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Financement : l’Afrique s’impose dans le capital-risque

CROISSANCE. Selon un nouveau rapport, le financement des start-up africaines est en passe d’atteindre un record en 2022, à contre-courant de la tendance mondiale.

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Les start-up africaines sont en pleine explosion et commencent a seduire les investisseurs, meme si les sommes investies restent tres loin des depenses americaines ou europeennes.
Les start-up africaines sont en pleine explosion et commencent à séduire les investisseurs, même si les sommes investies restent très loin des dépenses américaines ou européennes. © TONY KARUMBA / AFP

Temps de lecture : 5 min

Les start-up ont toujours la cote en Afrique. C’est en tout cas ce que démontrent les chiffres des investissements en capital-risque sur le continent. Ils ont atteint 3,5 milliards de dollars au cours des six premiers mois de l’année, soit une hausse de 133 % par rapport à la même période un an plus tôt, selon un rapport publié le 29 septembre par l’Association africaine du capital-investissement et du capital-risque (AVCA). Au total, ce sont 445 investissements qui ont été réalisés dans 300 entreprises et, fait notable, 27 % d’entre elles sont dirigées par des femmes ou comptent une femme dans des fonctions importantes. « L’écosystème africain du capital-risque a montré des tendances haussières malgré l’inflation galopante et un climat macroéconomique défavorable. Alors que le marché mondial du capital-risque a connu d’importantes contractions à divers degrés selon les régions, l’écosystème africain a réalisé sa meilleure performance de tous les temps », commentent les experts.

Dans tous les cas, cette performance « démontre la profondeur des opportunités ainsi que le potentiel que le continent a à offrir », soulignent-ils. « C’est aussi le résultat d’un effort concerté de gouvernements africains ces dernières années pour entretenir des écosystèmes dynamiques et favorables, permettant l’entrepreneuriat et l’investissement pour prospérer », pointent également les auteurs du rapport, citant l’exemple de la Tanzanie et de sa plateforme Silicon Zanzibar qui offre des visas de travail et des incitations fiscales aux entreprises technologiques qui s’y installent.

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Un écosystème du capital-risque africain

Fait marquant, l’augmentation des investissements serait largement due aux start-up qui lèvent des montants plus importants pour se développer sur le continent africain de manière organique ou par le biais d’acquisitions. Deux exemples concrets avec la société de commerce électronique Wasoko, basée au Kenya, qui a levé 125 millions de dollars pour entrer en Côte d’Ivoire et au Sénégal, ou la fintech solaire kenyane M-Kopa, qui a de son côté levé 75 millions de dollars pour développer ses activités au Ghana et au Nigeria.

Au total, 4,7 milliards de dollars de transactions de démarrage ont été conclus sur le continent au cours de la période, grâce à une quantité importante de nouveaux capitaux levés par les gestionnaires de fonds en 2021, à un intérêt croissant pour l’écosystème du capital-risque en Afrique et à des tailles d’entrée globalement plus importantes.

En termes de volume, l’Afrique de l’Ouest représente la plus grande part des transactions, sous l’impulsion du géant nigérian, qui totalise près de 100 deals. Vient ensuite l’Afrique de l’Est, qui a enregistré la plus forte croissance du volume des transactions par rapport à l’année précédente. L’Afrique du Nord (20 %), l’Afrique australe (14 %) et l’Afrique centrale (1 %) ferment le rang.

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Au-delà de la fintech, l’edtech et la cleantech

Parmi les secteurs qui attirent les investisseurs, la finance tient le haut du pavé. Les start-up fintech ont continué d’attirer la majorité des flux d’investissement, représentant 89 % des transactions dans le secteur financier. Mais d’autres secteurs, comme celui de la santé ou de l’éducation, émergent, notamment en réponse à la pandémie de Covid-19. « Le nombre d’accords conclus dans le domaine des soins de santé au cours du premier semestre de l’année a montré un développement progressif par rapport à l’an dernier, représentant un total de 7 % du volume cumulé des transactions enregistrées début 2022. Il reste néanmoins un secteur en hausse à surveiller. » À titre d’information, deux start-up ont réussi de véritables tours de force : la start-up ghanéenne de recherche et de diagnostic sur le cancer Yemaachi Biotech a bénéficié d’un tour de table de 3 millions de dollars ; l’américaine BluePeak Private Capital a mis 15 millions de dollars dans Africure, un fabricant panafricain de médicaments génériques.

Pourtant, c’est la cleantech qui a le vent en poupe, ayant gagné cinq places pour devenir la deuxième verticale la plus active parmi les start-up qui ont réussi à lever des fonds au premier semestre 2022. La cleantech fait référence aux entreprises qui exploitent ou développent une technologie visant à améliorer la durabilité environnementale ou à réduire l’impact environnemental causé par des activités humaines. « Des entrepreneurs africains sont de plus en plus motivés pour apporter des solutions innovantes, efficaces et durables ou encore pour répondre aux défis socio-environnementaux pressants. » Parmi elles figurent des transactions notables comme le tour de table de série C de 19 millions de dollars dans la start-up Sanergy, spécialisée dans l’assainissement et les déchets au Kenya.

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Le capital-risque a encore de beaux jours devant lui

Si la tendance actuelle se poursuit, les levées de fonds dans la région atteindront 7 milliards de dollars cette année, soit 35 % de plus que les 5,2 milliards de dollars levés en 2021, a mis en exergue l’AVCA. « En plus de l’immunité jusqu’ici de l’Afrique devant la baisse des financements constatée à l’échelle mondiale, les prévisions de croissance économique pour l’Afrique subsaharienne permettent également d’entrevoir des perspectives relativement positives pour le second semestre », affiche l’AVCA.

Cependant, plusieurs indications vont dans le sens d’un ralentissement des transactions sur le continent dès l’année prochaine. En cause, la collecte de fonds de capitaux privés a diminué de 20 % au premier semestre 2022 pour atteindre 700 millions de dollars, selon le rapport. La baisse reflète « un environnement de collecte de fonds plus difficile et plus compétitif pour les gestionnaires de fonds à l’échelle mondiale et les craintes d’un ralentissement économique à l’échelle internationale », a déclaré l’AVCA. À noter que l’Afrique ne représente qu’à peine 1 % du financement mondial du capital-risque au premier semestre 2022.

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