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Une peinture réflective qui fait baisser la température

Refroidir nos villes d’un simple coup de pinceau ? C’est possible grâce à la peinture Enercool, qui promet de réduire de 5 à 6 degrés l’intérieur des bâtiments grâce à une couche spéciale appliquée sur le toit. Basée à Nantes, l’entreprise n’a, au fond, rien inventé, elle a juste repris un concept existant de longue date et qui a fait ses preuves dans… la conquête spatiale ! « C’est une peinture à l’eau avec de l’acrylique, des pigments réflectifs et des aérogels de silice, dévoile Adeline Constant, cofondatrice de la société. À la base, c’était utilisé par la Nasa sur les lanceurs pour les protéger des rayons solaires. »

Alors, si ça fonctionne sur des fusées, pourquoi ne pas le tenter sur des immeubles ? Avec des vagues de chaleur de plus en plus fréquentes et intenses en raison du réchauffement climatique, l’idée est lumineuse, dans tous les sens du terme. Avec sa composition spéciale, la peinture, d’un blanc immaculé, aura un effet miroir. « Elle va réfléchir les infrarouges et résister aux ultraviolets pour permettre que la chaleur ne soit plus stockée, mais renvoyée. » Sous le toit, le thermomètre affichera donc jusqu’à 6 degrés de moins que dehors et, avec une telle promesse, les clients, forcément, se bousculent. « Le téléphone sonne en continu », se félicite la jeune femme.

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Une facture d’électricité en baisse

Au bout du fil, des entreprises ou des collectivités pour qui la fraîcheur est indispensable dans leurs locaux, comme ce data center en Normandie. Avec cette peinture, plus besoin d’arroser la toiture pour éviter la surchauffe des serveurs, comme cela se fait fréquemment lors d’épisodes de canicule. Cette peinture permet ici d’économiser de l’eau, une solution particulièrement vertueuse à l’heure des restrictions d’eau. C’est également bénéfique pour la facture en énergie. « Depuis le début de l’année, certaines entreprises ont vu leurs frais d’électricité augmenter drastiquement et elles cherchent à faire des économies sur tous les pôles. Quand le pôle froid prend une plus grosse partie, on nous contacte souvent avec ce sujet en tête. Pour un bâtiment équipé de climatisation, on va gagner jusqu’à 40 %. »

Un gain considérable, en température comme en dépenses énergétiques, qui a convaincu Nantes Métropole de tenter l’expérience. En début d’été, les 2 400 mètres carrés de toiture d’une annexe des archives de la ville ont ainsi été « badigeonnés ». Pour Véronique Guitton, la directrice de la structure, c’était une nécessité. Ici, sur deux niveaux, sont classés des dizaines de milliers d’éléments, répartis sur 28 kilomètres en linéaire. On y trouve des plans, des cartes et même des maquettes d’équipements publics (écoles, médiathèques, stade de la Beaujoire…), en somme toute la mémoire de l’agglomération ! Si les documents les plus emblématiques et anciens sont précieusement gardés dans le bâtiment principal des archives, en plein centre-ville, certaines pièces, conservées en périphérie dans cet édifice sans âme, peuvent tout de même dater du début du XIXe siècle.

Couleur zinc

Un coup de chaud peut les altérer à jamais. « L’objectif, c’est d’abord de conserver nos documents entre 16 et 23 degrés, précise madame Guitton. Mais il faut surtout éviter les variations de température trop brutales. Il ne faut pas plus d’un degré de différence par semaine. Or, actuellement, ça monte très vite, et les documents n’aiment pas cela. Le papier va devenir plus sec, cassant, donc plus fragile. Il faut aussi un taux d’humidité minimum pour qu’il garde sa souplesse. Aussi, cette peinture doit réduire les augmentations fortes de température. » Des sondes ont été placées à différents endroits pour mesurer l’impact de la peinture.

Cet automne, la peinture sera disponible en d’autres teintes, Enercool travaillant sur quatre nuances de couleur tuile ou ardoise, et même une en gris zinc pour que les particuliers puissent l’appliquer sur leur propre toit tout en respectant les réglementations en matière d’urbanisme. « De plus en plus de personnes nous appellent pour en avoir, reprend Adeline Constant. Notamment en outre-mer ! » Surtout, le prix (entre 20 et 25 euros le mètre carré environ, selon la surface) n’est pas insurmontable quand on anticipe les gains en conséquence. Et puis tout le monde y gagne finalement : « L’été, ça permet de réduire le phénomène d’îlot de chaleur urbain. Avec un seul toit repeint, la température va réduire en partie à l’échelle du quartier. » Alors, imaginons tous les toits recouverts…


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