Economie

Pénuries : Le krach des noisettes turques empoisonne Nutella

La nouvelle risque de faire des déçus. Les tartines (ou les cuillerées) de Nutella pourraient bientôt se faire rares et hors de prix. En ce mois de décembre, les stocks de pâte à tartiner s’amenuisent. La raison : la Turquie, premier producteur mondial de noisettes – ingrédient indispensable de la pâte à tartiner –, s’enfonce dans une crise économique.

La faute à la gestion économique de Recep Tayyip Erdogan. Il y a un an, le chef de l’Etat turc a décidé de mener une politique de relance en réduisant les taux d’intérêt et en ouvrant les vannes à des crédits peu chers. Son pari : abaisser la livre, sa monnaie nationale, et ainsi favoriser les échanges internationaux. Cela a fonctionné un temps, les exportations se sont envolées. Mais le prix des importations aussi. Ainsi depuis plusieurs mois, l’inflation galopante touche le pays. Celle-ci a augmenté de 21 % en un an et la tendance s’étant encore accélérée ces trois derniers mois : rien que pour le seul mois de novembre, elle a de nouveau subi une hausse de 21 %.

Sa monnaie nationale a perdu la moitié de sa valeur en un an et les agriculteurs ne parviennent plus à acheter ni semences ni engrais, qui coûtent trois fois plus cher que l’an dernier. De 215 dollars la tonne d’engrais en 2020, son coût est passé à 650 dollars cette année. Ajoutons à cela l’augmentation du prix de l’essence et de l’énergie. Les Turcs n’ont plus aujourd’hui accès aux produits de première nécessité. Pain, médicaments et huile de tournesol manquent en priorité. Et les noisettes, donc.

70 % de la consommation mondiale

En temps normal, le secteur de la noisette emploie 76 000 nuciculteurs et 4 millions de personnes au total en Turquie, « dans des conditions de travail de traçabilité souvent discutables », souligne France Info. Et fournit 70 % de la consommation mondiale, selon les chiffres du Wall Street Journal.

Ainsi la crise dépasse désormais les frontières de la Turquie. Toute la chaîne d’approvisionnement mondiale du Nutella en pâtit. La pâte à tartiner risque de voir ses prix s’envoler dans les prochains mois. L’hécatombe ne s’arrête pas là. C’est tout le secteur de la noisette qui bat de l’aile. Ferrero, groupe détenant Nutella, donc, qui achète environ un tiers de ses noisettes en Turquie, mais aussi Nestlé-Godiva. Turgan Zülfikar, consultant new-yorkais spécialisé dans les entreprises turques, suggère dans les colonnes du Wall Street Journal :« Si vous êtes fan de Nutella, vous devriez en faire des stocks la prochaine fois que vous allez faire des courses. »