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DOCUMENT FRANCEINFO. « Nous demandons, nous supplions presque, qu’il reçoive la famille de Sophie Pétronin » : l’appel d’Ingrid Betancourt à Emmanuel Macron

« On a beaucoup de mal à ce que les gens s’intéressent au sort des otages », déplore jeudi sur franceinfo la Franco-Colombienne et ancienne otage Ingrid Betancourt, au sujet de Sophie Pétronin, détenue au Mali depuis plus de 20 mois.

« Je suis très meurtrie et très frustrée. Les sensibilités ont changé et aujourd’hui on a beaucoup de mal à ce que les gens s’intéressent au sort des otages », déclare jeudi 13 septembre sur franceinfo la Franco-Colombienne et ancienne otage Ingrid Betancourt, au sujet de Sophie Pétronin, détenue au Mali depuis plus de 20 mois.

franceinfo : Quelle est votre ressenti par rapport à cette prise d’otage ?

Ingrid Bétancourt : Je suis très meurtrie et très frustrée. De temps en temps, je me demande : si j’avais été kidnappée aujourd’hui, est-ce qu’il y aurait la mobilisation qui m’a permis de rester vivante et d’être libérée ? Les sensibilités ont changé et on a beaucoup de mal à ce que les gens s’intéressent au sort des otages aujourd’hui.

Nous avons deux otages en France, un otage au Yémen et Sophie Pétronin. C’est quelqu’un d’extraordinaire, c’est notre meilleure ambassadrice, ce sont les belles valeurs de la France. Quelqu’un qui donne sa vie pour aider les orphelins et qui se fait kidnapper, on n’a pas le droit de l’oublier, de faire semblant qu’on n’est pas au courant. Être Français pour moi, c’est être solidaire.

Quel message voulez-vous faire passer au gouvernement ?

Emmanuel Macron est quelqu’un que je connais un petit peu et c’est quelqu’un que je sens profond. En tant que président, il est un petit peu le père de famille. Quand on a les Français comme responsabilité, ce sont tous les Français. On ne peut en oublier aucun. Ce que nous désirons, ce que nous appelons, nous demandons, nous supplions presque, c’est qu’il reçoive la famille de Sophie Pétronin.

Ils ont besoin d’être entendus, de savoir, de regarder celui qui a la vie de Sophie Pétronin dans ses mains, de le regarder dans les yeux. C’est impensable qu’un homme qui représente tellement ce qu’on veut pour la France, parce que je crois en lui véritablement, ne reçoive pas Sébastien [le fils de Sophie Pétronin].

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Comment va Sophie Pétronin ? Croyez-vous en sa libération ?

On sait qu’elle est très, très malade. Elle a 73 ans et c’est un climat très dur, dans un environnement misogyne. Tout ça, c’est dans un environnement cruel. On n’a pas le droit de se dire que la France, qui a une présence au Mali, qui a des troupes, que tout cela est plus important que la vie de Sophie. À quoi bon si on ne peut pas sauver la vie d’une Française ou d’un Français ? Je sais que dans mon cas, c’est parce que j’étais Française que j’ai été sauvée. Je crois en Dieu, je sais que Dieu m’écoute, et je sais qu’elle va sortir. Je serai furieuse si elle ne sortait pas.

Sophie Pétronin est-elle au courant de ce qui se passe pour elle ?

J’ai beaucoup d’admiration pour Sébastien [Pétronin], c’est un type extraordinaire. Il est allé au Mali, il a réussi à nouer des contacts, à savoir comment allait sa mère. La dernière preuve de vie de Sophie est une réponse à tout ce qu’il fait [début septembre, elle a appelé Emmanuel Macron à tenir ses engagements de protéger les Français, dans une vidéo où apparaît aussi l’otage colombienne sœur Gloria, enlevée au Mali en 2017]. C’est évident qu’elle est au courant, qu’elle sait.

Quel message voulez-vous lui adresser ?

De tenir. Il faut qu’elle reste vivante, qu’elle sache qu’on l’attend, qu’on l’aime et qu’on l’admire.


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