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Pouvoir d’achat : un bras de fer inédit pour les complémentaires santé

Un parfait sens de l’à-propos. L’UFC-Que Choisir s’est alarmée jeudi, au vu des témoignages qu’elle a récoltés, de « l’envolée des cotisations pour 2019 » chez les complémentaires santé, avec plus de 4 % de hausse pour la moitié des cas examinés. « Pour certains répondants, l’inflation dépasse même les 20 % », déplore l’association de consommateurs.

Ce communiqué est paru dans l’après-midi, alors que les mutuelles, les assureurs et les institutions de prévoyance s’arrachaient encore les cheveux sur  des propositions de modération tarifaire.  Le secteur n’avait pas besoin de cela pour sentir la pression, ayant l’obligation de répondre le jour même à l’ultimatum fixé par Emmanuel Macron.

Remboursement

Selon nos informations, il serait envisagé, pour les contrats individuels d’entrée de gamme (dits « ticket modérateur »), une « compensation intégrale » pour effacer les hausses de tarifs demandées pour 2019. Les appels de cotisation ayant déjà été envoyés, celle-ci se ferait sous la forme d’un remboursement l’année prochaine. « Au final, les assurés paieraient ainsi la même chose en 2019 qu’en 2018 », explique un professionnel du secteur, qui affirme qu’une telle mesure bénéficierait à plus de 5 millions de personnes.

Cette piste était cependant jugée trop peu ambitieuse par certains. « Si c’est pour verser 5 euros sur un contrat à 200 ou 300 euros, c’est trop peu. Nous ne pouvons pas être ridicules », explique l’un des négociateurs.

Jeudi, on parlait aussi d’engager une réflexion sur une mise en place accélérée de la réforme du reste à charge zéro, visant à rembourser plus vite que prévu des lunettes ou des prothèses dentaires.

Le chef de l’Etat avait réuni les professionnels mardi, et leur avait laissé 48 heures pour montrer leur bonne volonté suite à la crise des « gilets jaunes ».  Il avait été agacé par les courriers d’appels de cotisation de certaines mutuelles, qui justifiaient les augmentations tarifaires par la mise en place du reste à charge zéro sur les lunettes, les prothèses dentaires et auditives.

Du grain à moudre sur les frais de gestion

« Les assureurs ont reconnu devant moi que les courriers étaient illégitimes », a déclaré mercredi la ministre de la Santé Agnès Buzyn. Il avait été convenu que le coût de la réforme, évalué à 0,14 % de leur chiffre d’affaires, devrait être « absorbé par la réduction de leurs frais de gestion », a-t-elle ajouté. La ministre a dit attendre « des engagements supplémentaires sur le taux de cotisation ».

Au sein de l’exécutif, on considère en effet que les complémentaires santé ont encore du grain à moudre du côté des frais de gestion, dont le niveau en pourcentage ne baisse pas malgré la progression continue des taux de cotisation. « Il y a un sentiment de trahison », observe-t-on au gouvernement. Les complémentaires santé s’étaient engagées mardi à ne pas les augmenter.

Résiliation

De son côté, l’UFC-Que Choisir a quelques idées pour les assureurs privés. Elle demande la mise en place dès le premier semestre 2019 de la résiliation sans frais et à tout moment des contrats, après la première année – une mesure annoncée par l’Elysée mardi soir. C’est déjà le cas dans l’assurance automobile et habitation.


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