Economie

Après plus de vingt ans de procédures, le clap de fin du dossier Sabena attendu pour 2024

Le règlement de la faillite de la Sabena, avec la vente de toutes sortes d’actifs, a rapporté plus d’un milliard d’euros en vingt ans. « Dix fois plus que ce que l’on pensait initialement », selon le curateur Christian Van Buggenhout, qui espère pouvoir clore l’ensemble du dossier en 2024 après qu’une solution a été trouvée pour l’hôtel Memling, construit par la Sabena à Kinshasa, capitale de la République démocratique du Congo. M. Van Buggenhout alors fraîchement nommé curateur après la faillite de Sabena, avait refusé de vendre rapidement les actifs pour environ 100 millions d’euros. « Pourquoi se débarrasser de tout à des prix dérisoires ? », avait-il défendu, choisissant plutôt de les « gérer », à savoir les rafistoler afin d’en tirer un meilleur prix par la suite et de pouvoir rembourser davantage les créanciers.

C’est ce qui s’est passé avec, par exemple, la division de maintenance des avions de Sabena Technics. « Nous ne l’avons pas laissée partir en liquidation tout de suite, mais nous l’avons d’abord redressée », explique M. Van Buggenhout. Puis, en 2005, Sabena Technics a été vendue au groupe français TAT. Et une série de moteurs d’avion de remplacement qui étaient encore là ont d’abord été loués avant d’être finalement vendus. « Cela a d’abord rapporté 50 millions d’euros, puis encore 15 millions. »

L’hôtel Memling, le dernier grand chantier

La fin de la réduction des actifs est donc en vue. Il reste principalement des biens immobiliers en République démocratique du Congo, avec le plus remarquable d’entre eux, l’hôtel Memling comportant 180 chambres à Kinshasa, que la Sabena a fait construire en 1937. M. Van Buggenhout est à la tête de l’hôtel depuis deux ans maintenant. « Le sens du devoir », comme il l’appelle. « Vous ne pouvez pas partir quand les choses se compliquent. » Il a eu la chance d’être sur place juste avant le déclenchement de la pandémie de coronavirus, sinon cela aurait mal fini selon lui. « Mais l’hôtel fonctionne bien maintenant. »

Et il y aurait un accord pour la vente de l’hôtel. « Nous sommes bien avancés avec les investisseurs locaux », affirme M. Van Buggenhout, qui ne peut pas divulguer le prix convenu mais qui précise qu’un acompte a déjà été versé. « Nous avons élaboré une solution très créative, où nous partagerons le risque », ajoute le curateur, qui continuerait à gérer lui-même l’hôtel pendant encore un an au maximum, la vente devant être entièrement réalisée endéans les deux ans.

Pour la vente des autres propriétés de la Sabena, M. Van Buggenhout vise l’année 2024 au plus tard, date à laquelle les dernières procédures judiciaires devraient également prendre fin. Il y en a eu d’innombrables, qui ont souvent traîné pendant des années. Trois procédures sont encore en cours devant la Cour de cassation, selon le curateur.

Ce dernier n’est pas surpris par la durée du règlement de la plus grande faillite de l’histoire belge et rappelle que pour le Boelwerf – le chantier naval sur l’Escaut à Temse qui a fait faillite dans les années 1990 – il a également fallu vingt ans.

En regardant les années passées, Christian Van Buggenhout parle d’une « passion ». « Tout ce que vous avez appris en quarante ans dans cette profession, vous pouvez l’appliquer à ce cas », dit-il. « Il y a aussi des risques à prendre, comme pour tous les entrepreneurs. Mais vous le faites prudemment, par petites étapes. Et il faut avoir un peu de chance », conclut le curateur.