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Kim Jong-un précise les conditions de fermeture de son site d’essais nucléaires

Le leadeur de la Corée du Nord, Kim Jong-un, a promis de dénucléariser son pays à l’issue du sommet entre les deux Corées, le 27 avril.

À quel point Kim Jong-un est-il prêt à abandonner les activités nucléaires de son pays ? Le dirigeant nord-coréen a en tout cas expliqué à son homologue sud-coréen, Moon Jae-in, que Pyongyang allait procéder au mois de mai à la fermeture de son principal site d’essais nucléaires, sous les yeux du monde extérieur. Cette annonce a été faite lors de la rencontre, vendredi, des dirigeants des deux Corées, qui se sont engagés sur la voie de la réconciliation de leurs pays, toujours théoriquement en guerre depuis soixante-cinq ans.

Le porte-parole de la présidence sud-coréenne, Yoon Young-chan, a donné des détails, dimanche 29 avril, sur les discussions tenues au cours de la rencontre entre les deux dirigeants : « M. Kim a dit, au cours du sommet avec le président Moon, qu’il procéderait à la fermeture du site [nord-coréen d’essais nucléaires] en mai et qu’il allait bientôt inviter des experts de Corée du Sud et des Etats-Unis ainsi que des journalistes pour révéler le processus à la communauté internationale de manière transparente ».

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« Pas d’invasion »

Lors du sommet, Kim Jong-Un a également balayé l’idée que le site en question (le centre d’essais nucléaires souterrains de Punggye-ri) soit hors d’usage, comme l’ont suggéré certains experts, après le dernier test atomique, en septembre : « Certains racontent qu’on ferme un site d’essais qui est déjà inutilisable, mais, comme ils le constateront lors de leur visite, il y a deux tunnels supplémentaires encore plus grands (…) et ils sont en bon état », a déclaré le dirigeant nord-coréen au président sud-coréen, toujours selon le porte-parole Yoon Young-chan.

On ignore si Kim Jong-un procédera à cette fermeture en présence de spécialistes américains avant ou après son sommet avec Donald Trump, prévu dans les semaines à venir. La question du rôle des Etats-Unis, et de ses rapports avec la Corée du Nord, a toutefois été importante lors de la rencontre entre Kim Jong-un et Moon Jae-in vendredi, selon les détails fournis par la présidence sud-coréenne dimanche. « M. Kim a déclaré :Les Etats-Unis nous trouvent repoussants, mais une fois que nous parlerons, ils se rendront compte que je ne suis pas quelqu’un qui va tirer une arme nucléaire sur le Sud ou viser les Etats-Unis. »

Il a ajouté au cours de la discussion : « Si nous nous voyons souvent [avec Washington], si nous construisons la confiance, mettons fin à la guerre et finalement qu’on nous promet qu’il n’y aura pas d’invasion, pourquoi vivrions-nous avec des armes nucléaires ? ».

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Le sommet avec Donald Trump au cœur des enjeux

Donald Trump s’est entretenu sur ces sujets samedi 28 avril avec son homologue Moon Jae-in et lui a « dit que c’était une bonne nouvelle non seulement pour les deux Corées, mais aussi pour le monde entier, que les deux dirigeants aient réaffirmé leur engagement pour une dénucléarisation complète de la péninsule », selon le porte-parole de la présidence sud-coréenne.

M. Trump et M. Moon ont convenu qu’il était nécessaire que le sommet entre les Etats-Unis et la Corée du Nord soit organisé rapidement. Ils ont aussi échangé leurs points de vue sur deux ou trois lieux possibles, d’après la présidence sud-coréenne. Les médias américains évoquent la Mongolie et Singapour comme lieux possibles de cette rencontre, qui est largement mise en avant par Donald Trump dans ses interventions publiques.

Le président américain a ainsi commenté, lors d’un déplacement dans l’Etat du Michigan samedi 28 avril : « Cela va être un rendez-vous très important, la dénucléarisation de la péninsule coréenne ». « Vous vous rappelez ce qu’ils disaient ?Il va nous plonger dans une guerre nucléaire”. Non, la force va nous préserver de la guerre nucléaire, elle ne va pas nous y plonger ! », a déclaré le président américain, qui se dit « impatient » de s’entretenir avec Kim Jong-un selon Séoul. Mais Donald Trump a aussi prévenu que le sommet pourrait tourner court : « Ce qui arrivera arrivera. Je peux y aller. Ça peut ne pas marcher ». Dans ce cas, « je pars », a-t-il déclaré samedi.

« Un pion majeur »

Le Nord a déjà invité des spécialistes étrangers sur son principal site nucléaire, à Yongbyon, en 2008 quand il avait détruit une tour de refroidissement vétuste, rappelle Hong Ming, analyste à l’Institut Corée pour l’unification nationale, qui juge la situation plus prometteuse aujourd’hui.

« Il y a une grande différence entre faire sauter une tour de refroidissement et démanteler son unique site de tests nucléaires, le seul en état de fonctionnement, si Kim dit vrai », observe l’expert, pour qui Kim Jong-un « abandonne par avance un pion majeur qu’il aurait pu conserver pour la rencontre avec Trump ». « Vu qu’il ne s’agit que d’un geste de conciliation avant la rencontre, celle-ci est susceptible de produire quelque chose de plus concret, y compris l’éventail d’armes et installations nucléaires à démanteler et un calendrier spécifique pour ce faire. »


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