Un homme a tué trois personnes dont deux policières, mardi 29 mai à Liège, en Belgique, avant de prendre une autre personne en otage puis d’être abattu par la police. Le parquet fédéral, compétent en matière de terrorisme, a été saisi.
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Deux policières et un passant tués
L’attaque s’est produite vers 10 h 30 sur le boulevard d’Avroy, grande artère de Liège, en Wallonie. « Un homme a pris en filature » deux policières, « les a agressé[e]s par l’arrière en leur donnant de multiples coups de couteau », a détaillé le procureur de Liège, Philippe Dulieu, lors d’une conférence de presse – le cabinet du bourgmestre a confirmé dans l’après-midi que les deux agents de police tués étaient deux femmes employées de la police locale.
L’assaillant s’est ensuite emparé de leurs armes de service et a fait feu, tuant les deux femmes ainsi qu’un homme de 22 ans assis dans une voiture à proximité. Ce dernier allait obtenir dans quelques semaines son diplôme d’instituteur, selon le bourgmestre de la ville.
Il s’est ensuite réfugié dans un lycée où il a pris en otage une employée. Quand les policiers sont intervenus près de l’établissement, il est sorti en tirant, blessant quatre membres des forces de l’ordre. C’est à ce moment qu’il a été abattu.
La situation sur place est désormais maîtrisée et aucune mesure de confinement des écoles n’a été mise en place, a précisé la police de Liège. Le lycée Léonie de Waha, où a eu lieu la prise d’otage, restera fermé mercredi. Une ligne verte gratuite (080-09-40-00) a également été ouverte « afin de répondre aux questions de tous ceux qui désirent obtenir des informations ».
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La piste terroriste privilégiée
L’enquête a été confiée au parquet fédéral belge, compétent en matière de terrorisme. « Il y a des éléments qui vont dans la direction d’un acte terroriste », a justifié Eric Van Der Sypt, porte-parole du parquet fédéral. La « qualification d’infraction terroriste » est retenue, ont plus tard confirmé les autorités lors d’une conférence de presse.
Le ministre de l’intérieur, Jan Jambon, a assuré son soutien aux policiers et aux familles des victimes :
Acte de violence avec un prix élevé pour la police de Liège. Tout mon soutien au corps et aux familles des victimes.
— JanJambon (@Jan Jambon)
Le bourgmestre de Liège, Willy Demeyer, s’est rendu sur les lieux. Selon Le Soir, le roi Philippe ainsi que le premier ministre, Charles Michel, sont également attendus sur place. Une minute de silence sera observée mercredi dans la journée et les drapeaux seront mis en berne.
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Qui est l’assaillant présumé ?
L’individu a été rapidement identifié comme étant Benjamin Herman, 36 ans, habitant de Liège, né dans les Ardennes belges, selon des sources judiciaires contactées par Le Monde. Il avait été libéré, lundi, de la prison de Lantin, près de Liège, où il était incarcéré pour des faits de délinquance et de trafic de drogue.
Benjamin Herman bénéficiait d’un congé pénitentiaire, lequel est octroyé en Belgique en fonction d’une évaluation, par un psychologue et d’un assistant social, d’un plan de réinsertion précis. L’octroi de la libération est validé par l’administration et parfois soumis à un tribunal d’application des peines.
Une polémique est en train de naître dans le pays concernant cette libération : selon plusieurs sources citées par les médias locaux, dont La Libre Belgique, l’homme pourrait s’être radicalisé pendant sa détention, ce qui pose la question des conditions de sa libération et de l’éventuelle surveillance dont il aurait dû faire l’objet.
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« Une violence lâche et aveugle »
Charles Michel a dénoncé « une violence lâche et aveugle », avant de prendre la direction de Liège. De son côté, le président français, Emmanuel Macron, a fait part de la « solidarité du peuple français à l’égard du peuple belge », après cette « terrible attaque ».
L’émotion est d’autant plus vive dans la ville wallonne qu’elle a déjà été le théâtre d’une fusillade en 2013. Un homme, Nordine Amrani, avait abattu six personnes et blessé 130 autres avant de se donner la mort. Ce délinquant connu, fanatique des armes, s’était posté sur une place du centre de la ville et avait fait feu sur les passants.
Le niveau de la menace terroriste, ramené à 2 (sur une échelle de 4) en janvier, ne devrait pas être revu à la hausse. Les policiers sont, eux, appelés à encore plus de vigilance. « Dans une phase d’affaiblissement des groupes terroristes, ils sont considérés comme des cibles à “haute valeur ajoutée” par leurs agresseurs », souligne Thomas Renard, un spécialiste de l’institut d’études Egmont.
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