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Dans les quartiers Nord de Marseille, les salariés d’un McDonald’s luttent pour leurs emplois

McDo est le deuxième employeur privé des quartiers Nord, derrière un hypermarché Carrefour.

« Le soir, on n’arrive pas à dormir. Et si on dort, on fait des cauchemars » : comme Zora, les 77 salariés du McDonald’s Saint-Barthélémy, dans les quartiers Nord de Marseille, vivent dans la hantise du chômage depuis l’annonce de la transformation de leur établissement en « halal asiatique ».

« Cette reprise, c’est du vent, McDonald’s veut juste éviter de payer un plan social », s’insurge auprès de l’AFP Kamel Guemari, sous-directeur du restaurant et secrétaire départemental adjoint FO de la restauration rapide. « En attendant, c’est nous qui avons les salariés en pleurs à 1heure du matin. Le numéro vert de la cellule psychologique, c’est bidon, il n’y a jamais personne au bout du fil », accuse-t-il, vidéo à l’appui.

Selon Jean-Pierre Brochiero, actuel franchisé du McDonald’s Saint-Barthélémy, à 50-50 avec McDonald’s France, ce restaurant des quartiers Nord est déficitaire, avec 3,3 millions d’euros de perte depuis 2009. Et ce malgré les 404 000 euros touchés en 2014 en compensation des travaux de la L2, une rocade de contournement de Marseille en chantier depuis dix ans, qui longe le restaurant.

Des chiffres récusés par Christophe Lomonaco, ex-directeur du McDonald’s de Saint-Barthélémy, aujourd’hui à Plan-de-Campagne, un des cinq autres « McDo » de M. Brochiero qui vont rester sous l’enseigne américaine, mais avec un autre franchisé: « McDonald’s a touché 500 000 euros par an pour la L2, si on en tient compte Saint-Barthélémy est positif ».

« McDo veut se débarrasser du dernier village gaulois », accuse Salim Grabsi, professeur dans le quartier et membre du Syndicat des quartiers populaires de Marseille (SDQPM): « Sinon pourquoi refuser de reclasser ces salariés dans les autres McDo marseillais ? ».

Pour Samia Ghali, sénatrice socialiste des Bouches-du-Rhône et maire honoraire de l’arrondissement, c’est « un petit frère de Florange » qui se prépare avec ces « licenciements cachés par une liquidation insidieusement déguisée en rachat ». McDo est le deuxième employeur privé des quartiers Nord, derrière un hypermarché Carrefour.

« C’est le poumon du quartier », insiste Aïcha, 49 ans, chez McDo depuis 25 ans. « Notre deuxième maison », lâche Cécile, 55 ans, « équipière polyvalente » depuis 24 ans : « Ici j’ai fêté l’anniversaire de tous les enfants du quartier ». A quelques mètres, le mini-centre commercial du quartier n’attend plus que d’être rasé. Et les rideaux de fer sont baissés sur la boulangerie, la boucherie et le salon de coiffure.


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