Soupçons d’espionnage pour la Corée du Nord : Benoît Quennedey mis en examen pour trahison

Benoît Quennedey, le 16 novembre 2017.

Benoît Quennedey, le 16 novembre 2017. – / AFP

L’administrateur du Sénat Benoît Quennedey a été mis en examen, jeudi 29 novembre, par le juge d’instruction des chefs de trahison par « livraison d’informations à une puissance étrangère, recueil en vue de livraison d’informations à une puissance étrange, intelligence avec une puissance étrangère ».

Conformément aux réquisitions du parquet, il a été placé sous contrôle judiciaire, assorti notamment de l’interdiction de quitter le territoire, d’interdictions de contacts et de l’interdiction d’exercer sa profession. M. Quennedey avait déjà été suspendu temporairement de ses fonctions mardi par la présidence du Sénat.

M. Quennedey avait été placé en garde à vue dimanche soir, comme l’a révélé l’émission Quotidien, de retour d’un week-end chez ses parents en Bourgogne. Son appartement à Paris, son bureau au Sénat et le domicile de ses parents à Dijon ont été perquisitionnés lundi. Plus tôt dans la journée de jeudi, une information judiciaire du chef de « recueil ou livraison d’informations à une puissance étrangère susceptible de porter atteinte aux intérêts fondamentaux de la nation » avait été ouverte.

Une passion pour la Corée du Nord

L’association de l’amitié France-Corée qu’il préside défend le rapprochement de Paris avec Pyongyang, notamment l’établissement de relations diplomatiques formelles et la levée des sanctions qui pèsent sur le pays. M. Quennedey, 42 ans, a publié deux ouvrages sur la Corée du Nord et porte sur son régime un regard bienveillant, en opposition à ce qu’il jugeait être un biais dans le traitement du pays en Occident.

« Oui en Corée du Nord on a la santé gratuite, on a l’éducation gratuite, on a des systèmes d’appartements qui sont à très bas prix », disait-il en 2017 dans une librairie parisienne, sans juger nécessaire d’ajouter que 40 % de la population souffre de malnutrition et que le système de santé est épouvantable dans les campagnes. Le système politique, pas un totalitarisme mais à ses yeux une « adaptation locale de démocratie populaire », qui opère selon un « centralisme démocratique ».

Sa passion pour le pays date de ses années d’études, à Sciences Po puis à l’ENA, dans les années 90. Le bloc communiste s’est effondré ; la dynastie des Kim non seulement reste solidement attachée au pouvoir, et ce malgré une terrible famine, mais elle défie les Etats-Unis, notamment en développant sa dissuasion nucléaire. Et il est évident à ses yeux qu’elle est, du fait de la propagande américaine, incomprise du monde extérieur. Il s’est rendu huit fois dans le pays, dont la dernière en septembre pour les 70 ans de la fondation du régime.

Elise Vincent et Harold Thibault

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