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Prélèvement à la source : Darmanin sur la brèche

Au pic de  la crise des « gilets jaunes » , il s’était, comme d’autres, plutôt distingué par sa discrétion, si ce n’est la publication sur les réseaux sociaux d’une vidéo de lui très remarquée, perruche sur l’épaule, depuis la SPA de Tourcoing, sa ville d’élection. Changement de braquet une fois  les mesures d’urgence annoncées et plus encore en ce début d’année : Gérald Darmanin, en première ligne sur  le prélèvement à la source qui entre en vigueur , se démultiplie pour expliquer la réforme : des déplacements, comme ce mercredi à Amiens (il en effectuera tout au long du mois et aura pour l’un d’eux l’appui d’Edouard Philippe), des conférences de presse, comme ce jeudi à Bercy, des interviews en pagaille, un fil Twitter ultra-alimenté… « Il n’y a pas de bug, a répété le ministre de l’Action et des Comptes publics. L a République fonctionne ce matin. Je m’en félicite ! »

Ras-le-bol fiscal

Car il s’agit aussi, au-delà des explications pratiques, de rassurer sur une réforme qui a engendré, au sein de l’Etat et jusqu’à son sommet, une sourde inquiétude. Sur les défis techniques qu’elle impose. Et, surtout, sur l’impact psychologique qu’elle peut avoir sur les Français concernés.

En clair, sur les risques politiques qu’elle comporte, qui plus est dans une période de vents mauvais attisés en partie par le ras-le-bol fiscal. C’est cette inquiétude – et le degré de préparation – qui avait poussé l’exécutif, à l’été 2017, à repousser d’un an la réforme.

Adaptation sous deux mois

Le risque politique ? « Il n’y en a pas », veut croire Gérald Darmanin. « Tout simplement parce que les Français veulent surtout qu’on continue à transformer le pays », a-t-il justifié à Amiens. Le choc psychologique d’une feuille de paie amputée de l’impôt ? « Je comprends que vous puissiez me poser la question dix-sept fois, je peux même répondre en ch’timi », a ironisé Gérald Darmanin, avant d’opposer au contraire « une grande avancée, un grand choc positif » que ce «prélèvement mensuel en même temps que les revenus et non plus le 17 du mois ». « Adaptation sous moins de deux mois » des prélèvements si la situation du contribuable change, « simplification », « modernisation », sont les arguments qu’il met en avant.

« C’est son dossier, il l’a incarné, il bosse comme une mule. La pression, il l’a depuis l’été 2017. L’administration est prête. Le Premier ministre a une très grande confiance en lui, il est une pièce essentielle du dispositif gouvernemental », défend Matignon, qui appuie les arguments du ministre de réforme « sociale » et de « modernisation. »

Argument ultime, Gérald Darmanin a remis en avant les sondages qui « mois après mois », montrent des Français très favorables au prélèvement à la source . « Les sondages, ils étaient bons sur la taxe carbone. Ils sont bons jusqu’au jour où ils ne le sont plus, nuance un conseiller gouvernemental. Mais ils montrent une vraie maturité sur le sujet. L’essentiel maintenant, c’est que ça marche. » Au gouvernement comme dans la majorité, tout le monde retient son souffle en espérant que la formule servie à l’envie par Gérald Darmanin se vérifie : « Dans un mois, c’est comme le téléphone portable, on se demandera comment on faisait avant. »


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