Meteo

Risque de canicule en France cet été?

Pour mieux comprendre le contexte météorologique actuel, rappelons tout d’abord que le printemps que nous venons de connaître en France a été atypique : même si les températures sont restées supérieures aux moyennes saisonnières à l’échelle du pays, le temps a souvent été très pluvieux et orageux. Les régions méridionales ont été défavorisées avec des températures inférieures aux normales et une pluviométrie largement excédentaire, en particulier le sud-ouest. Ce temps pluvio-orageux a eu l’avantage d’arroser copieusement les sols et de remplir les nappes phréatiques, dont les niveaux sont particulièrement hauts pour la saison.

Un changement de configuration météo

A présent, le temps change au niveau européen : en cette semaine du jour de l’été, l’anticyclone des Açores s’étend vers la France et le beau temps revient. Il s’accompagne d’une hausse sensible des températures, qui deviennent chaudes au sud de la Loire, voire même très chaudes en Provence avec des pointes possibles à 35°C. Cela n’a rien d’anormal : on se souvient qu’une véritable vague de chaleur avait concerné la France l’année dernière à la même époque de l’année. Si l’arrivée de la chaleur peut en réjouir plus d’un, elle représente aussi un risque sanitaire et médical avéré pour certains d’entre nous, plus vulnérables. Dans ce contexte, le spectre d’une canicule est-il envisageable cet été ?

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Crédit : La Chaîne Météo

Quand peut-on parler de canicule ?

Rappelons tout d’abord la différence entre « forte chaleur » et canicule, qui réside principalement dans l’intensité de la chaleur. Celle-ci qui doit dépasser d’au moins 5°C les valeurs normales de jour comme de nuit, sur une durée d’au moins 3 jours et 3 nuits consécutives. Cela explique pourquoi des alertes à la canicule sont déclenchées assez rapidement en  été pour de « petits épisodes » qui peuvent être pénibles à supporter, notamment en milieu urbain, mais qui ne sont pas toujours exceptionnels pour autant. De ce fait, on comprend qu’il est difficile de prévoir longtemps à l’avance la nuance entre de fortes chaleurs et la canicule car les paramètres  les définissant se jouent à peu de choses.

Cette semaine, par exemple, une période de fortes chaleurs durables a lieu dans le sud de la France, mais il ne s’agit pas, à proprement parler, d’une canicule, dont les seuils sont clairement définis par département (voir notre infographie). Au nord de la Loire, il s’agira tout au plus d’un pic de chaleur passager.

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Crédit : La Chaîne Météo

Prévisions saisonnières : le scénario météo de l’été

L’anticipation du risque de canicule passe tout d’abord par l’analyse des prévisions saisonnières. Celles de La Chaîne Météo ont été actualisées le 10 juin, comme chaque 10 du mois. Elles laissent apparaître un été globalement standard sur la France, mais présentant une forte nuance entre un mois de juillet assez chaud et un mois d’août possiblement plus frais et humide. Les prévisions saisonnières permettent de prévoir des anomalies de températures et de précipitations par rapport aux moyennes statistiques, mais pas des vagues de chaleur et encore moins les canicules.

Cependant, l’analyse de ces résultats peut permettre d’identifier une période à risque. Ainsi, au vu de la situation anticyclonique qui s’annonce, on peut en déduire que cette dernière décade de juin aura des allures estivales, durablement chaude sur un tiers sud du pays, et plus fluctuante au nord en raison des changements de direction des vents, passant du sud au nord. Dans cette configuration, on peut redouter quand-même des journées très chaudes qui pourraient se prolonger et culminer en première décade de juillet.

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Crédit : La Chaîne Météo

Le mois de juillet sera donc probablement le mois le plus chaud de notre été : sans présenter pour autant un excédent de température très important (de l’ordre de + 0.5°C à +1°C au-dessus des normales),  on ne peut exclure des périodes très chaudes à cette période de l’année où les jours sont très longs et où la chaleur s’accumule sur l’hémisphère nord. C’est ce qui risque de se produire en première décade du mois. Ensuite, nous devrions retrouver la configuration météorologique atypique qui a marqué notre printemps : à savoir des hautes pressions plutôt situées au nord de l’Europe, et de petites dépressions (appelées « gouttes froides », avec de l’air froid au-dessus) à la latitude de la France et de la Méditerranée : cela devrait déclencher assez souvent des orages au sud, limitant ainsi le risque de chaleurs trop durables évoluant en canicule.

Pour la suite, le mois d’août est prévu un peu plus frais que les moyennes  (-0,5°C) avec des précipitations plus abondantes : de ce fait, le risque de canicule serait nul. Mais pour le mois d’août, l’ensemble des modèles saisonniers ne fait pas consensus, certains modèles (notamment le modèles européen et le modèle américain IRI*) envisageant une tendance chaude pendant tout l’été. Il conviendra donc d’actualiser dès que possible notre analyse.

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Crédit : La Chaîne Météo

Des sols trop humides

Outre les prévisions saisonnières, il existe d’autres indicateurs permettant d’anticiper un risque de canicule : l’humidité des sols. Lorsque les sols superficiels sont humides sur de vastes étendues, en particulier sur les pays du pourtour méditerranéen, cela réduit significativement le risque de canicule. En effet, les sols très humides subissent une intense évaporation dès qu’il fait chaud, entraînant la formation de nuages et d’orages, ce qui limite alors la durée d’une vague de chaleur et ont généralement tendance à faire plafonner les températures estivales. A l’inverse, des sols déjà très secs ne peuvent permettre ce processus quand il se met à faire très chaud. Ainsi, les grandes canicules de 2003 en France et de 2010 en Russie avaient été correlées à des sols printaniers déjà très secs.

Cette année, nous sommes dans une configuration où les sols superficiels présentent une humidité exceptionnelle pour la saison, aussi bien en France qu’en péninsule ibérique : cela pourrait diminuer le risque de canicule sur notre pays.

*Modèle européen : ECMWF / Modèle Américain IRI : International Research Institute


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