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GiedRé, l’humour pour tous

Pour son 11e disque intitulé « C.R.A.P », GiedRé troque sa guitare contre un piano. © Pierre Ponce

Onze ans après Mon premier disque, GiedRé, la plus Française des chanteuses et auteures compositrices lituaniennes, troque malicieusement sa guitare contre un piano sur son 11e album, C.R.A.P Chansons romantiques au piano. Toujours aussi taquine et atypique, elle livre un disque rafraîchissant et mutin.

RFI Musique : Qu’est-ce-qui vous a donné envie de composer tout un disque au piano ?
GiédRé : J’ai appris le piano au Conservatoire, comme beaucoup d’enfants un peu obligés par leurs parents qui n’avaient pas pu en faire eux-mêmes. Et à l’adolescence, comme je voulais être cool, je l’avais remplacé par la guitare. Après avoir arrêté pendant quinze ans, je ne savais pas si je pourrais sortir de mes petites mélodies très simples à la guitare. C’était un défi. Les harmonies sont très différentes au piano. J’ai composé une chanson et comme le résultat m’a plu et étonnée, j’ai continué !

Vouliez-vous désacraliser l’idée que le piano est un instrument sérieux ?
Il y a mille façons d’en jouer et je n’ai pas la prétention d’innover. Ce qui me plaisait, c’était de jouer avec l’image du piano, ses représentations comme le piano à queue, Chopin, etc. Et j’ai découvert que l’on peut aller ailleurs en restant soi-même, c’est un coup de frais agréable pour moi.

Plusieurs chansons s’en prennent à la misogynie. Quel féminisme prônez-vous à travers elles ?
C’est difficile de répondre, car ce n’est pas si conscientisé chez moi. Les thèmes dont je parle me touchent beaucoup. C’est un féminisme « de bon sens », qui va, hélas, de soi et qui commence dès la maternelle quand les petits garçons soulèvent les jupes des filles.

Oui, mais vous allez quand même loin ! Comme dans Tu as une bite où vous vous moquez avec une ironie féroce du rapport des hommes à la taille de leur sexe…
Ah oui ! C’est plus facile d’en rire que d’en pleurer. Tous ces sexes d’hommes dessinés sur les tables, gravés partout jusque sur les murs des ascenseurs, c’est si grotesque ! Peut-être faut-il que les femmes disent toutes aux hommes « Bravo ! » pour qu’on passe enfin à autre chose.

Pourquoi abordez-vous toujours des thèmes sérieux (écologie, féminisme, misogynie, consumérisme) avec humour ?
Déjà, comme je n’ai aucune réponse à ces questions, cela me met à ma place (Rires). Je n’aime pas les donneurs de leçon. Alors, je ne vais pas en donner moi-même. Et je trouve que l’humour instaure une distance qui permet d’avoir une vision plus claire. Comme le dirait Didier Super « Mieux vaut en rire que s’en foutre ». L’humour rend les thèmes graves accessibles. C’est populaire, ça désacralise beaucoup.

Mais vos paroles étant parfois très crues, n’avez-vous jamais peur que cela mette mal à l’aise au point de provoquer le rejet ou d’occulter votre message ?
Si bien sûr ! Cela serait dommage. J’essaie de m’en éloigner en disant que je fais de la chanson et pas un travail d’humoriste. Mais, c’est évident que pour certains je suis la fille qui chante sur les « prouts ». Ce n’est pas la majorité de mon public heureusement. Mais si ça les fait rire, c’est très bien, ils sont les bienvenus aussi ! (Rires)

Vous êtes en autoproduction depuis vos débuts. Pourtant, on trouve vos disques dans le commerce, vous en sortez un chaque année et vous donnez en moyenne 150 concerts par an !  Comment expliquez-vous ce succès ?
C’est lié à cela je crois. Quand on s’autoproduit, on est sur tous les fronts de façon très carrée. Comme il n’y a pas 18 intermédiaires entre nous et les gens qui nous écoutent, on est forcément plus proches. C’est un peu comme les tomates qu’on achète au producteur qu’on connaît, c’est le circuit direct du producteur au consommateur (Rires) !

Votre public a-t-il changé en dix ans ?
Oui, il a vieilli ! (Rires) Moi aussi, c’est chouette, comme ça plus tard, on sera grabataires ensemble ! Sinon, c’est toujours aussi mélangé, j’ai toujours de vieux profs d’université qui ont des pellicules sur leurs pulls, des jeunes très cool, des fans de metal et des mamies qui pourraient très bien me raconter tout ce que je chante pour l’avoir vécu.

Votre humour est-il plutôt lituanien ou français ?
Oh ! ce sont deux cultures si différentes et l’humour est si inhérent à la culture d’un pays ! Dans l’Histoire de France, il y a une vraie tradition et une vraie place pour l’humour. En Lituanie, c’est très différent. Par exemple, les gros mots n’existent pas en lituanien. On est obligés de les dire en russe ! Mes chansons là-bas dureraient vingt secondes. Vous imaginez ? Cela serait le chômage pour moi ! (Rires)

GiédRé C.R.A.P Chansons romantiques au piano (Autoproduction) 2021

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