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Fonction publique : les syndicats s’insurgent contre l’absence de prime défiscalisée

La réunion organisée en fin de semaine par le secrétaire d’Etat à la fonction publique, Olivier Dussopt, avec les syndicats devait servir à montrer que le gouvernement n’oublie pas les fonctionnaires dans les mesures qu’il a prises à la suite du mouvement des « gilets jaunes ». Mais il n’est pas sûr qu’elle ait atteint son objectif.

Olivier Dussopt a souligné que trois dispositions du projet de loi adopté vendredi par le Parlement vont bien les concerner. L’extension de la prime d’activité bénéficiera à « environ 200.000 » fonctionnaires supplémentaires,  portant le total à 600.000 , a-t-il affirmé. « Environ 1,5 million d’agents sont concernés » par l’exonération fiscale et sociale des heures supplémentaires, a-t-il précisé, soit un peu plus d’un sur quatre. Olivier Dussopt a par ailleurs rappelé que l’exonération de la dernière hausse de la CSG sous condition de ressource bénéficiera aussi aux retraités de la fonction publique, sans préciser le nombre de personnes concernées.

Coût « colossal »

Mais il a aussi confirmé une mauvaise nouvelle pour l’ensemble des fonctionnaires : ils ne bénéficieront pas d’une prime exceptionnelle défiscalisée comme les salariés de certaines entreprises privées et publiques. Mettant en avant le milliard d’euros que va coûter en 2019 l’application du  protocole de revalorisation des carrières (PPCR) , le secrétaire d’Etat a justifié cette décision par le coût « colossal » qu’aurait une telle mesure car 93 % des fonctionnaires sont en dessous du plafond de 3.600 euros par mois. Bercy avance le chiffre de 5,1 milliards d’euros, à comparer aux 10 milliards de l’ensemble des mesures décidées à l’issue du mouvement des « gilets jaunes ».

Tous les syndicats ont protesté et réclamé une mesure d’augmentation générale des salaires, la hausse du point d’indice, se heurtant à un refus du secrétaire d’Etat. « Il aurait pu avoir un geste d’apaisement en acceptant au moins d’avancer au début de l’année le rendez-vous salarial annuel qui doit se tenir en juin, mais ça n’a pas été le cas », déplore un syndicaliste.

Malaise

« Le gouvernement n’a pas pris la mesure du malaise qui s’exprime dans la fonction publique, les annonces faites ce matin ne répondent pas aux attentes », ont dénoncé les neuf fédérations de fonctionnaires dans un communiqué. A la rentrée, elles doivent s’accorder sur une date d’une réunion intersyndicale. Pour l’heure, elles se sont contentées d’affirmer qu’« elles décideront des moyens nécessaires pour peser afin d’être entendues ». 

Echaudées par l’échec de leur mobilisation unitaire du 22 mai dernier, la plupart attendent de mesurer l’ampleur du mécontentement sur le terrain avant de se lancer. Le secrétaire général de Force ouvrière, Yves Veyrier, a prévenu samedi sur Europe 1 que « la cocotte-minute » pourrait « exploser ».

Olivier Dussopt a annoncé pour sa part que se tiendrait une réunion pour fixer l’agenda social de 2019 dans la fonction publique début janvier. Il n’a en revanche dit mot du  calendrier de la loi de « modernisation » de la fonction publique qui comporte de nombreux sujets sensibles pour les syndicats. « Il n’y a pas à ce stade de décision de l’Elysée sur le rythme de la réforme », croit savoir un syndicaliste.


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