Sciences

Écoutez le son d’un tourbillon de poussière sur Mars

Le rover « Perseverance » a enregistré le passage du tourbillon juste au-dessus de lui alors que son micro, sa caméra et ses capteurs météo étaient en fonction.

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Selfie de Perserverance realise grace a sa camera Watson, le 10 septembre 2021.
Selfie de Perserverance réalisé grâce à sa caméra Watson, le 10 septembre 2021.  © HANDOUT / AFP

Temps de lecture : 2 min

Le jour où Sylvestre Maurice de l’Institut de recherche en astrophysique et planétologie de Toulouse a eu l’idée d’ajouter un microphone à l’instrument SuperCam du rover martien Perseverance est décidément à marquer d’une pierre blanche ! Au point que l’on se demande pourquoi la Nasa n’y avait pas encore pensé. Avant ce petit outil subsidiaire conçu par l’Institut de l’aéronautique et de l’espace (ISAE-SUPAERO), le Centre national d’études spatiales (Cnes) et le Jet Propulsion Laboratory de la Nasa, personne n’avait la moindre idée de l’ambiance sonore qui pouvait régner à la surface de Mars. Certes, vu la densité de population, on pouvait s’attendre à un grand silence… Mais pas que !

Dès le lendemain de l’arrivée du dernier-né des rovers américains sur la planète rouge, le 18 février 2021, l’engin avait pu enregistrer de premiers sons martiens révélés au grand public le 10 mars suivant. De quoi dévoiler un an plus tard, la vitesse de propagation du son dans l’atmosphère ténue de cette planète. Parce que, comme nous l’expliquait en substance le responsable de l’instrument SuperCam à l’époque, écouter Mars, ce n’est pas que du spectacle, c’est un excellent moyen de faire de la science.

Le son et l’image

Une étude publiée cette semaine dans la revue en ligne Nature Communications en apporte une nouvelle fois la preuve ! Grâce à son microphone, Perseverance a réalisé une nouvelle première : le 27 septembre dernier, il a enregistré le son d’un tourbillon de poussière martien au moment exact où celui-ci passait au-dessus du lui. Par chance, à cet instant, l’ensemble des capteurs météorologiques du rover et une caméra étaient également allumés. Ce qui a permis d’enregistrer à la fois le son, l’image et les paramètres atmosphériques correspondant au passage de ce tourbillon, un phénomène très courant à la surface de Mars que les chercheurs ont pu étudier en détail.

En effet, en combinant l’ensemble des données, les scientifiques ont pu estimer que le tourbillon de poussière mesurait environ 25 mètres de largeur pour 118 mètres de hauteur et qu’il se déplaçait à une vitesse d’environ 19 kilomètres/heure. Sur la bande sonore, on entend le vent lorsque l’un des bords du tourbillon passe au-dessus du rover, un silence pendant que ce dernier se trouve au cœur du vortex, puis de nouveau le vent au passage de l’autre bord du tourbillon.

Il y a aussi une sorte de « tac tac tac » correspondant aux impacts des grains de poussière sur le rover, si distinctement audibles pour les chercheurs qu’ils ont pu les compter. De quoi leur permettre de mieux comprendre ces phénomènes météorologiques caractéristiques de la planète rouge, mais aussi le comportement de la poussière martienne, dont la connaissance est essentielle pour l’exploration spatiale future, dans la mesure où elle est largement impliquée dans la dégradation du matériel envoyé par les hommes à la surface de Mars.

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