Ile-de-France

Législatives : Le maintien de Lamia El Aaraje à Paris pimente la campagne

Ce sera l’un des duels les plus regardés des prochaines élections législatives. Dans la 15e circonscription de Paris, (est du 20e), Lamia El Aaraje (PS), élue députée en juin 2021, a décidé, en effet, de maintenir sa candidature face à Danielle Simonnet, investie par la Nouvelle union populaire écologique et sociale (Nupes). Alors que la Nupes a investi les députés sortants des formations qui la composent, LFI a estimé, en effet, que l’élection de Lamia El Aaraje ayant été annulée, en raison d’un candidat se réclamant faussement de LREM, et aucune nouvelle élection n’ayant été organisée depuis, la socialiste ne devait pas être considérée comme sortante.

Lamia El Aaraje, en campagne porte de Montreuil. © Jgp

Avec Lionel Jospin et David Assouline, sénateur PS du XXe, venus la soutenir © Jgp

Les deux femmes se sont déjà affrontées lors du 2e tour de la législative partielle de juin 2021, provoquée par la nomination de George Pau-Langevin au poste d’adjointe à la défenseure des droits. Lamia El Aaraje l’avait alors emporté avec 1500 voix d’avance, soit 14 points. Et cette docteure en pharmacie, franco-marocaine, arrivée en France à l’âge de 17 ans, d’une redoutable énergie, entend bien renouveler ce score. La jeune élue affiche sur les marchés du 20e un grand professionnalisme, accordant à quiconque la sollicite de longs entretiens. Ce samedi matin-là, Porte de Montreuil, elle embrasse une jeune française d’origine ivoirienne, pour laquelle est s’est battue afin d’obtenir son rapatriement, alors qu’elle était retenue en Afrique où elle ne pouvait être soignée dans de bonnes conditions. Puis elle prodigue ses conseils administratifs à une retraitée qui ne parvient pas à faire valoir ses droits auprès de la CAF. « Danielle Simonnet s’est présentée deux fois dans la 6° circonscription de Paris (ouest du 20e), elle a perdu deux fois, souligne la candidate socialiste. Elle a donc décidé de tenter sa chance dans la 15e, en 2021, où elle a perdu de nouveau. J’ai le soutien du PS, qui a dénoncé cette investiture », poursuit cette jeune mère de famille, que Lionel Jospin est venu accompagner, samedi 21 mai pour la deuxième fois, sur les marchés du 20e.

« Il s’agit de savoir quelle gauche on choisit »

« Ici, la question ne se pose pas entre la gauche et la droite. Il s’agit de savoir quelle gauche on choisit », reprend Lamia El Aaraje, qui fait valoir son travail à l’Assemblée nationale pour « l’égalité réelle », ou le « pouvoir de vivre ». « Ma priorité, c’est de réaffirmer les valeurs républicaines, au premier rang desquelles figure le vivre ensemble, quelles que soient ses origines, sa couleur de peau : la seule communauté, c’est la République », déclare celle qui entend « combattre toutes les formes d’assignations sociales », et promouvoir une conception de la laïcité « qui consiste à permettre à chacun de pouvoir pratiquer sa religion dans le respect et la sécurité ». « Je suis scandalisée par les débats actuels autour du burkini. Ici, dans le 20e, de nombreux enfants parviennent à l’âge de 15 ans sans savoir nager. Parce qu’ils n’ont jamais eu l’occasion de partir en vacances pour apprendre, et parce qu’il manque des piscines », dit la conseillère de Paris, qui souhaite qu’une 4e piscine soit construite dans le 20e, rue de Lagny.

Lamia El Aaraje se félicite de la requalification des portes de Bagnolet, ou de Montreuil, citant les quelque 160 logements en baux réels solidaires (BRS), qui seront prochainement mis en location à des prix très inférieurs au marché.

A l’Assemblée nationale, elle illustre son activité en citant cinq questions au gouvernement en huit mois, ou la visite d’une maison d’arrêt à Limoges, présentant un taux d’occupation de 190%, avec trois détenus dans des cellules de 7m2, qui la conduisit à écrire à Dominique Simonnot, la contrôleure générale des lieux de privation de liberté, qui la recevra aussitôt.

« Maltraitance sociale et inaction climatique »

« Je sens sur le terrain un grand espoir né des résultats obtenus par LFI lors de la présidentielle », souligne Danielle Simonnet, qui a sillonné elle aussi les marchés de la 15e circonscription de Paris ce week-end. « Les gens sont très en colère de la victoire de Macron, et très en colère de la composition du nouveau gouvernement, qui va poursuivre et accentuer la maltraitance sociale et l’inaction climatique. Les nouveaux soutiens affluent, je découvre de nouveaux militants chaque jour », poursuit la candidate investie par la Nupes. Qui affirme également bénéficier d’un très fort ancrage local, avec le soutien du PC, des Verts, de Génération(s) et du Nouveau parti anticapitaliste (NPA). « Je peux comprendre que cela est difficile à accepter pour elle, dit Danielle Simonnet à l’adresse de Lamia El Aaraje. Mais partout en France les candidats ont joué le jeu, face à des enjeux nationaux plus grands que le poste de chacun ».

Danielle Simonnet. © Jgp

« Mais je crois comprendre que Lamia El Aaraje a des difficultés avec l’idée même de la large union promue par Jean-Luc Mélenchon », ajoute l’élue de Paris. Pour Danielle Simonnet, qui déplore que cette compétence ne dispose pas d’un ministère dédié, le logement, notamment social, sera la priorité, sans densification excessive, mais en promouvant l’écoconstruction et les matériaux biosourcés. L’élue insoumise propose la création d’une police du logement, ou l’attribution aux collectivités locales de prérogatives renforcées, afin qu’elles fassent respecter un encadrement des loyers que l’élus souhaite voir accentuer. « L’État tire des bénéfices de la spéculation immobilière qui représentent des montants plus élevés que ce qu’il dépense pour le logement social. Il faut inverser cette logique », martèle-t-elle. L’égalité femmes / hommes figure parmi les combats qu’entend mener Danielle Simonnet à l’Assemblée.

Une bataille médiatique « totalement déplacée »

« La bataille médiatique que se livrent Danielle Simonnet et Lamia El Aaraje est totalement déplacée, au regard des préoccupations des habitants », juge François-Marie Didier. Le conseiller de Paris (groupe Changer Paris), rappelle qu’il est monté en première ligne face au projet de la municipalité d’ouvrir une salle de consommation à moindre risque (SCMR), plus connue sous le nom de salle de shoot, dans le quartier de Pelleport. « Si je suis élu député, je changerais la loi pour que l’on préfère à ces structures inadaptées des structures médicalisées, afin d’ accompagner leurs bénéficiaires vers le sevrage », annonce-t-il.

François-Marie Didier, sur le marché Belgrand. © Jgp

« Les habitants ont besoin d’un député qui leur soit utile », poursuit-il, annonçant ses priorités, au premier rang desquelles figurent le pouvoir d’achat ou la sécurité. Cet élu métropolitain préconise un plan de circulation à l’échelle du Grand Paris, et dénonce « une bétonnisation et une densification systématique de la Capitale ». « Mon engagement professionnel au sein d’EDF démontre que je suis un militant de la cause environnementale et écologique, à-même de formuler des propositions concrètes face à la menace climatique », ajoute l’élu, qui annonce vouloir changer le statut de Paris, afin que le maire soit désormais élu au suffrage universel direct, et non au troisième tour.

Mohamad Gassama, investi par Ensemble, siégeait au conseil du XX° sur la liste conduite par l’ancienne maire, Frédérique Calandra, élue en 2008 sur une liste d’Union de la gauche et réélue en 2014. Cet ingénieur commercial, désormais consultant, entend inscrire son action à l’Assemblée dans la lignée de celle du nouveau gouvernement : « on sous-estime la révolution que représente le fait qu’Elisabeth Borne, premier ministre, soit directement chargée de la transition écologique, fait-il valoir. Toutes les politiques vont être construites à l’aune de la transition ».

Mohamad Gassana, en campagne sur le marché Pyrénées Ménilmontant. © Jgp

Mohamad Gassama salue au passage la politique menée par le gouvernement en termes de pouvoir d’achat, citant la mise en place d’un « chèque alimentaire bio » ou l’indexation des pensions de retraite sur l’inflation. Le candidat de la majorité présidentielle souligne également le développement de l’apprentissage, ou le dédoublement des classes en zones d’éducation prioritaire, au nom de la lutte « contre l’assignation sociale », à laquelle il est attaché.


Go to Source
Author: Jacques Paquier