Plan santé  : « L’accès aux études menant aux professions médicales restera sélectif »

Nous terminons ici ce live dédié aux annonces d’Emmanuel Macron sur la mise en place du « plan santé ». Merci à tous pour vos questions et votre participation. Vous pouvez retrouver sur cette page et dans le papier ci-dessous les principales mesures annoncées. A très bientôt !

L’incitation au CPTS, « une révolution culturelle pour les médecins libéraux »

Emmanuel Macron et Agnès Buzyn ont insisté sur l’encouragement à un nouveau maillage de l’offre de santé sur les territoires : l’Etat va inciter financièrement les médecins de ville – ainsi que les infirmiers, les masseurs-kinésithérapeutes, les sages-femmes, etc. – à se fédérer au sein de communautés professionnelles territoriales de santé (CPTS). L’objectif est de mailler l’ensemble du pays sur ce modèle d’ici au 1er janvier 2021.

Les ministres de la santé et de l’enseignement supérieur, Agnès Buzyn et Frédérique Vidal, sont revenues dans le détail, lors d’une conférence de presse, sur les annonces présentées par Emmanuel Macron depuis l’Elysée, ce matin. Vous pouvez revoir leurs interventions dans cette vidéo : 

Les réactions aux annonces d’Emmanuel Macron sont nombreuses, depuis ce midi, de la part des syndicats et professionnels de la santé :

  • « Tous les pays qui ont tenté la coercition ont échoué, il faut accompagner les jeunes médecins pour qu’ils s’installent y compris en milieu rural, mais si on garde toutes leurs études dans les facultés, sans les faire sortir des aires métropolitaines, il n’iront jamais dans les zones rurales », a déclaré Jean-Paul Ortiz, président de la Confédération des syndicats médicaux français (CSMF). M. Macron a affirmé dans son discours ne pas vouloir passer par des mesures coercitives mais incitatives pour pousser les médecins à investir les déserts médicaux.
  • Pour Jean-Paul Hamon, le président de la Fédération des médecins de France (FMF), « le gouvernement n’a pas saisi l’ampleur de la catastrophe, il joue petit bras. Le système de santé tombe en quenouille, c’est un peu désespérant d’entendre ce discours-là ».
  • La fédération nationale des infirmiers a tenu à rappeler, dans un communiqué, le rôle des « 120 000 infirmières et infirmiers libéraux, [qui] grâce à leur implantation au cœur des territoires et leur mode d’exercice au domicile des patients, sont la pierre angulaire de l’organisation territoriale des soins. C’est un maillon essentiel qui est grossièrement oublié dans la réforme. »
Vos questions sont nombreuses sur les changements à venir dans l’enseignement de la médecine, notamment autour du PACES et de la suppression du numerus clausus. Cet article revient sur son remplacement par de nouvelles procédures sélectives. 

Deux tribunes sur ce sujet ont également été publiées dans Le Monde aujourd’hui :

Par ailleurs, dans un entretien au Monde, Marc-Olivier Déplaude, chargé de recherche en sociologie à l’INRA, revient sur l’histoire du numerus clausus et ses conséquences sur le nombre de praticiens : 

Le tchat avec François Béguin et Camille Stromboni, journalistes au Monde, est terminé. Merci à tous pour votre participation et vos questions.

Bonjour,

La question est encore en suspens. La ministre de la santé s’est engagé à prendre une décision d’ici la fin de l’année.

Bonjour,

Difficile de répondre à cette question, qui relève d’un choix personnel. Mais si vous savez déjà ce que vous voulez faire, autant s’y lancer tout de suite, nul ne sait si le nouveau système vous conviendra mieux que l’actuel. Ni si l’année de transition vers ce nouveau modèle sera de tout repos. Surtout : vous pouvez d’ores et déjà allée vers des universités qui expérimentent des voies alternatives pour rejoindre les études de médecine, après une deuxième ou une troisième année d’études.

Bonjour,

Emmanuel Macron fait d’abord le pari que la diminution de la part de la tarification à l’activité dans le financement des hôpitaux conduira à terme à redonner du sens aux métiers de soignants.

Il annonce par ailleurs plusieurs mesures permettant de repenser le fonctionnement de l’hôpital au quotidien, comme le retour à une organisation en service pour une équipe de soins. Il promeut également des dispositifs d’intéressement collectif lié à l’amélioration de la qualité d’un service, sans que l’on sache pour l’instant comment cela se traduira dans les hôpitaux.

Le chef de l’Etat a par ailleurs annoncé que des petits services seraient amenés à fermer, pour des raisons de qualité et de sécurité des soins.

Bonjour Sylvie,

Certes, le comportement des futurs candidats aux professions de santé est imprévisible, avec sa part de stratégie – et on le comprend, étant donné la sélectivité du concours, et les métiers qui font souvent figurent de vocation. 

Mais difficile de croire qu’une génération va s’auto-censurer et attendre 2020 pour s’inscrire en médecine… Cela arrivera peut-être à la marge, comme pour chaque évolution des modalités d’entrée en santé, toujours sources d’inquiétudes.

Bonjour Alexendra,

Cela peut donner ce sentiment, si l’on imagine que la fin du numerus clausus signifie fin de toute sélection, ce qui en effet, ne sera pas le cas. L’accès aux études menant aux professions médicales restera sélectif, mais d’une autre manière. Potentiellement à différents niveaux d’études, et avec des procédures de sélection diverses.

En effet, les capacités maximales de formation des facultés de médecine – et aussi le nombre limité de terrains de stages, à l’hôpital ou chez les médecins libéraux – limitera, de facto, le nombre de places offertes, demain comme aujourd’hui.

Néanmoins, le mot d’ordre général est celui d’une augmentation – dans des proportions limitées, très probablement – du nombre de professionnels de santé formés, dans les années qui viennent.

Bonjour Vortigern,

Le concours d’entrée, dans sa version actuelle, à l’issue de la PACES, est voué à disparaître. Mais cela ne signifie pas que la sélection sera absente du recrutement des futurs étudiants en médecine, odontologie, pharmacie, maïeutique. « Le système restera sélectif, a assuré l’Elysée, il n’est pas question de rogner sur l’excellence de la formation ».

Le détail des futurs procédures de sélection, qui devraient pouvoir se déployer à l’issue de la première, deuxième ou troisième année d’études, réalisée dans une nouvelle licence de santé ou dans des licences universitaires d’autres disciplines, reste à définir. Ce sera l’objet de la concertation qui s’ouvre dès demain avec les facultés et les acteurs de la santé.

L’offre de licences menant aux professions de santé, de même que la procédure sélective, seront désormais en partie définies par chaque université. 

Bonjour,

Pour la prochaine rentrée, a priori, il semble probable que le système actuel demeure en grande partie le même. La PACES (première année d’études commune aux études de santé) a cependant déjà évolué, avec différents fonctionnements.

Plusieurs universités expérimentent par exemple la suppression du redoublement, pour les étudiants qui ont fait leur rentrée en septembre 2018 (Sorbonne université, Paris Descartes, Paris Diderot, Brest), suivant ainsi le modèle précurseur développé à Angers.

Une deuxième chance de décrocher une place aux concours doit être offerte en deuxième année d’études. D’autres pourraient rejoindre ce modèle. Le mieux est de se renseigner auprès des différents établissements où vous souhaitez étudier.

Vous pouvez aussi lire l’article :

Les journalistes du Monde François Béguin et Camille Stromboni sont disponibles pour répondre à vos questions suite aux annonces faites par le président de la République sur la réforme du système de santé.

Voici les principales mesures du plan santé, dévoilé dès lundi et présenté par Emmanuel Macron à l’Elysée ce matin :

  • L’objectif national de dépenses d’assurance-maladie est relevé de 0,2 point, le portant à 2,5 % en 2019, soit 400 millions d’euros supplémentaires.
  • 400 médecins généralistes vont être salariés par des centres hospitaliers de proximité ou des centres de santé situés dans les « déserts médicaux ». 
  • 4 000 postes d’assistants médicaux vont être créés pour décharger les médecins d’une partie du travail administratif ou des actes simples.
  • Des communautés professionnelles territoriales de santé seront créées afin de regrouper les professionnels de santé libéraux et mettre fin à l’exercice isolé. Ils devront répondre aux « urgences de ville » non vitales jusqu’à 20 heures.
     
  • Les établissements hospitaliers seront répartis en trois catégories – soins de proximité, soins spécialisés et soins ultra-spécialisés – impliquant aussi le secteur privé. Des activités cesseront dans certains établissements.
     
  • Le financement des hôpitaux va évoluer pour passer de la tarification à l’acte à une tarification « au forfait », dans un premier temps pour deux pathologies chroniques : le diabète et l’insuffisance rénale chronique. En parallèle, l’enveloppe dédiée à récompenser la qualité des soins devrait passer de 60 à 300 millions d’euros dès 2019. 
  • Le numerus clausus sera supprimé à la rentrée 2022 et les étudiants des autres cursus pourront rejoindre médecine après la première année.

Les journalistes du Monde François Béguin et Camille Stromboni répondront dès 12 h 30 à vos questions suite aux annonces faites par le président de la République sur la réforme du système de santé. Posez-leur dès maintenant vos questions !

Bonjour FrenchDoc,

La T2A est dans le principe maintenue, mais des financements au forfait (et non plus à l’acte) vont être mis en place dès 2019 pour deux pathologies chroniques : le diabète et l’insuffisance rénale chronique. Par ailleurs, l’enveloppe récompensant la qualité des soins sera portée de 60 à 300 millions d’euros dès 2019, pour dissuader l’attraction de la rentabilité au nombre d’actes adoptée par de nombreux établissements.

Selon le plan santé, d’ici à 2022, ce nouveau système de tarification au parcours et à la qualité des soins devra peser davantage que la tarification à l’activité dans le financement des hôpitaux. « Il faut valoriser la qualité des parcours des patients, pas favoriser la course à l’acte », a notamment déclaré le chef de l’Etat à ce sujet.

Retrouvez l’article du Monde sur la T2A, en février 2018 :

Fin de l’allocution d’Emmanuel Macron

“Nous avons de vraies forces, des défis à relever, nous avons à inventer un système de santé (…) Aujourd’hui nous avons la maturité collective pour le faire”, a terminé Emmanuel Macron. “Je pense que c’est le bon moment, c’est l’heure et que nous en sommes capables ».

Une loi santé à l’agenda de l’année 2019

Emmanuel Macron souhaite que les premières mesures parmi celles qu’il a évoqué devrait pouvoir être appliquée dès le début de l’année 2020, après une loi dédiée à la santé débattue au parlement dans le courant de l’année 2019, sans donner plus de détails.

« Une stratégie claire du médicament »

« Il faut axer nos financement sur l’innovation, nous pouvons devenir, ou plutôt redevenir, un leader du médicament », a déclaré le président de la république, en plaçant le « jacobinisme » français en point fort dans cette démarche. 

« Je ne laisserais pas ouvert un service où vous n’enverriez jamais vos enfants »

Tout en réaffirmant sa volonté de ne fermer « aucun service pour des raisons financières », Emmanuel Macron n’a pas exclu de fermer des services de soins qui « pourraient devenir dangereux ». « Je préfère qu’un patient subisse une opération lourde à 50 kilomètres et une rééducation proche de chez lui », a-t-il déclaré.

Le thème des Coopérations Professionnelles Territoriales de Santé (CPTS) a-t-il déjà été abordé, et si oui, qu’est ce qu’il s’en est dit.

Bonjour,

En détaillant la « constitution de communautés professionnelles territoriales de santé » pour « inciter les professionnels de santé à travailler ensemble », le président de la république a évoqué un passage d’une rémunération de l’acte, à un forfait de prise en charge d’une population. Il a expliqué souhaiter qu’il n’y ai plus aucun médecin de ville « isolé » à « l’horizon janvier 2022 », pour réaffirmer ce besoin de collaboration.

« Pour fortement encourager ceux qui se mettront dans cette dynamique de manière proactive, je laisse se déployer les initiatives sur le territoire. Une telle réforme est plus forte quand elle recèle d’un accord plutôt que d’une loi », a continué le chef de l’Etat.

Le chef de l’Etat a détaillé la place du numérique dans le milieu médical, visant à construire un « parcours de soin fluide et coordonné » pour les patients. Pour faciliter la communication entre les médecins et le suivi des malades, la mise en place de la téléconsultation – désormais remboursée par la Sécurité sociale -, d’un dossier médical partagé ont notamment été évoqués… « Chacun aura un ‘espace numérique patient’ », explique Emmanuel Macron. 

« Les déserts médicaux sont une source d’anxiété »

 

« Ils n’existent pas que dans les campagnes, mais bien souvent dans les périphéries des grandes villes (…) C’est la France qui n’arrive plus à attirer d’entreprises, de médecins », a déploré lors de son allocution Emmanuel Macron, avant d’expliquer que toute mesure coercitive pour pousser les médecins à s’installer dans les territoires délaissés ne serait pas une solution. « La contrainte unilatérale venant d’en haut peut faire plaisir aux élus (…) mais elle ne marchera pas”, a expliqué le chef de l’Etat.

 

Pour y remédier, Emmanuel Macron a notamment évoqué la création de 400 postes de médecins de proximité exerçant dans leur cabinet mais aussi à l’hôpital, « avec une dimension incitative et un cadre d’organisation adapté, concentré dans les territoires qui en ont le plus besoin », a détaillé M. Macron.

 

 

« C’est la bonne journée pour avoir un accident du travail », a glissé sur le ton de l’humour Emmanuel Macron, s’adressant à un auditoire majoritairement constitué de professionnels de santé.

Bonjour Camille,

Selon ce que vient de déclarer Emmanuel Macron, à partir de la rentrée 2020, des passerelles seront effectivement mises en place entre les trois premières années de licence à l’université et les facultés de médecine.

C’est en ce sens que la suppression du numerus clausus est annoncé pour la même année. Le PACES, « acronyme synonyme d’échec pour tant de jeunes », selon Emmanuel Macron, sera supprimé et les modes d’évaluation lors des trois premières années de médecine vont être réformés, a expliqué le chef de l’état.

« Le système restera sélectif, il n’est pas question de rogner sur l’excellence de la formation de nos étudiants en santé, a précisé l’Elysée à la journaliste du Monde Camille Stromboni. Mais avec un appareil de formation globalement plus intelligent, moins académique et qui conduit moins au bachotage. »

L’importance de la prévention

M. Macron souligne l’importance du développement de la prévention auprès des Français. « La France est l’un des pays où l’on soigne le mieux, mais pas celui où l’on est le moins malade », explique-t-il, en appelant à « une révolution de la prévention, pour passer d’une approche curative à une approche préventive (…) Cela passe par la mise en place du service sanitaire dès cette rentrée ».

Dès la rentrée 2018, les étudiants de médecine, notamment ceux en troisième année, devront en effet mener des actions de prévention, notamment sur l’alcool ou le tabac, dans les établissements scolaires.

Redéploiement des services d’urgence

« L’hôpital risque l’implosion sans réorganisation d’ensemble (…) Il est au bout de ce qu’il peut faire, et c’est particulièrement vrai pour les services d’urgence », a déclaré le chef de l’Etat.

Le journaliste du Monde François Béguin a enquêté, cet été, sur le redéploiement des services d’urgence hospitalières et la répartition entre public et privé des offres de soins dans les territoires. Aujourd’hui, des structures publiques ferment et le privé lucratif s’engouffre dans la brèche. Dans certaines régions, des « centres de soins non programmés » remplacent les services traditionnels.

« Notre système de santé ne pêche pas par un sous-financement », affirme Emmanuel Macron, qui situe les dysfonctionnements du milieu médical dans l’organisation et la coordination des différentes professions. “Nous devons restructurer notre organisation pour les 50 années à venir”, a-t-il expliqué.

Le chef de l’Etat commence la présentation du plan santé par un hommage appuyé aux professionnels du milieu médical et à l’efficacité du modèle de santé français.« Mais le mal-être s’est déjà installé profondément » dans ce paysage médical, déclare Emmanuel Macron. « Je veux que le système de santé soit un pilier de l’Etat providence du 21è siècle », a-t-il ajouté.

Emmanuel Macron a débuté sa prise de parole depuis l’Elysée.

Aucune fermeture d’établissements selon Agnès Buzyn

La ministre de la santé a réaffirmé, peu avant l’annonce du plan santé, sa volonté de ne fermer aucun établissement de santé dans le cadre de cette réforme. Agnès Buzyn n’a cependant pas exclu de modifier leur rôle, « notamment par plus de coordination entre l’hôpital et les médecins de ville », a-t-elle expliqué dans un entretien donné lundi au journal Le Parisien.

Dans plusieurs régions de France, des mouvements d’opposition à la fermeture d’établissements de santé ont toujours cours, pour contester les logiques de rentabilité des actes médicaux menant à la disparition des services de santé de proximité, notamment dans les territoires ruraux. Au mois de juin, la journaliste du Monde Camille Bordenet est allée dans la Drôme à la rencontre d’habitants déterminés à obtenir le maintien de leur petit hôpital.

Une réforme reportée à deux reprises

Le premier ministre Edouard Philippe et Agnès Buzyn avaient annoncé dès le 13 février 2018 le début de discussions autour de cinq thématiques pour une réforme global de l’offre de santé en France, dont le plan santé révélé aujourd’hui sert de conclusion.

Reportée à deux reprises, cette réforme ne figurait pas au programme du candidat Macron lors de l’élection présidentielle de 2017. Le diagnostique effectué par la ministre de la santé et les nombreux mouvements sociaux dans le milieu hospitalier ont poussé le chef de l’Etat à avancer la réflexion sur ces mesures.

Bonjour à tous, et bienvenue dans ce live dédié aux annonces d’Emmanuel Macron sur les réformes du système de santé. Le chef de l’Etat s’exprime dès 10 heures, mardi matin, depuis l’Elysée.   


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