Georges Tron acquitté à l’issue de son procès pour « viols en réunion »

Georges Tron, le 23 octobre 2018.

Georges Tron, le 23 octobre 2018. THOMAS SAMSON / AFP

Georges Tron et Brigitte Gruel « ont bien participé à des ébats sexuels en présence de tiers dans un climat général hypersexualisé » mais « pour autant, il n’a jamais été rapporté la preuve d’une contrainte ». Ainsi la cour d’assises de Seine-Saint-Denis a-t-elle motivé le double acquittement prononcé, jeudi 15 novembre, en faveur du maire de Draveil et de son ex-adjointe à la culture, sur les faits de viols en réunion, complicité de ces viols et agressions sexuelles dont ils étaient accusés.

Si elle considère comme « avérées » les « scènes à caractère sexuel » évoquées par Virginie Faux et Eva Loubrieu et niées par Georges Tron et Brigitte Gruel, la cour relève que les deux plaignantes étaient « dans une logique de vengeance », après un changement de poste pour la première et un licenciement, consécutif à un vol, pour la seconde.

La cour retient également dans sa motivation la fragilité des accusations portées par les deux plaignantes. Elle rappelle d’une part l’ambivalence d’Eva Loubrieu qui a d’abord admis avoir eu des relations consenties avec Georges Tron, avant de dénoncer des viols et des agressions sexuelles sur une période durant laquelle elle a toutefois continué à lui adresser des SMS « multipliant les expressions affectueuses ».

La lecture de ces messages à l’audience, mercredi 7 novembre« Appelez-moi, je serai là, je suis à votre disposition, je vous embrasse encore et encore et plus encore » –avait jeté le trouble sur l’absence de consentement d’Eva Loubrieu, d’autant qu’elle le datait du moment où elle avait reçu les confidences d’une autre maîtresse de Georges Tron. « Elle me raconte, à la virgule près, le même rituel, le même mode opératoire. J’ai eu le sentiment d’avoir été manipulée, je trouvais cela effrayant », avait-elle déclaré. « Vous vous rendez compte que vous êtes violée quand vous réalisez que votre violeur se fout de vous ? C’est ça, un viol ? Mais une infraction pénale ne peut pas être dépendante de l’humeur de la plaignante ! » lui avait alors répliqué Me Eric Dupond-Moretti, l’avocat de Georges Tron.

« Dominant et dominé »

Les mensonges de Virginie Faux ont également pesé lourdement dans la décision d’acquittement prononcée par la cour d’assises. Elle retient notamment que cette dernière « a d’évidence menti » en niant la relation intime qu’elle entretenait à l’époque des faits dénoncés avec son chirurgien esthétique et en se disant atteinte d’un cancer.

Alors que Virginie Faux expliquait sa première tentative de suicide en novembre 2009 par les faits de viols par pénétration digitale qu’elle aurait subis de la part de Georges Tron et Brigitte Gruel, la cour retient que cette tentative peut davantage s’expliquer par la rupture à cette date de sa liaison avec le chirurgien. Les doutes de la cour et des jurés sur la crédibilité de cette première scène de viol en novembre 2009 les ont également conduits à rejeter « l’existence d’une contrainte » à l’occasion d’une autre scène de relation sexuelle avec Georges Tron et Brigitte Gruel, qui s’est tenue en janvier 2010 au domicile de cette dernière.

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Tous ces éléments ont convaincu la cour et les jurés de ne pas suivre les réquisitions de l’avocat général Frédéric Bernardo qui leur avait demandé la veille de déclarer Georges Tron et Brigitte Gruel coupables et de les condamner à six et quatre ans d’emprisonnement, assortis d’une peine d’inéligibilité de cinq ans et d’une inscription au fichier des délinquants sexuels.

« Il n’y a pas, dans cette affaire, de partage sexuel. Il y a un dominant et un dominé. La victime sert d’objet. On vous prend, on se sert et puis on jette. C’est ça, une victime de viol. Lorsque vous êtes dans une situation de surprise ou de contrainte, c’est une atteinte à votre liberté sexuelle, à l’exercice libre de votre consentement », avait-il estimé.

De ces quatre semaines d’audience, marquées par les témoignages de plusieurs femmes décrivant les dérives sexuelles de Georges Tron, reste la nausée d’une affaire dont tant les deux acquittés que les plaignantes sortent en miettes.

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Pascale Robert-Diard

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