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La monnaie unique est entrée dans les moeurs et dans les coeurs

Jeune et populaire : Joyeux sort que celui de l’euro ! Selon le dernier baromètre annuel de la Commission européenne, mené en octobre auprès d’un échantillon représentatif de 17.500 citoyens des 19 pays de la zone euro, deux tiers (64 %) estiment que la monnaie unique est « une bonne chose » pour leur pays. En dépit des poussées eurosceptiques, cette cote se maintient ainsi au sommet atteint l’an passé. A l’opposé, seul un sondé sur quatre y voit une « mauvaise chose », un point bas historique.

Plébiscité par les Irlandais

Ce symbole quotidien de la construction continentale semble profiter, dans un effet balancier, de la résurgence du sentiment européen face aux difficultés qui fragilisent l’UE, avec en toile de fond le Brexit, la crise des migrants ou encore la dérive populiste de l’Italie. Le cas de cette dernière en est une parfaite illustration : en un an, à rebours de la bascule d’un gouvernement europhile à un pouvoir eurosceptique, le soutien à l’euro y a bondi de 12 points (57 %) ! Dans le même ordre d’idée, une autre étude de la Commission indiquait en mai que 67 % des citoyens européens pensent que leur pays tire profit de l’appartenance à l’UE, là aussi un record.

Le soutien à l’euro est, comme celui à l’Europe, globalement plus fort chez les jeunes, les plus qualifiés et les personnes en emploi. Il est à présent majoritaire dans 17 des 19 pays concernés. Seules Chypre et la Lituanie font exception mais l’euro n’y est en place que depuis quelques années et sa popularité y progresse. Les scores les plus importants se retrouvent en Irlande (85 %), au Luxembourg (80 %) et en Autriche (76 %). La France est plus mitigée, avec 59 % de partisans mais encore 29 % de sondés opposés à la monnaie commune.

Calcul mental

L’« objet » euro convient aussi aux sondés, qui jugent à une large majorité  la gamme des billets et pièces satisfaisante et facile à utiliser . Seul bémol, sa petite ferraille : sept Européens sur dix trouvent les pièces d’un et deux centimes inutiles et préconisent donc de les supprimer. Un sort que connaît déjà le billet de 500 euros : la BCE a décidé mi 2016 d’arrêter d’en produire et la distribution des stocks restant cessera à la fin de ce mois.

Mauvaise nouvelle en revanche pour le calcul mental : lors d’un achat, deux tiers des citoyens ne feraient désormais plus la conversion dans leur tête avec leur ancienne monnaie. En France, ou un euro équivaut à 6,55957 francs, ce taux atteint 60 % selon la Commission européenne. Mais un autre sondage récent, réalisé par Ipsos-Sopra Steria et publié mi-décembre par « Le Monde », affirme lui que 54 % des Français convertissent encore dans leur tête. Il relève aussi que 33 % des Français seraient favorables à une sortie du pays de la zone euro – moins d’un quart (23 %) jugent toutefois possible une telle sortie de l’euro. A chaque pays en tout cas ses habitudes monétaires . Dans la zone euro, le billet de 50 est le plus usité (un tiers des prélèvements dans les banques centrales) mais en France, c’est celui de 20 qui règne dans les portefeuilles.

Fracture Nord Sud

Sept sondés sur dix par la Commission européenne à travers le continent demandent en outre « plus de coordination » des politiques économiques entre gouvernements de la zone euro. L’attente est bien plus marquée dans les pays du Sud de l’Europe, dont la France, que dans ceux du Nord. Exactement comme au Conseil européen, où la lenteur des avancées de la réforme de la zone euro rappelle que la popularité de la monnaie unique ne la fait pas échapper à de complexes débats sur son rôle et son avenir.


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