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En explorant la face cachée de la lune, la Chine affirme ses ambitions spatiales

La Chine fête la nouvelle année avec un exploit digne de ses ambitions. En envoyant une sonde sur la face cachée de la lune, elle signe une première dans l’histoire de l’exploration spatiale !

Pendant des décennies, deux pays seulement ont réussi à atterrir sur la Lune : les Etats-Unis et l’Union Soviétique. En 2013, la Chine devenait la troisième puissance à s’y poser avec le petit rover Chang’e-3, première mission à se poser sur la lune depuis la sonde soviétique Luna 24 en 1976 !

Jeudi au petit matin, la sonde Chang’e-4 s’est posée près du cratère Von Karman situé dans le bassin Pôle Sud-Aitken, permettant à Pékin d’« ouvrir un nouveau chapitre dans l’exploration lunaire ». De fait, aucune sonde n’avait jusqu’à présent été envoyée sur ce côté sombre qui tourne sans cesse le dos à la Terre, les deux astres tournant sur eux-mêmes au même rythme. Avec des cris de victoire, Pékin a diffusé hier jeudi matin  une photo de la surface lunaire , relayée grâce au satellite chinois Queqiao placé en orbite lunaire.

Débat sur l’utilité scientifique

On connaît depuis des décennies la topographie de la face cachée de la lune. Mais Chang’e-4 pourra analyser si le sol diffère ou non de la face visible de l’astre, tandis que la mission Chang’e-5 est déjà programmée pour aller chercher et rapporter des échantillons de roches, afin d’en savoir plus sur la géologie du satellite de la Terre. La communauté spatiale a salué cet alunissage, plein de promesses, bien que l’utilité scientifique de la mission fasse débat.

« La communauté française et européenne n’a pas fait de l’exploration lunaire sa priorité, préférant l’étude des astres plus lointains, mais l’exploit accompli par la Chine ne doit pas être minimisé : dans l’espace, tout est performance et on apprend toujours des choses », commente Michel Viso au CNES. En arpentant le cratère le plus ancien et le plus profond de la lune, la Chine peut apporter sa pierre dans la connaissance de l’origine et de l’évolution du satellite de la Terre.

VIDEO. Les premières images de la face cachée de la Lune

Logique de puissance

Néanmoins, cette conquête s’inscrit dans une ambition beaucoup plus vaste. Le  programme spatial chinois met les bouchées doubles. Maîtrise des vols habités, envoi de taïkonautes sur la Lune, lancement d’une station spatiale puis d’un rover martien, la Chine dépense sans compter pour parcourir et bientôt dépasser le chemin accompli par les Américains et les Russes. Rappelons que Pékin dépense désormais davantage que l’Europe dans le spatial civil et s’est fixé pour but de devenir dans trente ans la première puissance spatiale mondiale.

L’an dernier, elle a lancé  19 satellites de géolocalisation, lui permettant de mettre en oeuvre son propre système de navigation GPS. En novembre, elle a présenté la maquette de son « Palais céleste »,  la station spatiale qu’elle souhaite opérationnelle en 2022 . La Chine joue pour l’instant essentiellement en solo. Chang’e 4 est une mission purement nationale sans apport de l’extérieur. Pékin promet une station spatiale 100 % made in China, même si elle invite « tous les pays » à venir y mener des expériences scientifiques.

Avec Chang’e 4, le gouvernement montre au monde entier qu’il maîtrise les compétences nécessaires à la conquête de l’espace. Pour l’heure, la Chine ne parle que de programmes pacifiques. Reste à voir si cette conquête de l’espace répond à des ambitions nationalistes et militaires ou symbolise une volonté de partage avec la communauté scientifique internationale. La manière dont la Chine transmettra les informations recueillies par Chang’e 4 sera décisive pour prouver les intentions pacifiques de Pékin.


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