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Ariane 6 pourrait effectuer son premier vol fin 2023

Si tous les tests d’essai se passent bien, la fusée Ariane 6 devrait décoller au dernier trimestre 2023. Un nouveau report après le précédent dû au Covid.

Source AFP

A Kourou, l'integralite du lanceur a ete assemblee sur son pas de tir du Centre spatial guyanais.
À Kourou, l’intégralité du lanceur a été assemblée sur son pas de tir du Centre spatial guyanais. © JM GUILLON / Arianespace – ESA CNES / AFP

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Le futur se dégage pour Ariane 6. Après plus de deux ans d’incertitude, principalement liée à la pandémie de coronavirus, mais également à l’invasion russe en Ukraine, le vol inaugural du lanceur a enfin été programmé pour le dernier trimestre de 2023, sous réserve que la campagne d’essais se déroule comme prévu. « C’est une date prévue et le programme devra encore réaliser successivement et en temps voulu un certain nombre d’étapes clés pour que ce calendrier reste valide », a affirmé le directeur général de l’Agence spatiale européenne (ESA) Josef Aschbacher lors d’une conférence de presse. Le programme de ce nouveau lanceur destiné à succéder à Ariane 5 et à remplir les missions auparavant effectuées par la fusée russe Soyouz avait été lancé en 2014.

Ces derniers jours, plusieurs jalons ont permis de dégager un peu l’horizon vers le premier vol. À Kourou, l’intégralité du lanceur a été assemblée sur son pas de tir du Centre spatial guyanais. Cet exemplaire ne volera pas, mais vise à tester l’ensemble des interfaces et les bonnes communications entre le lanceur et son pas de tir. Ces essais doivent également permettre de tester les logiciels de vol, ceux des bancs de contrôle, ainsi que les opérations de remplissage et de vidange des réservoirs.

Ces « essais combinés » impliquent aussi la mise à feu du moteur Vulcain de l’étage principal à plusieurs reprises, dont une de plus de 8 minutes correspondant à sa durée d’utilisation en vol.

Tests des moteurs

Parallèlement, sur le site de l’agence spatiale allemande (DLR) à Lampoldshausen, la campagne de tests au sol de l’étage supérieur réallumable – principale innovation du futur lanceur – a commencé début octobre.

Cette campagne a lieu avec plus d’un an de retard en raison de difficultés rencontrées dans la mise au point des instruments de mesure qui équipent les bancs d’essai.

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Les essais visent à tester le moteur Vinci et un autre élément clé de l’étage supérieur, l’APU, l’unité de puissance auxiliaire. Ce petit moteur permet d’alimenter en carburant le moteur Vinci pour le rallumer et ainsi de déployer plusieurs satellites d’une constellation au cours d’une même mission.

Le moteur Vinci a été mis à feu « pendant 45 secondes comme prévu », a affirmé André-Hubert Roussel, président d’Arianegroup, le maître d’œuvre industriel. Jusqu’à trois mises à feu sont prévues, selon lui.

D’après Josef Aschbacher, pour que le calendrier soit tenu, il faut que « d’ici le premier trimestre 2023 », les tests de l’étage principal ainsi que les essais combinés aient avancé, et qu’une « revue de qualification du système de lancement » ait été lancée.

Près de 4 milliards

Ariane 6, qui aura coûté près de 4 milliards d’euros, doit permettre à l’Europe de s’adapter notamment à la féroce concurrence de l’américain SpaceX et de répondre à l’essor des petits satellites et constellations : environ 18 500 satellites de moins de 500 kilos doivent être lancés au cours des dix prochaines années, soit l’équivalent d’une tonne par jour, selon le cabinet spécialisé Euroconsult.

La fusée est prévue pour être 40 % moins coûteuse qu’Ariane 5 et surtout plus polyvalente.

Une version à deux propulseurs latéraux (boosters), Ariane 62, lui permettra d’avoir la capacité d’emport de la fusée russe Soyouz, dont les tirs depuis la Guyane ont été interrompus par l’invasion de l’Ukraine. Une autre à quatre boosters remplacera le lanceur lourd Ariane 5.

Ariane 6 pourra tout aussi bien lancer jusqu’à 12 tonnes vers l’orbite géostationnaire à 36 000 kilomètres, pour laquelle elle a été pensée en 2014, que les constellations en orbite basse à quelques centaines de kilomètres d’altitude qui ont entre-temps émergé.

Une fois le premier vol passé, 29 lancements sont déjà prévus, dont 18 pour déployer des satellites de la constellation Kuiper du géant Amazon.


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