Economie

Dubaï, le nouvel eldorado des oligarques russes sanctionnés par les pays occidentaux

A Dubaï, l’argent n’a plus que jamais pas d’odeur. A l’heure où les Russes les plus aisés affluent sous le soleil émirita, les autorités et les institutions financières du pays embrassent plus que jamais la politique du « on ne pose pas de question dont on ne veut pas connaitre la réponse ».

Russes, et alors ?

Les alliés occidentaux (Europe, Etats-Unis, Canada ou encore Japon) gardent depuis le début de la guerre en Ukraine un front uni. Les sanctions économiques continuent de frapper sévèrement les élites russes, contraintes de se replier vers de nouveaux bastions.

L’un d’eux se situe à Dubaï. Le journal The Guardian épingle ainsi une activité soutenue à son aéroport, avec l’arrivée de douzaines de citoyens russes. Certains font d’ailleurs partie des grandes fortunes du pays, voire du cercle restreint des proches du président Poutine. A l’heure où le Russe est boudé à tous niveaux, cet accueil attire ainsi les portefeuilles les plus épaisde Russie, qui cherchent à retrouver des ports d’attache. Et depuis bien longtemps, Dubaï a toujours ouvert la porte aux espèces sonnantes et trébuchantes, peu importe leur origine.

Ainsi, « les banquiers, les agents immobiliers, les vendeurs de voitures et ports de plaisance enregistrent une demande extraordinairement élevée en maisons, voitures de luxe, zones d’amarrage », précise encore le journal britannique, à la suite de l’arrivée des oligarques aux Emirats, qui adoptent une politique différente vis-à-vis de la Russie.

« Un très grand nombre d’investisseurs achètent des unités. Même pour des locations, nous avons eu une quantité énorme d’appels. Ils transfèrent les fonds en cryptomonnaies. Des intermédiaires se chargent de ces opérations pour eux, et l’argent est ensuite transmis aux propriétaires », détaillait à cet effet Alan Pinto, consultant pour Espace Real Estate à la Dubai Marina.

Le (futur ex-)propriétaire du club de Chelsea, Roman Abramovich, serait également à la recherche d’un nouveau port d’attache. L’un de ses jets a réalisé des visites régulières à l’aéroport, tout comme un yacht.

Des relations compliquées avec les Etats-Unis

Bref, les mouvements (tant de biens que de capitaux) entre les deux pays conservent un rythme soutenu. En mars, le Groupe d’action financière (GAFI) a placé les Emirats sur sa « liste grise », signifiant que la provenance d’une partie de ses capitaux était opaque. Une décision qui n’a pas apporté de changement dans l’approche d’un pays qui « pose peu de questions ».

Ainsi, un permis de séjour et un compte en banque peuvent être obtenus dans les 30 jours après l’enregistrement d’une entreprise sur le sol émirati. Quant à la nationalité, elle peut aisément s’obtenir contre un chèque de 1,5 million de dollars…

Cette position sur le plan international des Emirats arabes unis vient compliquer une relation difficile avec les Etats-Unis. Si Joe Biden s’est montré distant, la Chine et la Russie étaient bien plus volontaires à l’idée d’un partenariat stratégique avec les Emirats. Les hautes sphères gouvernementales ont ainsi été particulièrement vexées de l’absence de coup de téléphone du président Biden après des attaques de drones sur Abu Dhabi, qui avaient causé la mort de trois personnes et de sérieux dégâts à des infrastructures pétrolières.