
Témoignages : « Il faudrait qu’ils viennent travailler avec nous une semaine, pour comprendre »
Les gilets jaunes occupent à nouveau tout le terre plein central de la place de l’Etoile, un temps évacué par les forces de l’ordre. Quelques manifestants lancent des projectiles sur les forces de l’ordre mais la plupart demeurent sur le rond-point dans une forme de résistance passive, se déplaçant au gré des mouvements des colonnes de CRS. Les policiers qui bloquent l’accès aux Champs-Elysées font usage de nombreux projectiles de gaz lacrymogènes. Plusieurs panaches de fumée noire s’élèvent des différentes artères, signalant ça et là des barricades en feu.
Brigitte, Antoine, Thierry, Cindy et Mireille, eux, discutent sous le porche d’un immeuble des Champs-Elysées, où est toujours présent notre journaliste Nicolas Chapuis. Ils sont venus à cinq, de Dieppe, pour exprimer leur « ras-le-bol total ». Tout y passe : les fins de mois difficiles, les taxes trop élevées, les petites retraites. « On nous demande de faire des efforts, mais l’Etat lui, il fait quoi comme effort ? » demande Antoine, jeune retraité, qui souligne la « déconnexion » des dirigeants. « En même temps je les comprends, quand ils se déplacent, ils sont entourés de voitures de police, ils ne voient rien de la réalité ».
Pour Thierry, « il faudrait qu’ils viennent travailler avec nous une semaine, pour comprendre ». Employé chez Eiffage dans une raffinerie, il raconte les conditions difficiles au quotidien. A ses côtés, Brigitte, 40 ans dans une scierie « à sortir 10 tonnes de bois par jour », qui a vu son quotidien se dégrader à la vitesse de ses vertèbres, tassées par le labeur.
Cindy, institutrice remplaçante en maternelle, est venue « pour les autres ». Elle estime qu’elle n’a pas de raison de se plaindre avec son salaire, malgré les quelque 150 km qu’elle doit souvent faire pour aller travailler, « avec un plein qui est passé de 48 à 62 euros ». « De toute façon ça va péter », conclut Antoine, qui considère que le mouvement va conduire à une « grève générale ». « Macron il prend tout, mais c’est pas que lui, c’est aussi tous ceux qui n’ont rien fait pour nous pendant 40 ans ».
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