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France: le Beaujolais fête son vin nouveau

Un millésime pareil ? On n’en a pas vu dans le vignoble du Beaujolais depuis plus de cinquante ans ! Il faut, en effet, remonter à 1964 pour trouver un millésime comparable. Et pourtant 2018 restera dans les annales viticoles comme une année précoce, estime Thierry Letortu, directeur général d’Alliance des vignerons Bourgogne Beaujolais : « Il était urgent d’attendre pour avoir une maturité exceptionnelle du raisin. C’est un millésime complexe qui allie plusieurs paramètres, c’est-à-dire, du fruit, de la matière, de la longueur en bouche, de l’expression. C’est pratiquement les grands millésimes du Beaujolais réunis en seul millésime. »

Un synonyme de fête

Dans cette région viticole de l’Est de la France le gamay est roi. Il recouvre 98% du vignoble qui compte 15 599 hectares de vignes. Outre cette variété rouge de raisin, le chardonnay donne des vins blancs (à peine 2% du total de la production). Aux côtés des appellations régionales, beaujolais et beaujolais villages, dix crus se sont fait une place sur le marché : brouilly, chénas, chiroubles, côte de brouilly, fleurie, juliénas, morgon, moulin-à-vent, régnié et saint-amour.

Depuis une dizaine d’années, le vignoble du Beaujolais se modernise. Les vignes sont remaniées, on cherche à faire venir de jeunes vignerons dans la région pour qu’ils reprennent les domaines. La nouvelle stratégie mise en place en janvier 2018 a été conçue pour les dix ans à venir. Elle prévoit de restructurer l’offre et de faire monter en gamme les vins du Beaujolais. L’accent est mis sur la qualité. Côte à côte, trois types de vins sont proposés aux consommateurs : les vins de fête, ceux de caractère et les vins de terroir. Mais cet effort a un prix : la main d’œuvre se fait, en effet, rare. Thierry Letortu rappelle : « On est sur une vendange entière, ramassée à la main. Ça coûte cher et ça demande énormément de travail. Evidemment, on a des problèmes pour ramasser le raisin, car il y a de moins en moins de gens locaux, qui veulent ou qui peuvent le faire. Aussi, on fait appel à la main d’œuvre étrangère issue essentiellement de l’Europe centrale et de l’Est. »

Les vins qui ont du chien

Une main d’œuvre polonaise, bulgare ou roumaine qui participe au changement d’image des vins de Beaujolais. Car, si pendant longtemps, il a été assimilé à un vin de fête et de partage, le Beaujolais mise désormais aussi sur ses vins de caractère et de terroir, qui représentent deux tiers de sa production. Et ces vins-là devraient être mieux valorisés, estime Pascal Dufaitre, gérant du Château de Pizay (propriété de l’assureur Groupama) : « Le consommateur français a une vieille image des vins du Beaujolais. Quand la facilité est là, on se laisse aller. On en a fait la triste expérience par le passé. Mais notre purgatoire est fini. Une nouvelle génération de consommateurs redécouvre cette appellation. Ce vin lui parle, le plaisir est immédiat. Il n’y a pas besoin de se creuser la cervelle. On est d’abord des producteurs de plaisir et d’émotion », dit-il en souriant.

Les beaujolais nouveaux ont leur concours

Depuis 2001, le Trophée Lyon Beaujolais Nouveau est organisé par l’Union des œnologues de France, région Bourgogne centre-est. C’est l’unique concours officiel de vins primeurs en France. Le dernier concours s’est tenu à Lyon, dimanche 11 novembre. Le palmarès de l’édition 2018 a été publié dans la foulée. Sur 431 échantillons de vins dégustés par les jurés professionnels venus du monde entier, 10 ont été couronnés de la Médaille d’Or Grand Prix du Trophée, 77 ont reçu les Médailles d’Or et 56, les Médailles d’Argent. Ces vins primés représentent 33% des participants au concours.

Le vin qui se partage

Cette année encore, les amoureux de vins de Beaujolais se sont donné rendez-vous dans les bistrots qui font la promotion de ces vins (avec modération, bien sûr !). Ces bistrots sont répertoriés dans un guide annuel publié par l’Interprofession (Le Guide des Bistrots Beaujolais). Une application pour les smartphones vient d’être lancée. Décidemment, les vins de Beaujolais sont entrés dans l’ère du tout numérique !


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