
Gérard Collomb a décidé de forcer la main du chef de l’Etat et du premier ministre. Dans un entretien publié sur le site internet du Figaro mardi 2 octobre, le ministre de l’intérieur a de nouveau pressé Emmanuel Macron d’accepter sa démission, pourtant refusée la veille. Il motive sa demande par la clarté due, selon lui, aux Français et aux habitants de Lyon, ville dont il veut à nouveau briguer la mairie en 2020.
L’annonce a pris de court le chef du gouvernement, en pleine séance des questions au gouvernement à l’Assemblée nationale, qui a pris la parole pour déclarer : « Je proposerai au président de la République les décisions qui s’imposent ».
Quelques minutes avant la publication de l’entretien, Edouard Philippe avait répliqué aux piques de l’opposition sur un ministre de l’intérieur « déjà à l’extérieur du gouvernement », en balayant une « petite polémique ». « C’est ce que nous faisons pour garantir la sécurité des Français qui compte », avait-il ajouté.
Emmanuel Macron « attend désormais les propositions du premier ministre », Edouard Philippe, a indiqué l’Elysée à l’AFP.
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Gérard Collomb, absent mardi de la séance de questions au gouvernement, a présenté lundi soir sa démission à Emmanuel Macron, après avoir annoncé qu’il entendait quitter le gouvernement en mai 2019 pour préparer une nouvelle candidature à la mairie de Lyon l’année suivante.
Maire de Lyon de 2001 à 2017, Gérard Collomb explique au Figaro qu’« aujourd’hui, compte tenu des rumeurs et des pressions qu’il peut y avoir, je ne veux pas que le fait que je sois candidat quelque part demain puisse troubler la marche du ministère de l’intérieur. » « Il faut une clarté vis-à-vis de nos concitoyens et une clarté vis-à-vis des Lyonnais, donc je maintiens ma proposition de démission », ajoute-t-il. « On quitte toujours ce ministère avec regret, car c’est un beau ministère. Il y a des gens qui sont extraordinaires : les policiers, les gendarmes, les sapeurs-pompiers. J’ai pris énormément de joie à être à la tête de ce ministère », déclare-t-il encore.
Désordre en pleine opération reconquête
Soutien de la première heure d’Emmanuel Macron, Gérard Collomb apparaît depuis deux semaines comme une épine dans le pied pour un exécutif en pleine opération de reconquête à huit mois des élections européennes. Lundi soir, le « premier flic de France » avait annoncé au Figaro avoir remis sa démission au chef de l’Etat et le refus de ce dernier. Selon l’Elysée, le chef de l’Etat lui avait alors « renouvelé sa confiance et (…) demandé de rester pleinement mobilisé ».
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Il y a deux semaines, Gérard Collomb avait lui-même annoncé sa volonté de quitter le gouvernement après les élections européennes du 26 mai 2019 afin de se consacrer aux municipales. Bien qu’attendue – l’ancien élu socialiste n’ayant jamais fait mystère de son souhait de revenir à Lyon –, cette candidature avait provoqué un flot de critiques dans les rangs de l’opposition, mais également parmi les syndicats policiers, qui ont dénoncé un « ministre à mi-temps ».
L’Elysée a rappelé mardi matin que le chef de l’Etat avait déclaré qu’il procéderait à un changement d’équipe « au moment voulu » et n’avait pas souhaité faire d’autre commentaire. Mais moins d’un mois après les démissions-surprises de Nicolas Hulot et Laura Flessel, le « cas Gérard Collomb », qui s’est interrogé ouvertement sur « un manque d’humilité » au sommet de l’Etat, pourrait compliquer la donne pour l’exécutif à l’heure où ce dernier tente de tourner la page des accusations d’« arrogance ».
En chute libre dans les sondages, le chef de l’Etat a toutefois assuré qu’il ne changerait « en aucun cas » de politique et qu’il maintiendrait le cap de ses réformes. Un message que pourrait brouiller le nouvel épisode Collomb.
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