Emmanuel Macron effectue un déplacement en Nouvelle-Calédonie du 3 au 5 mai, à six mois du référendum du 4 novembre sur l’accession à la pleine souveraineté. L’anthropologue Alban Bensa, directeur d’études à l’Ecole des hautes études en sciences sociales, un des meilleurs spécialistes de la Nouvelle-Calédonie, revient sur les évolutions qui se sont produites sur le territoire depuis trente ans et sur les enjeux de cette visite présidentielle.
L’accord de Nouméa mentionnait la volonté de « restituer au peuple kanak son identité confisquée ». Qu’en est-il aujourd’hui de l’identité kanak ?
La culture kanak, c’est un ensemble d’attitudes qui continuent à structurer les relations entre les unités de parenté et territoriales. Ces attitudes ancestrales sont articulées à celles héritées de l’influence de la France, notamment dans le domaine politique. Ainsi, il y a à la fois des chefs de clan et des élus. L’accord de Nouméa a structuré cette imbrication, avec en particulier la création d’un Sénat coutumier, de l’Agence pour le développement de la culture kanak ou d’autres institutions. Aujourd’hui, il est pratiquement impossible de passer outre ces doubles références, tout comme il est impossible de dissocier le monde kanak des apports de la France. Le monde kanak s’est recomposé, mais il reste une référence identitaire forte.
Les trente ans qui séparent les accords de Matignon du référendum d’accession à la pleine souveraineté ont-ils permis de jeter les bases d’une « citoyenneté calédonienne » ?
Si on se réfère à la période antérieure aux événements des années 1980, il est certain que les bases d’un nouveau mode de relations entre les communautés ont été jetées. Du fait, tout simplement, de l’amélioration des équipements, des infrastructures, des voies de circulation, des écoles, des hôpitaux… Il y a de plus en plus d’espaces communs de vie sociale. Le système scolaire, même s’il est très décrié, offre quand…
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