travail, emplois plus précaires, pénibilité des tâches ou stéréotypes.

Les femmes se retrouvent principalement dans des secteurs qui proposent de nombreux emplois à temps partiel, correspondant aux métiers les moins valorisés et rémunérés. Par exemple les métiers du nettoyage, du commerce et du service à la personne, à l’image des infirmières qui disent avoir été oubliées dans le plan santé du gouvernement . Parmi les employés non qualifiés, 49 % des femmes sont à temps partiel, contre 21 % des hommes.

En 2017, les femmes occupaient ainsi 70 % des CDD et des emplois intérimaires et 78 % des emplois à temps partiel. Ce type d’emplois « provoque une insertion discontinue sur le marché du travail et une dégradation des conditions de vie des femmes (horaires atypiques, emplois pénibles…). Cela entrave la consolidation de l’expérience professionnelle ou conduit même à une dépréciation des compétences », souligne le rapport.

« Un emploi ne protège pas de fins de mois difficiles »

« Les inégalités femmes-hommes au travail sont insupportables et la situation est d’autant plus dramatique pour les femmes pauvres. Le phénomène de pauvreté au travail prend une ampleur de plus en plus importante et montre qu’avoir un emploi ne protège pas de fins de mois difficiles ».

« Parmi les actifs souhaitant travailler plus, 75 % sont des travailleuses », souligne Claire Hédon, présidente d’ATD Quart-Monde France qui préface ce rapport.


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