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Covid : Castex ouvre le débat sur une obligation vaccinale large

Publié le 1 juil. 2021 à 12:41Mis à jour le 2 juil. 2021 à 10:41

Des paroles aux actes. Le gouvernement, qui s’est déjà ému publiquement de la faiblesse de la vaccination des soignants (moins de 60 %), prépare un projet de loi pour les pousser à se faire vacciner contre le Covid, selon « Le Parisien ». La piste principale est celle de l’obligation vaccinale. Le texte pourrait aussi habiliter le gouvernement à étendre cette obligation à d’autres professions exposées.

Le Premier ministre, qui vise un consensus politique, a envoyé un courrier aux élus pour les sonder. Concernant les soignants, « je souhaite que le débat sur l’obligation vaccinale puisse être posé, écrit-il. Vous voudrez bien m’indiquer également si vous estimez que cette obligation mériterait d’être étendue plus largement. »

Matignon veut être prêt à dégainer en septembre, voire en juillet. D’autres mesures pourraient être inscrites dans ce texte, et sont évoquées dans le courrier aux élus. Par exemple, le pass sanitaire pourrait être imposé avec des jauges plus réduites. Et la quarantaine pour les arrivées de pays à risque être rendue plus stricte.

Prévenir la quatrième vague

Jean Castex se déclare ouvert aux propositions des élus, et attend leur retour « d’ici au mardi 6 juillet prochain ». Ce sont en effet les semaines à venir qui détermineront l’importance de la nouvelle vague de Covid de la rentrée. La mission d’information sénatoriale en charge de l’évaluation des mesures de lutte contre l’épidémie en est persuadée. Son président Bernard Jomier a demandé jeudi au gouvernement de prendre une décision « d’ici à la mi-juillet » sur une éventuelle obligation vaccinale pour la plupart des adultes.

« La question de l’obligation vaccinale est légitime pour les soignants, mais même s’ils sont vaccinés à 100 %, on n’évitera pas une quatrième vague », prévient Bernard Jomier. Dans leur rapport, les sénateurs proposent donc d’aller plus loin et d’envisager la vaccination des adultes de 24 à 59 ans. Le Sénat va saisir pour avis le Haut Conseil de santé publique. Et Bernard Jomier a écrit au Premier ministre, Jean Castex, afin de lui demander de réunir la Conférence nationale de santé.

L’opinion penche dans le même sens : 58 % des Français se disent favorables à la vaccination obligatoire contre le Covid pour l’ensemble de la population, selon un sondage Odoxa-Backbone Consulting pour Franceinfo et « Le Figaro ». Et 72 % veulent au moins l’imposer aux soignants.

De manière générale, les Français se sont convertis au vaccin, 81 % déclarant être déjà vaccinés ou souhaiter le faire, soit un doublement de l’adhésion depuis décembre. Le fait que plus de six Français sur dix jugent désormais la campagne vaccinale « efficace » et « menée à un bon rythme », n’est sans doute pas étranger à ce retournement.

Le débat a pris une tournure étonnante

Depuis le début de la campagne vaccinale, Emmanuel Macron et son Premier ministre ont cherché l’apaisement et évité d’ouvrir un front avec les « antivax » en répétant que la vaccination contre le Covid ne serait pas obligatoire.

Mais Bernard Jomier juge que « le débat a pris une tournure étonnante ». Il rappelle que le Parlement a étendu l’obligation vaccinale des nourrissons à 8 nouveaux vaccins en 2018 « pour mettre fin à quelques centaines, voire quelques dizaines de formes graves chaque année ». Pourquoi reculer face à un virus qui a déjà tué 111.000 Français, sans compter les dégâts économiques et sociaux ?

De plus, l’étude commandée par la mission et rendue publique cette semaine montre qu’une quatrième vague est probable d’ici deux à trois mois, avec ou sans variant Delta, car l’immunité collective ne sera pas atteinte faute de vaccination. « L’hypothèse moyenne, c’est qu’elle provoquera un afflux dans les hôpitaux comparable à l’automne dernier, pas une vague de cas bénins chez des jeunes en bonne santé », pointe Bernard Jomier, qui demande des mesures rapides pour « transformer la vague en vaguelette ».

Vacciner dans les collèges et lycées

Pourquoi rendre la vaccination obligatoire pour cette classe d’âge intermédiaire ? Parce qu’elle est « très contributrice à la circulation du virus » et insuffisamment vaccinée, répond Bernard Jomier. Ce médecin ne se fait pas d’illusion sur l’obligation vaccinale : chez les nourrissons, elle n’a permis de gagner que quelques points de pourcentage. Les jeunes de 18-24 ans ne sont pas visés, vu l’enthousiasme dont ils ont fait preuve lorsqu’ils sont devenus éligibles.

Quant aux adolescents de 12 à 17 ans, éligibles à la vaccination depuis le 15 juin, la mission ne recommande pas l’obligation vaccinale. Cela n’empêche pas de développer les incitations. Bernard Jomier demande « que les services de santé scolaire vaccinent les adolescents à la rentrée », dans les collèges et les lycées, comme le recommandait le président du Conseil d’orientation de la stratégie vaccinale, Alain Fischer .

Par ailleurs, il souhaite que le gouvernement « ne mise pas tout sur la vaccination », et « que le ministre de l’Education nationale cesse sa politique parcellaire, aléatoire, incompréhensible » et mette en place dans les écoles un dépistage systématique, hebdomadaire voire deux fois par semaine, par test salivaire.


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