Ile-de-France

Barbara Pravi : « Achères me VOILÀ »

Représentante française lors du concours de l’Eurovision 2021, Barbara Pravi sera sur la scène du Sax le 9 octobre. Étoile filante, tragédienne, forte-tête : les adjectifs se suivent, ne ressemblent pas et … tant mieux ! La jeune chanteuse de 28 ans a accepté de répondre aux questions d’ACHÈRES MAG et revient sur son parcours avec sincérité et émotion. 

Quel regard portez-vous sur l’Eurovision et considérez-vous votre 2e place comme une victoire ? C’est très français de ne pas se rendre compte – qu’évidemment – il s’agit d’une victoire ! Moi dans ma vie, je n’ai jamais été sur un podium . J’avais 4 de moyenne à l’école. Il faut recontextualiser : c’est le plus  grand concours de chant au monde. Je suis extrêmement fière. D’ailleurs, tout le monde vous le dira, je ne voulais pas être première… (sourire)

 En quelques mois, vous avez accédé au statut d’artiste internationale. Comment le vivez-vous ? Au quotidien, je ne m’en rends pas compte. Ce qui est fou, c’est quand je regarde mes tournée à venir en Grande-Bretagne, en Allemagne ou en Pologne… Je suis une chanteuse française, je chante en français : c’est une opportunité que je n’aurais jamais pensé pouvoir avoir un jour. Mais je suis lucide, ça ne reste que quelques dates à l’international. « L’effet Eurovision » peut disparaître comme il est venu. Maintenant, je dois transformer l’essai.

Le public français vous aime. Est-ce important de vous produire dans des villes de taille moyenne comme Achères ? Oui, c’est très important pour moi d’être accessible et d’aller vers les gens. Il y a du public et des gens à rendre heureux partout. Dans des petites, des moyennes et des grandes villes. J’ai envie de dire au public qu’au-delà des messages un peu sérieux que j’essaye de partager avec lui, il y a beaucoup de joie et d’humour dans mes concerts. Je suis quelqu’un de joyeux et ça se voit sur scène. 

L’industrie musicale a-t-elle voulu vous mettre dans un moule ? C’est une question de business. Le milieu de la musique n’épargne ni les hommes ni les femmes. Mais c’est vrai que les labels sont dirigés à 90% par des hommes : les chanteuses sont donc jugées par des regards masculins, avec tout ce que cela implique. L’industrie musicale n’est que le reflet de notre société où une femme doit se poser plus de questions qu’un homme, doit être jolie, doit être ceci, doit faire cela… La chance que j’ai, c’est d’avoir hérité d’une grande force de caractère. Cela m’a permis de refuser les concessions et d’arriver à trouver une liberté absolue avec les gens qui aujourd’hui m’accompagnent professionnellement.

« On n’enferme pas les oiseaux » : le titre de votre album vous ressemble-t-il ? Ce titre fait référence à mon besoin de liberté dans la création mais aussi dans la vie. Il ne faut pas se mettre de barrières ou s’enfermer soi-même dans ses propres concepts. Être libre ne signifie pas vouloir à tout prix casser les codes. Je suis très à l’écoute de ce qu’on me dit et je me nourris aussi de cela. Dans cet album, j’ai mis beaucoup de moi : c’est un acte de générosité.  

Dans vos chansons « je », c’est vous ? Oui. Pour l’instant, je ne sais pas écrire sur d’autres choses que celles que connais ou ressens. Mes émotions , mes larmes, mes rires, ma vie…

D’où vous vient ce talent de l’écriture et du mot « juste » ? J’ai toujours aimé écrire et pendant mon enfance, j’ai longtemps tenu un journal intime. Mais j’ai surtout énormément lu. Je crois que c’est la curiosité qui nourrit l’écriture.

Quand vous interprétez la chanson « Voilà », on a l’impression que vous la revivez à chaque fois. Vous confirmez ? Non seulement je la revis, mais je la revis de façon différente à chaque fois. Les paroles de cette chanson ont quelque chose de magique : elles se transforment à l’infini, au gré de ma vie et de ses bouleversements. Quand j’ai chanté pour la 1ere fois les paroles « Ne partez pas, restez longtemps », j’étais encore une inconnue. Aujourd’hui quand je chante ces mots, je m’adresse au public qui me soutient. Rien qu’en les prononçant, j’ai des frissons…

Vos conseils à celles qui voudraient marcher sur vos traces ? Toujours rester en accord avec ce qu’on est et ne rien regretter. Je crois que lorsque l’on est sincère avec soi-même, on l’est aussi avec ce que qu’on fabrique. Et du coup, ça fonctionne ! Quand je me retourne dans le rétro, je ne regrette rien. Ça ne veut pas dire que tout ce que j’ai fait était bien, ni même juste. Cela veut seulement dire, qu’à chaque fois, j’y ai mis toute mon âme.  


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Author: Service communication