Cinquante ans après les grandes grèves de fonctionnaires des PTT en mai 1968, les postiers ne sont plus aux avant-postes de la contestation sociale, éclipsés aujourd’hui par la colère des cheminots. Pourtant, bien avant eux, ils ont expérimenté la fin de leur statut, l’arrivée de la concurrence et la transformation d’une administration en société anonyme, en 2010. Et, surtout, le déclin de leur métier d’origine.
Avec une baisse du volume du courrier d’environ 7 % par an, les facteurs et factrices – au nombre de 70 000 aujourd’hui (sur un effectif de plus de 253 000 « postiers ») – n’auront plus grand-chose à mettre dans leur sacoche dans quelques années. E-mails, réseaux sociaux, messageries instantanées et dématérialisation généralisée des courriers administratifs et commerciaux sont en train d’avoir raison de nos relations épistolaires.
L’équation économique n’est pas plus simple. Nos lettres et correspondances (hors colis) pesaient, il y a dix ans, près de 60 % des revenus du monopole public postal de l’époque. Aujourd’hui, ce courrier papier ne représente déjà plus que 27 % du chiffre d’affaires du groupe La Poste. « En France, le courrier a commencé à vraiment baisser à partir de 2008. Au total, le recul est d’environ 40 %. Plus inquiétant, peut-être : il ne semble pas y avoir eu de ralentissement dans la baisse en 2017, alors que la croissance économique est un peu repartie. D’habitude, la croissance est favorable au trafic », indique Joëlle Toledano, professeure d’économie, ancienne membre du collège de l’Autorité de régulation des communications électroniques et des postes (Arcep) et ancienne présidente du groupe des régulateurs postaux européens.
Moins de 70 000 facteurs
Son confrère Elie Cohen est plus alarmiste encore : « La question qui se pose est celle d’un éventuel effet d’avalanche, qui verrait la chute s’accélérer par abandon massif d’une des activités actuelles, comme on l’a vu avec…
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