Mondial 2018: France-Argentine vécu dans un bar avec des Français de Moscou

Moscou, envoyé spécial

Juste avant le coup d’envoi, flanqué du maillot des Bleus, le nom de Griezmann dans le dos, Nicolas, jeune français vivant à Moscou, s’est levé dans le Gastro-Pub, situé dans un quartier calme de la capitale. Avec une centaine de Français, tous expatriés, il a chanté la Marseillaise. Bière à la main, une jeune fille termine l’hymne national en criant « Allez les gars ».

« Ils ont plus joué aujourd’hui qu’en trois matches »

Le match vient à peine de commencer quand les premiers commentaires fusent. « C’est le Di Maria du PSG, alors tout va bien », lâche un supporter tricolore, lunette bleu-blanc-rouge sur le front et visage peint aux couleurs de la sélection. Griezmann tente un tir, on entend : « Ils ont plus joué aujourd’hui qu’en trois matches ». Rires de la table d’à côté. L’accélération de Mbappé à la 10e minute soulève les supporters. Le joueur obtient un penalty après une faute de Rojo dans la surface. La salle exulte après le tir de Griezmann. « Attention, il reste 78 minutes », prévient un Toulousain qui n’a pas perdu son accent.

Quelques minutes plus tard, on s’étonne : « La vitesse de Mbappé aujourd’hui, on dirait le dessin animé de mon enfance, Bip Bip et Coyote ! » On profite d’un moment calme pour se moquer des absents : « Les Allemands et les Italiens sont à la plage en ce moment ». La table est hilare.

A la 30e minute, le match perd de son intensité et un gamin en profite pour surfer sur son smartphone. Il lève la tête et lance : « Je ne sais pas si James Rodríguez (Colombie) va pouvoir jouer mardi prochain. »  

« Messi, c’est pas le bon dieu »

A la 41e minute, c’est le silence total. « Il n’en a jamais mis un comme ça cette saison avec le PSG », se désole un supporter au moment où Di Maria trouve le fond des filets.  « Mais où est notre défense, ce n’est pas possible », dit un autre. « Bon, nous sommes dans la même logique que lors du match face à l’Australie (2-1) », espère un troisième. A la pause, on file sur la terrasse reprendre ses esprits. « Messi, c’est pas le bon dieu », raconte une jeune fille.

La partie reprend et c’est la douche froide. Sur un coup-franc, Messi récupère le ballon dans la surface. Il tente un tir en pivot  dévié par Mercado.  Lloris est pris à contre-pied (48e).  « Là, on est mal », soupire un Français qui vit à Moscou depuis 25 ans.

« On en est où », demande un Russe qui passait par là. Réponse timide. Deux minutes plus tard, la France égalise grâce à Pavard (2-2 / 57e). La table exulte : « Oh la patate, elle est magnifique ».  Le suspense est total.

« Si on perd, soit je fais une crise cardiaque, soit je bois une bouteille de vodka »

La délivrance arrive avec Mbappé (64e). « Ça ne crie pas assez, ici on n’est pas à Saint-Etienne ! », se désole un supporter. Il reste encore 24 minutes avant la fin. Mbappé récidive (68e). On chante: « Gérard Depardieu sort nous la vodka, on va la gagner chez toi. » 

Agüero marque dans le temps additionnel (90e+2). « Si on perd, soit je fais une crise cardiaque, soit je bois une bouteille de vodka », peut-on entendre. Au coup de sifflet final, c’est le soulagement. Conclusion d’un fan : « Nous, on n’a pas besoin de Neymar ni de Messi ! »

La soirée devrait être festive pour les Français de Moscou, qui applausissent à s’en rougir les mains.


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