Ile-de-France

Around the (new) world with Nicolas Ledoux (Arcadis)

C’est en lisant Soon, dit-il, la BD de Benjamin Adam (Dargaud), qui décrit un monde post-catastrophe climatique, où la moitié de l’humanité a disparu, et où 75 % de la surface de la planète a été sanctuarisée en réserve naturelle, que Nicolas Ledoux a eu le déclic. « J’ai pris une claque », résume le consultant, ancien directeur d’Algoé, l’assistant à maîtrise d’ouvrage de Paris ou de la Métropole pour leurs appels à projets d’urbanisme innovants, qui dirige désormais Arcadis, un des majors de l’ingénierie urbaine.

“En constatant le nombre de Parisiens qui déclaraient souhaiter quitter Paris au plus fort de la pandémie, je me suis dis que l’on avait sans doute raté quelque chose », poursuit-il, avec le débit rapide et l’alacrité dont il ne se défait jamais. D’où l’idée de consacrer un livre au renouveau urbain, aux solutions glanées aux quatre coins du monte pour réenchanter l’urbain.

« On peut reconstruire une ville désirable », considère Nicolas Ledoux, qui espère que cet ouvrage richement illustré par le même Benjamin Adam, très pédagogique, destiné à un public de non-expert, pourra y contribuer.

Nicolas Ledoux, président d’Arcadis France. © Jgp

Nicolas Ledoux figurait parmi les personnalités invitées à débattre avec François Hollande, lors de la séance inaugurale du Mipim, le 15 mars 2022, à Cannes. © Jgp

Le président d’Arcadis France, qui conseille la ville de Paris pour la transformation de la Porte de la Chapelle, puise maints exemples de bonnes pratiques dans le Grand Paris. S’il cite les forêts urbaines de Barcelone, ou celle de Rio de Janeiro, pour illustrer l’intérêt de tels projets, – dont le principal obstacle, indique-t-il, est plus financier que technique-, les cours oasis, ou la végétalisation /débitumation des rues parisiennes figurent en bonne place parmi les initiatives mises en avant par l’auteur. qui a demandé à Emmanuel Grégoire, 1er adjoint d’Anne Hidalgo, de rédiger la postface de l’ouvrage.

De Nicolas Ferrand, directeur général de la Solidéo à Jean-François Monteils, président du directoire de la Société du Grand Paris, de Nicolas Détrie, fondateur de Yes We Camp à Raphaël Ménard, le président de l’agence d’architecture d’Arep, sans oublier Thierry Lajoie, directeur général de la stratégie de Quartus, Jean-Louis Missika, ancien adjoint à l’urbanisme de Paris ou Marion Waller, conseillère de la maire de Paris, les remerciements de l’auteur à ses inspirateurs ont des allures de Who’s who de la fabrique du Grand Paris.

Mais l’ouvrage, divisé en quatre grandes parties, (la nature en ville, la ville bienveillante, la ville fluide et la ville frugale) est résolument mondial. On voyage, ainsi, de Montréal où le nombre de ruelles vertes ne cesse de croître à Séoul, « où la rivière Cheonggyecheon est une véritable oasis de verdure au milieu des buildings », de la promenade linéaire du high line Park de Manhattan, à Copenhague, « qui compte plus de cyclistes que d’automobilistes »  en passant par la gare Saint-Denis Pleyel, futur hub majeur du Grand Paris express.

Revoir les systèmes financiers de la fabrique de la ville

Nicolas Ledoux est intarissable sur les voies et moyens de guérir nos villes, et sur l’urgence d’accélérer les changements de pratiques. « Les études ont montré que les patients atteints des mêmes pathologies guérissaient plus vite si leur chambre était dotée d’une vue sur la nature », reprend-il. « Une ferme verticale, à la place d’un bloc urbain de 30 étages, peut alimenter 10 000 personnes », indique-t-il, citant le micro-biologiste Dickson Despommier.

La ville du ¼ d’heure, à la fois bienveillante et servicielle, dotée d’un ensemble d’aménités présentées comme des compensations rendant acceptable la densité, fait également l’objet d’un chapitre de cet ouvrage enthousiasmant, qui enjoint chacun d’entre nous à prendre le destin de son quartier en main.

Nicolas Ledoux cite en exemple la Tour des Poissonniers, porte de la Chapelle, en cours de rénovation par Paris Habitat, sur un plan de l’AUC de Djamel Klouche, future « tour augmentée », largement en bois à laquelle ont été ajoutés des loggias ainsi que des socles actifs et qui a bénéficié d’une complète rénovation thermique.

Essor du nomadisme

L’impact de l’essor du nomadisme et du télétravail sur la mobilité est analysé, le consultant invitant à une réflexion sur la nécessité d’accompagner, dans le Grand Paris, la construction du réseau du Grand Paris express d’un maillage fin de mobilités douces, de transports à la demande, pour maximiser l’impact vertueux du métro automatique.

La construction bas-carbone, l’architecture frugale, ou l’intérêt du réemploi font également l’objet de plusieurs chapitres, Nicolas Ledoux défendant l’idée d’une prise en compte des nombreuses externalités négatives du béton pour en réduire l’intérêt relatif par rapport aux autres matériaux, à l’empreinte carbone largement inférieure mais à la mise en œuvre moins facile. « Bois, chanvre, paille, terre crue, béton de terre, les matériaux et les process sont là », fait-il valoir.

Réinventer la ville, de Nicolas Ledoux, dessin de Benjamin Adam, Ed. Le cherche midi, 128 pages – 24 €

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Author: Jacques Paquier