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RECIT. Le 5 juin 2013, Clément Méric, militant antifasciste, est tué dans une rue de Paris

Après avoir pris la fuite, le groupe de skinheads se retrouve dans le 15e arrondissement, au bar Le Local. Aux murs, des caricatures où Simone Veil « fait mijoter des bébés dans un chaudron » et où « Emmanuelle Béart, soutien des sans-papiers, se fait violer », décrit Libération. Ce bar privé appartient à Serge Ayoub, qui se définit comme « nationaliste par amour de la nation » et « socialiste au plan économique ». Ancien chef d’une frange de supporters violents du PSG, le kop de Boulogne, il a lancé les Jeunesses nationales révolutionnaires (JNR) dans les années 1980, puis Troisième Voie en 2010.

Ce soir du 5 juin, Esteban Morillo et sa bande discutent, autour de quelques bières, des évènements de l’après-midi avec Serge Ayoub. Les relevés téléphoniques révèleront de nombreux contacts téléphoniques, tout au long de la nuit, entre ce dernier et les principaux protagonistes.

Des SMS échangés dans la soirée entre Samuel Dufour et un ami attirent aussi l’attention des enquêteurs. 

« Salut, j’ai frappé avec ton poing américain.

– Sérieux, qu’est-ce que tu as fait encore ?

– Bah, il est parti à l’hôpital, 5 contre 3, on les défonce MDR [mort de rire]« .

Plus tard, Samuel Dufour envoie un texto à Esteban Morillo, qui est encore au Local :  

« Demande à Serge si je dois nettoyer le bomber, il est plein de sang mais c’est le mien. »

En plus des conseils visiblement délivrés cette nuit-là, Serge Ayoub fait le tour des médias dans les jours qui suivent la mort de Clément Méric. Il y affirme que son mouvement n’a rien à voir avec cette histoire et défend les skins impliqués dans les faits. « Evidemment qu’ils regrettent », assure-t-il à BFMTV.

Interrogé à quelques semaines du procès par franceinfo, Serge Ayoub minimise sa relation avec les accusés. « On s’est parlé après les faits, et alors ? On se croit dans l’Inquisition. Je parle avec tout le monde », balaie-t-il. Il dit d’ailleurs ne plus avoir de contact avec eux, mais semble bien connaître le dossier.

Cette version de la « bagarre qui aurait mal tourné » est combattue par les proches de Clément Méric, réunis au sein du Comité pour Clément, qui organise des rassemblements à chaque date anniversaire. « Il y a eu une agression, qui a conduit à la mort de Clément. Une chose est claire, la responsabilité n’est pas du côté de Clément et de ses amis. C’est Clément qui est la victime », martèle Aude, membre du comité.


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