« Gilets jaunes » : Emmanuel Macron s’oppose à tout rétablissement de l’ISF

Bonsoir Vincent, 

Nous ne l’annonçons pas de manière aussi péremptoire car la situation reste très floue. Si plusieurs médias affirment que, selon l’Elysée, la taxe est « annulée », Matignon indique au Monde qu’il s’agit d’un abandon pour 2019 et que la taxe ne serait pas complètement écartée si des solutions d’application viables émergent durant les concertations. 

Le vote vient de se terminer à l’Assemblée : 

Ce qu’a dit Macron en conseil des ministres

Bonjour Yanndesbois, 

Notre correspondant en Belgique a consacré un reportage à ce sujet, n’hésitez pas à le lire : 

Les « gilets jaunes » divisent la Belgique

Le Monde.frSi le mouvement de contestation sociale s’est exporté chez les Wallons, il laisse leurs compatriotes flamands dubitatifs. La proximité des premiers avec la France n’explique pas tout.

Macron s’est opposé en conseil des ministres à tout rétablissement de l’ISF

Le président, Emmanuel Macron, s’est opposé mercredi, au cours du conseil des ministres, à tout rétablissement de l’Impôt sur la fortune (ISF), a rapporté l’Elysée, confirmant une information des Echos. « Nous ne détricoterons rien de ce qui a été fait depuis dix-huit mois », a déclaré le chef de l’Etat. 

Le premier ministre interpelle directement Jean-Luc Mélenchon, provoquant une réaction houleuse dans la tribune où siègent les députés de la France insoumise. 

J’ai entendu Jean-Luc Mélenchon se réjouir d’une forme presque insurrectionnelle. Je l’ai vu ne pas saluer l’engagement des forces de l’ordre. Vous nous avez dit « le président que vous aviez proposé et que nous avions refusé ». Mais les Français ont refusé. Les propositions évoquées tout à l’heure ont été refusées par les Français en avril 2017. Après les avoir proposées en 2012 et 2017 vous les proposerez probablement en 22, et le débat sera tranché démocratiquement. C’est une élection, c’est à ça que ça sert.

Sur les solutions évoquées, Edouard Philippe tacle fortement l’opposition. « Plusieurs propositions ont été formulées. A l’exception du retour de l’ISF, il s’agit surtout de mesures de dépenses. Je n’en suis pas surpris, c’est beaucoup plus difficile que de définir et d’être suivi dans des mesures de limitation des dépenses. »

Je constate que attachement à la bonne gestion des deniers publics prend trop souvent la forme d’un rappel. Rarement la forme de propositions concrètes.

Edouard Philippe prend à nouveau la parole à l’Assemblée. 

Bonjour Tudule, 

Vous évoquez les faits qui se sont produits ce matin dans le Val-d’Oise. Un élève de 17 ans a bien été touché à la mâchoire devant le lycée Simone-de-Beauvoir. Il devrait sortir de l’hôpital mercredi avec des points de suture. Son pronostic vital n’a donc jamais été engagé. 

Bonjour Alf, 

C’est vrai, mais c’est aussi à nuancer. Il s’agit du syndicat VIGI (ex-CGT), qui est un syndicat non représenté – c’est-à-dire qu’il compte très peu d’adhérents. Or, il faut savoir que la période est particulièrement importante pour les syndicats de police. Jeudi se termineront les élections professionnelles. D’où l’intérêt de se faire entendre, même si cela passe par des coups de communication assez spectaculaires. 

Des « gilets jaunes » au Sénat pour échanger

Une dizaine de « gilets jaunes » ont participé mercredi après-midi au Sénat à une table ronde à l’invitation de deux sénateurs écologistes. Un étudiant de 20 ans, un historien septuagénaire, un trentenaire au chômage, une infirmière… Le panel réuni par la sénatrice de Paris Esther Benbassa et son collègue de l’Isère Guillaume Gontard, membres du groupe à majorité communiste CRCE (Communiste, républicain, citoyen et écologiste), était varié – mais tous ont dû abandonner leur gilet jaune pour pénétrer dans le palais du Luxembourg. 

Ni porte-parole ni même représentant, chacun s’est exprimé sur son implication dans le mouvement, souvent avec émotion, parfois avec colère, en présence de plusieurs sénateurs de gauche et d’une élue centriste, Sophie Joissains. « Je m’inquiète beaucoup pour l’avenir de mes enfants », confiait ainsi Sophie, infirmière en région parisienne. « Je peux faire mes courses, mais plus de vacances et la peur de l’imprévu. » « Le premier des casseurs, c’est celui qui nous gouverne, il nous casse nous« , accusait pour sa part Eric, maraîcher au chômage, qui vit chez ses parents. Pour Bernard, septuagénaire, cette table ronde « doit prouver à toute la France que le mouvement des « gilets jaunes » reste ouvert au dialogue ».

Appel de SUD-Rail à manifester samedi

Après la CGT de Lafarge, c’est au tour de SUD-Rail d’appeler ses adhérents et militants à « répondre présents » et à « accompagner et renforcer » le mouvement des « gilets jaunes ». « Ce ras le bol est aussi le nôtre », écrit l’organisation syndicale. 

Célia de Lavergne, du groupe La République en marche, prend la parole. La députée de la Drôme joue la carte du mea culpa, affirmant que « le gouvernement prend acte de la colère et du besoin des Français de participer à la décision. »

« A certains moments, nous avons échoué. L’exercice du pouvoir est difficile, exigeant. Oui, nous avons donné parfois un sentiment d’arrogance. Oui, nous avons répondu parfois un peu trop tardivement. Tout ne peut pas se décider de Paris. Il est de notre devoir de ne jamais laisser penser que l’anarchie pourrait améliorer la situation de notre pays. Nous devons agir pour une République plus transparente, juste et solidaire.»

Emmanuel Macron devient de plus en plus la cible de la colère des manifestants, selon notre journaliste Aline Leclerc, qui suit aujourd’hui des « gilets jaunes » en Saône-et-Loire : 

Bonjour Phil, 

Vous êtes nombreux à nous interroger à ce sujet. A la suite des blocages de dépôts pétroliers, des pénuries de carburants affectent toujours certaines régions, principalement la Bretagne, la Normandie, les Pays de la Loire, le Gard, le Var, l’Hérault et les Alpes-Maritimes. Selon l’application Essence&co, qui fonctionne à partir des contributions d’automobilistes, plus de 600 stations étaient touchées en milieu de matinée, dont 250 en rupture totale. Mais la levée de certains blocages, notamment à Lorient (Morbihan) et Brest (Finistère), devrait permettre une réalimentation des stations sous quarante-huit heures, selon l’Union française des industries pétrolières.

Bonjour, 

Comme toujours, il est bien difficile d’avoir des chiffres pertinents. La journée a été relativement calme sur le front de la mobilisation. Vers 17 heures, il n’y avait par exemple plus qu’un seul dépôt pétrolier bloqué, au Mans, selon l’Union française des industries pétrolières. Sur le réseau autoroutier, les manifestations entraînaient toujours de « fortes perturbations localement », selon Vinci. L’opérateur a fait état de plusieurs manifestations et barrages, notamment sur l’autoroute A9 dans l’Hérault, au niveau des péages de Frontignan, Saint-Jean-de-Védas ou Lunel, sur l’A54 dans le Gard, sur l’A50 aux péages de La Ciotat (Bouches-du-Rhône) ou Bandol (Var). Par ailleurs, des dizaines de lycées restaient bloqués mercredi, en particulier dans les académies de Marseille, Créteil ou Lyon. 

Dépôt de plainte après la blessure d’une lycéenne

Les parents d’une lycéenne de Grenoble ont porté plainte après que leur fille a été grièvement blessée au visage au cours d’une manifestation. Selon la famille de l’adolescente, qui a témoigné de l’incident au Dauphiné libéré, la lycéenne âgée de 16 ans aurait été atteinte « par un tir de Flash-Ball venant d’une unité de CRS » aux prises avec de jeunes manifestants sur un carrefour du centre-ville – où six mineurs ont été interpellés et placés en garde à vue.

Le parquet a saisi l’inspection générale de la police nationale (IGPN) pour mener une enquête de flagrance et déterminer les circonstances de l’incident. « La jeune fille présente des blessures graves au visage qui vont occasionner une incapacité de travail supérieure à trois mois », a précisé Jean-Yves Coquillat, le procureur de la République de Grenoble.

A Mantes-la-Jolie, jets de cocktails Molotov près d’un lycée

De violents incidents ont éclaté mercredi matin près de deux lycées de Mantes-la-Jolie, avec des jets de cocktails Molotov sur les forces de l’ordre et des bonbonnes de gaz lancées dans des poubelles en feu. Les incidents se sont produits aux abords des lycées Jean-Rostand et Saint-Exupéry, au Val-Fourré. 

Les forces de l’ordre ont fait usage de nombreuses armes de défense : 22 grenades de désencerclement ont notamment été tirées pour mettre fin à l’attroupement hostile, qui, au plus fort de la matinée, a compté jusqu’à une centaine d’individus, d’après la police. Quatre personnes ont été interpellées au total.

Fête des lumières maintenue à Lyon 

En dépit des « circonstances particulières » entourant la Fête des lumières, qui se tient à partir de jeudi à Lyon, le dispositif de sécurité sera globalement identique à celui qui est habituellement déployé, ont indiqué mercredi mairie et préfecture. 

Le préfet du Rhône, Pascal Mailhos, a évoqué une édition « singulière » marquée par « un risque terroriste, des manifestations des gilets jaunes et une marche pour le climat » prévue samedi. « Le dispositif sera à la fois complet, adaptable et évolutif, intégrant forces de l’ordre, services de secours et d’urgence et militaires de l’opération Sentinelle », a-t-il précisé. L’armée de l’air déploiera aussi un drone d’observation pour surveiller la zone pendant toute la durée de l’événement.

Au tour d’Olivier Faure, premier secrétaire du Parti socialiste (PS), d’intervenir :

« Le président n’entend pas, ne comprend pas. C’est à notre assemblée de prendre ses responsabilités. (…) Tout doit être discuté, l’ISF, la flat tax, la lutte contre la fraude fiscale, la taxation des GAFA, le conditionnement du CICE, la revalorisation des salaires, des petites retraites. Il est possible de gouverner autrement. De réhabiliter les corps intermédiaires et les élus locaux. Nous vous exhortons à ne pas chercher à diviser. »

Surtout, Olivier Faure s’en prend directement au mode de gouvernance d’Emmanuel Macron : « Vous avez aggravé la situation en quelques mois. Votre cap est contesté. Jupiter, c’est fini. Moi aussi, je rêve d’un nouveau monde. Dans ce nouveau monde, les valeurs de la République reprennent leur place. » 

Bruno Millienne, député du MoDem, se fait copieusement huer en accusant l’opposition de jeter de l’huile sur le feu :

A la tribune, c’est Eric Woerth qui vient de prendre la parole pour le groupe Les Républicains. Le président de la commission des finances de l’Assemblée nationale insiste lourdement sur le fait que le groupe LR a averti à plusieurs reprises le gouvernement sur les conséquences de la hausse des taxes. ‘Mais vous avez balayé tout ça d’un revers de main, au motif qu’il fallait « garder le cap ». « Mais quand le cap n’est pas bon, il faut en changer », dit le député de l’Oise. 

« Si vous avez donné l’impression d’avoir entendu les Français, les avez vous compris ? Vous avez annoncé ce fameux moratoire, mais retarder la hausse ne servira à rien. La seule réponse qui vaille, c’est l’annulation. Il faut supprimer la hausse des taxes. On ne sort pas de la crise par l’ambiguïté. »

Assistera-t-on à des divisions au sein de la majorité parlementaire ? Notre journaliste à l’Assemblée souligne des voix discordantes après le discours du premier ministre : 

C’est désormais Barbara Bessot Ballot, de La République en marche (LRM), qui est à la tribune. « Ne tombons pas dans le piège de la division », prévient la députée de Haute-Saône.

Nous vivons un moment délicat et central, celui d’un sentiment répandu de fracture territoriale. C’est la raison pour laquelle nous nous engageons pour prolonger le dialogue avec les Français.  

Bonjour Ali, 

Il est compliqué de tirer un bilan de la journée de mobilisation lycéenne. Mercredi midi, le ministère de l’éducation recensait une mobilisation « plutôt à la baisse », d’après les remontées d’une quinzaine d’académies (sur trente). Mais des mobilisations importantes ont encore eu lieu mercredi dans les académies de Créteil (24 lycées perturbés, 8 bloqués), Versailles, Marseille (20 bloqués ou perturbés) ou Lyon (16 perturbés, 2 bloqués), déjà plus touchées ces derniers jours.

Ces rassemblements ont été parfois émaillés d »incidents et d’altercations violentes avec les policiers. Deux lycéens ont été légèrement blessés par des tirs de lanceur de balle de défense (LBD). L’un près d’Orléans, devant le lycée Jacques-Monod à Saint-Jean-de-Braye, l’autre à Garges-lès-Gonesse (Val-d’Oise), devant le lycée Simone-de-Beauvoir.

C’est maintenant Bertrand Pancher, coprésident du groupe Libertés et territoires, qui prend la parole, après une brève pause dans la séance. « Quelle honte, mes chers collègues, nous avons parqué les pauvres dans les HLM et caché bien des misères au fond de nos campagnes. »

Quel est le message des “gilets jaunes” ? La soif de justice sociale. Or, la politique économique et sociale est déséquilibrée.  Nous vous engageons à aller plus loi, en redonnant du pouvoir d’achat, en revalorisant les retraites et en faisant progresser la prime à l’activité, facilité l’achat de voitures polluantes, arrêter les noyaux fiscaux

En image : débat à l’Assemblée nationale

Pour le premier secrétaire du Parti socialiste, Olivier Faure, « les Français attendent autre chose, conjuguer social et écologie ». (Julien Muguet / Hans Lucas pour «Le Monde»).

Après Jean-Luc Mélenchon, place au leader du Parti communiste, Fabien Roussel 

Jean-Luc Mélenchon considère que la taxe carbone n’a rien à voir avec l’écologie

Avant de demander le rétablissement de l’ISF, le chef de file de La France insoumise a mis en doute la motivation écologique de la politique fiscale du gouvernement, dont il dénonce l’injustice. 

Comment avez vous pu de façon si offensante dire aux gens du commun qu’ils rouleront moins et pollueront moins s’ils payent plus leur carburant. Cela alors que l’urbanisme les éloigne de tout. Les gens savent bien qu’ils ne peuvent pas rouler moins. Alors faute de rouler moins, ils mangeront moins, se soigneront moins.

(…)

 

 

L’écologie n’a rien à voir avec vos mesures. On ne peut pas être en même temps l’ami des riches et celui du genre humain. Car les riches n’ont que des intérêts particuliers, et seul le peuple porte en bandoulière l’intérêt général. 

C’est désormais à Jean-Luc Mélenchon de s’exprimer au pupitre de l’Assemblée nationale

En images : débat à l’Assemblée nationale

Après le discours de Gilles Le Gendre, patron des députés LRM (Julien Muguet / Hans Lucas pour «Le Monde»).

C’est désormais au patron du groupe de l’UDI, Jean-Christophe Lagarde, de s’exprimer à l’Assemblée nationale

Pour Amélie de Montchalin, « la France a besoin d’apaisement »

Notre journaliste Manon Rescan a recueilli la réaction de la députée de La République en marche Amélie de Montchalin, à l’Assemblée nationale. 

Valérie Rabault dénonce « la politique fiscale favorable pour les plus riches » du gouvernement 

Pour Valérie Rabault, les propositions du gouvernement sont venues « trop tard »

« Il vous a fallu trois semaines, des millions d’euros de dégâts, des blessés et des morts et aujourd’hui un lycéen grièvement blessé pour tendre la main aux gilets jaunes », a critiqué la cheffe de file des députés socialistes à l’Assemblée nationale, Valérie Rabault, à destination du premier ministre. Avant de poursuivre : 

 

 Cette main tendue est une bonne chose, mais vous l’avez fait bien trop tard. C’est aussi avec retard que vous admettez qu’il y a un cercle vicieux dans lequel votre politique fiscale qui enferme notre pays depuis dix-huit mois. En instaurant un moratoire de six mois sur la hausse prévue le 1er janvier prochain des taxes énergétiques, vous admettez enfin l’ampleur des augmentations d’impôt que vous avez décidées.

 

Ces augmentations sont délirantes. Vous et votre majorité avez cru que vous pourriez imposer incognito à nos concitoyens 55 milliards d’euros de plus de taxes sur les carburants et le chauffage.

 

Précision sur ce chiffre de 55 milliards par notre journaliste Audrey Tonnelier : 

Après Patrick Mignola pour le MoDem, c’est à la présidente du groupe socialiste, Valérie Rabault, de s’exprimer à l’Assemblée nationale.

Patrick Mignola (MoDem) souhaite un débat sur la justice fiscale

A la tribune de l’Assemblée nationale, le chef de file des députés MoDem, Patrick Mignola, estime que la « justice fiscale » est à « l’origine de la colère » des « gilets jaunes ». 

Réaction du premier secrétaire du PS, Olivier Faure

Notre journaliste Manon Rescan est actuellement à l’Assemblée nationale où elle a recueilli la parole d’Olivier Faure, premier secrétaire du Parti socialiste. 

Après Christian Jacob, c’est au tour de Patrick Mignola, président du groupe MoDem à l’Assemblée nationale de s’exprimer. 

Discours de Christian Jacob

Notre journaliste Alexandre Lemarié est actuellement à l’Assemblée nationale.Il revient sur le discours de Christian Jacob, patron des députés LR. 

En images : débat à l’Assemblée nationale

Edouard Philippe lors de son discours à l’Assemblée nationale, le 5 décembre (Julien Muguet / Hans Lucas pour «Le Monde»).

Pour Christian Jacob, « la solution, c’est la suppression pure et simple de toutes les taxes à venir sur les carburants »

Le chef de file du groupe LR à l’Assemblée nationale, Christian Jacob, a critiqué les annonces du gouvernement pour répondre à la colère des « gilets jaunes ». « La solution, c’est la suppression pure et simple de toutes les taxes à venir sur les carburants, a-t-il plaidé. Ce que vous n’avez pas compris, c’est que cette colère profonde est le symptôme d’un ras-le-bol fiscal généralisé, mais qu’elle est aussi le cri de Français qui défendent leur mode de vie. »

Avant de s’en prendre une nouvelle fois à Emmanuel Macron :  

Des millions et des millions de Français ont choisi, pour eux et leurs enfants, comme leurs parents avant eux, de vivre dans des petites communes rurales, des bourgs centre, des petites villes de province. Ils aiment la France, ils sont attachés à leur terroir, ils n’aspirent pas forcement au grand large d’une mondialisation débridée. Ils contribuent, par leur travail, à la prospérité du pays. Ils ne demandent qu’une chose, simple mais restée étrangère à M. Macron : le respect de ce qu’ils sont au plus profond d’eux-mêmes. 

 

La faute de ce Président, la vôtre aussi, c’est d’abord ce manque de respect. oui, les « illettrées de Gad », les « Gaulois réfractaires », « ceux qui ne sont rien », « ceux qui roulent au diesel et fument des clopes » et tant d’autres, ont décidé de relever la tête.

Réaction de François Ruffin à l’Assemblée nationale

Notre journaliste Manon Rescan est actuellement à l’Assemblée nationale où elle a recueilli la parole de François Ruffin (La France insoumise). Une parole rare aux Quatre Colonnes, la salle où les journalistes interviewent les députés.

Pour Christian Jacob, Emmanuel Macron « devra rendre des comptes aux Français ». 

Le patron du groupe Les Républicains à l’Assemblée nationale s’en est pris violemment au chef de l’Etat au début de son discours à l’Assemblée nationale. « Le président devait moderniser le pays à marche forcée. Il nous disait qu’il avait compris ce qui était bon pour les Français. Dix-huit mois plus tard, le voilà pétrifié, dos au mur, confronté à une immense colère du peuple de France », a-t-il lancé. 

 

Vous avez, monsieur le premier ministre, avec votre gouvernement, une part de responsabilité. Mais le vrai responsable, il est à l’Elysée.  C’est lui qui, le moment venu, devra rendre des comptes aux Français. Le président, soi-disant vertical, toujours prompt à parler et à nous donner des leçons, a saisi que sa légitimité démocratique est gravement entachée ; il vous envoie donc au front pour vous faire jouer le rôle de fusible institutionnel.  

 

 

 

Vous voilà donc contraint, à la tête d’un gouvernement en perdition, d’une majorité KO debout, obligé d’accepter un débat à l’Assemblée nationale. Comme cela a dû vous être pénible, monsieur le premier ministre. 

 

 

Après Gilles Le Gendre pour La République en marche, c’est au tour de Christian Jacob, chef de file des Républicains de s’exprimer à l’Assemblée nationale.

Réaction de Nicolas Dupont-Aignan au discours d’Edouard Philippe

Notre journaliste Manon Rescan est actuellement à l’Assemblée nationale. Elle a recueilli la réaction du président de Debout la France, Nicolas Dupont-Aignan. 

Gilles Le Gendre aux « gilets jaunes » : « Nous comprenons votre colère, elle ne nous est pas étrangère »

Durant ce débat à l’Assemblée nationale, Gilles Le Gendre s’est félicité des bons chiffres de l’économie, qui sont selon lui, imputables à la majorité. « L’emploi industriel redémarre, ce qui ne s’était pas vu depuis plus de seize ans, s’est-il félicité. Le taux d’emploi n’a jamais été aussi élevé et les embauches en CDI croissent quatre fois plus vite que celles en CDD. »

 

Je souhaite donc m’adresser aux « gilets jaunes » et, au-delà, à l’ensemble des Français. En leur disant ceci : nous comprenons votre colère, elle ne nous est pas étrangère. Mais voulez-vous compromettre par le désordre, la violence, le redressement du pays et son attractivité économique, conditions impérieuses de l’amélioration de votre situation personnelle ?

Je suis sûr que ce n’est pas le cas. C’est pourquoi, au nom du groupe que j’ai l’honneur de présider, depuis cet hémicycle qui est le lieu de la représentation nationale, je vous invite à accepter la main tendue par le premier ministre. La méthode proposée par le gouvernement est la bonne et je veux vous en remercier, monsieur le premier ministre.

« Les Français sont lassés des petites défaites et des grandes lâchetés qui ont conduit au déclassement »

Pour Gilles Le Gendre, patron des députés LRM, « les Français sont lassés des petites défaites et des grandes lâchetés qui ont conduit au déclassement. Le déclassement du pays sur la scène internationale. Le déclassement individuel d’un nombre croissant de ses habitants. »

« Le déclassement se résume à une équation très simple. Toujours plus d’impôts, de dépenses publiques et de déficit pour toujours plus de chômage et des services publics de qualité et d’accès de plus en plus inégalitaires. Et, au final, une triple dette – financière, sociale, écologique – qui obère notre avenir et celui de notre descendance. »

Gilles Le Gendre : « Le pays est confronté depuis plusieurs semaines à l’expression d’une colère qui vient de loin »

 

 

Après le premier ministre, c’est au tour de Gilles Le Gendre, chef de file des députés LRM de s’exprimer. « La fatigue de la démocratie, c’est ici et non dans la rue, qu’elle doit trouver ses remèdes, a-t-il lancé. Le renouveau démocratique sans cesse repoussé de notre pays, c’est ici, et non dans les manifestations, qu’il doit puiser ses ferments. »

 

Le pays est confronté depuis plusieurs semaines à l’expression d’une colère qui vient de loin. Qui peut croire un seul instant qu’elle vise exclusivement notre majorité et la politique que nous conduisons depuis dix-huit mois à peine ? Mais nous ne nous déroberons jamais à nos responsabilités. Les Français nous ont confié une double mission : réparer le pays pour faire reculer leur colère et préparer son avenir pour calmer leur anxiété. Tâche immense, nous le savions dès le premier jour, qui nous oblige aujourd’hui à assumer un passif trop longtemps refoulé.

 

 

Edouard Philippe termine son discours et passe la parole à Gille Le Gendre, président du groupe La République en marche.

« Je ne peux pas accepter la violence », insiste le premier ministre

« Nous interpellerons toute personne prise en flagrant délit de violences ou de dégradations. Aux factieux, aux casseurs, je veux dire, nous leur ferons face et nous serons intraitables. Je peux, mesdames et messieurs, entendre la colère et je ne peux pas accepter la violence. Et je combattrai toujours la haine. »

Edouard Philippe revient sur les réformes menées par son gouvernement : 

« Partout en France, nous voulons concevoir et mettre en oeuvre des solutions sur mesure. Des solutions qui ne sont pas toujours spectaculaires, mais qui sont concrètes et durables : déploiement de la police de sécurité du quotidien, déploiement du haut débit, suppression du numerus clausus, installation de 1 000 médecins et déploiement de la télémédecine, réorientation des nos investissements des TGV vers les trains du quotidien…

Ce cap, c’est enfin celui de l’émancipation des solidarités réelles. C’est le sens du plan de lutte contre la pauvreté, la création de 30 000 places de crèches.

 

Notre ambition c’est de bâtir un grand service public de l’insertion. La solidarité réelle, c’est aussi le sens du plan de transformation de l’hôpital, de l’apprentissage, de Parcoursup, c’est le sens du dédoublement des classes de CP et de CE1 dans les REP. »

Pour Edouard Philippe, « le cap fixé en mai 2017 était le bon »

« S’il existe un tel niveau de colère, c’est que nous avons beaucoup de choses à améliorer. Je suis persuadé que le cap fixé en mai 2017 était le bon. Ce cap, c’est d’abord celui du travail. Dans toutes les décisions que nous avons prises, nous n’avons eu de cesse de mieux rémunérer le travail. Les faits sont têtus. En janvier, puis en octobre, des milliers de salariés ont bénéficié d’une hausse du salaire net. »

« Oui nous payons des impôts et des taxes en France, et en contrepartie nous avons un niveau de service public rarement vu ailleurs », reconnaît Edouard Philippe, demandant que le débat ait lieu au niveau national et local. « Un débat qui doit avoir lieu au plus près des Français sur tout le territoire. Réfléchissons à des formules innovantes qui permettront à chacun d’y prendre part. »

Le premier ministre dit vouloir engager un dialogue sur trois sujets :

  • Le rythme de la transition écologique. « Nous devons nous libérer du pétrole, mais pas contre les Français. Le gouvernement a fait des propositions, peut-être sont-elles insuffisantes, le mieux, c’est d’en parler avec les Français, les professionnels, avec les élus, et en particulier les maires. Nous y sommes prêts. »
  • Les trajets domicile-travail. « J’ai demandé aux deux ministres en charge de rassembler les partenaires sociaux de l’évoquer. On ne réglera pas un problème aussi ancien en quelques jours. D’ici six mois, nous devrons apporter des solutions concrètes. »

 

  • L’impôt et les services publics. « Les Français veulent que l’impôt baisse. La France est le pays le pus endetté, le pays où il y a le plus d’impôts. Nous dépensons toujours plus, mais jamais le sentiment d’abandon n’a été aussi grand. Il y a quelque chose qui ne va pas. (…) Nous devons ouvrir un débat sur les impôts et la dépense publique. Ce débat doit permettre de ramener un peu de sérénité et de vérité sur un sujet hautement passionnel. Mais ce débat ne doit pas se traduire par de nouvelles taxes et plus de déficit. Nous ne devons pas léguer à nos enfants une dette incontrôlable. »

En direct de l’Assemblée :

Edouard Philippe réitère ses propos d’hier : « Aucune taxe ne mérite de mettre en danger l’unité de la nation »

 

 

C’est pourquoi nous avons pris avec le président de la République la décision de suspendre pour six mois la mise en oeuvre des mesures fiscales sur les carburants et les tarifs de l’énergie. Suspendre non pour endormir mais pour débattre. Trouver les mesures d’accompagnement les plus justes. Si nous ne trouvons pas ces mesures, nous ne rétablirons pas ces taxes. Si un accord intervient nous l’inscrirons dans le projet de loi finances rectificatif prévu au printemps. 

 

Edouard Philippe ouvre ce débat à l’Assemblée nationale : « Regarder la colère en face »

« Le 17 novembre dernier, plus de 300 000 Français manifestaient en France pour exprimer leur colère. Depuis ils sont restés pour exprimer leur colère. Elle s’est exprimée sous une forme inédite. Ce débat est l’occasion de regarder cette colère en face, de l’interroger et de la comprendre. « 

Notre journaliste suit en direct le débat à l’Assemblée

Débat à l’Assemblée nationale à 15 heures

Au lendemain des annonces d’Edouard Philippe, le premier ministre doit faire une déclaration « sur la fiscalité écologique et ses conséquences sur le pouvoir d’achat »​ à partir de 15 heures à l’Assemblée nationale. S’en suivra ensuite un débat avec les députés. 

Ce tchat est désormais terminé. Merci beaucoup à toutes et à tous pour vos très nombreuses questions. 

Gérard Courtois : La situation est si mouvante que les sondages sont rapidement dépassés par la réalité. Depuis trois jours, je n’ai pas vu d’études solides publiées permettant d’évaluer de manière un peu fine l’état précis de l’opinion. Il est vraisemblable que des sondages vont être réalisés après les annonces d’Edouard Philippe et avant le week-end. On y verra plus clair alors. 

Gérard Courtois : Il est manifeste que tous les responsables politiques qui ont été balayés, voire ridiculisés par Emmanuel Macron en 2017, n’ont pas digéré cette humiliation. Il y a dans leur vindicte actuelle un goût évident de revanche. Et c’est un sentiment qui est singulièrement dangereux : obsédés de vouloir renvoyer à Macron la monnaie de sa pièce, ils semblent bien peu soucieux de savoir dans quel vide politique la France pourrait se retrouver en cas d’effondrement du pouvoir actuel. 

Quant aux chaînes d’information en continu, elles font ce pour quoi elles ont été créées avec une boussole essentielle : leur audience. Dès lors que ce mouvement, jusqu’à présent, suscite énormément d’intérêt, de prises de parole et d’échanges, elles y trouvent évidement leur compte. A titre personnel, étant un dinosaure de la presse écrite je me pose la question de savoir si elles mesurent lucidement l’effet d’entraînement qu’elles exercent sur un tel mouvement. Il faudra voir dans les jours à venir si cette couverture permanente et massive ne provoque pas au bout du compte une overdose. 

Gérard Courtois : C’est bien la raison pour laquelle le pouvoir ne voulait pas reculer. Il est très prématuré de faire des plans sur la comète sur la suite du quinquennat. Dans l’immédiat, on ne sait même pas comment le gouvernement et le président pourront sortir de l’impasse. Mais il est évident que ce recul peut donner des idées à tous ceux qui voudront s’opposer à des réformes programmées et potentiellement explosives comme celle des retraites ou celle de l’assurance-chômage. 

La seule solution pour le gouvernement serait que la grande phase de concertation qu’il a annoncée fasse la démonstration qu’il est réellement prêt à associer, non seulement les corps intermédiaires mais même les citoyens aux choix économiques et sociaux de demain. 

Gérard Courtois : Ce serait un peu la roulette russe, tant la situation politique est électrique et imprévisible. Il est vrai que les oppositions ne convergent aujourd’hui que dans le réquisitoire contre le pouvoir et qu’aucune d’entre elles ne paraît à ce stade en mesure de constituer une majorité parlementaire. 

Mais quand on dispose d’une majorité (La République en marche + MoDem) de quelque 350 députés (sur 577), on y réfléchit à deux fois avant de s’embarquer dans un pari aussi risqué. D’autant plus que cette majorité novice et encore très hors sol pourrait fort bien être réduite à fort peu de choses en cas de dissolution. 

La dispersion et la faiblesse des oppositions, ainsi que l’indécence de leurs critiques actuelles (les socialistes comme Les Républicains avaient approuvé la fiscalité écologique qui fait aujourd’hui débat) ne leur garantit nullement le succès. Mais on risquerait de se retrouver avec une absence de majorité et une paralysie politique du pays. 

Gérard Courtois : Cette crise menace effectivement le président d’un véritable tête-à-queue. A la fois sur la stratégie et sur la méthode. Il a été élu il y a dix-huit mois sur la base d’une politique libérale, vigoureusement « proentreprises », convaincu que la relance de la croissance passait par là et que c’était la condition pour s’attaquer sérieusement au cancer du chômage. 

Aujourd’hui, il est contraint sous la pression de prendre en compte des questions essentielles : celles de la justice et des inégalités sociales et fiscales. Il est difficile à ce stade de savoir jusqu’où il voudra, ou sera contraint d’aller dans cette direction. Mais il est clair qu’elle est en contradiction avec toute la philosophie qui a présidé à son action jusqu’à présent. 

De même sur la méthode, toute la crédibilité de sa stratégie politique reposait sur la mise en œuvre rapide, déterminée, voire implacable de ses promesses de campagne. Cela a « marché » pendant un an : c’est comme cela qu’il a fait passer la réforme du droit du travail ou celle de la SNCF. Il s’est convaincu qu’il pouvait continuer ainsi. Il mesure aujourd’hui à quel point cette verticalité autoritaire heurte le pays et propose de faire exactement l’inverse dans les trois prochains mois : une vaste concertation avec tous les acteurs économiques et sociaux, non seulement sur la transition énergétique, mais également sur la politique fiscale et la question du pouvoir d’achat. 

Il est extrêmement peu probable que cette démarche soit perçue comme crédible tant elle est en contradiction avec celle qu’il a adoptée auparavant. 

Gérard Courtois : Dans une crise aussi incontrôlable et insaisissable, le président de la République ne peut pas intervenir en permanence sous peine de démonétiser complètement sa parole. Or, Emmanuel Macron est déjà intervenu longuement il y a une dizaine de jours pour dire combien il avait compris la colère des Français mais dans le même temps pour défendre sa politique et afficher sa détermination à la poursuivre. 

Depuis, le président est devenu la cible d’un tel rejet qu’il ne peut plus prendre la parole sauf pour annoncer une ou des initiatives majeures. Or il est clair qu’il n’y est pas prêt. En attendant d’y voir plus clair, espère-t-il, il a demandé au premier ministre de monter en première ligne. Mais il est placé dans une contradiction très compliqué : s’il se tait il donne le sentiment d’être tétanisé et désarmé par la crise ; s’il parle, il a toutes les chances en ce moment d’attiser un peu plus la hargne des « gilets jaunes ». 

Dans une crise similaire, en mai 68, et pourtant c’était De Gaulle qui était à l’Elysée, le président de la République avait également échoué dans un premier temps à trouver le bon registre. Son intervention solennelle, au milieu de la crise, annonçant l’organisation d’un référendum sur la régionalisation était tombée complètement à côté de la plaque. Et il avait fallu attendre le 30 mai et l’exaspération croissante de la « majorité silencieuse » pour qu’il retrouve les mots qui allaient mettre fin au mouvement. Macron n’en est pas encore là. 

Gérard Courtois : Le problème du gouvernement (et cela a été le cas de la plupart des gouvernements confrontés à des crises similaires) est qu’il a gravement sous-estimé, il y a un mois, la nature du mouvement qui démarrait. Cette incompréhension partagée, il faut bien le dire, par la plupart des responsables politiques, syndicaux et également par les médias, la conduit à sous-estimer la menace et à réagir systématiquement avec un ou deux temps de retard. 

Ainsi, au lendemain du premier samedi de mobilisation, le 17 novembre, le premier ministre est intervenu à la télévision le dimanche soir pour rappeler, en une dizaine de minutes, que le cap de sa politique était bon. Et pour écarter d’un revers de main l’aide que lui proposait le secrétaire général de la CFDT, Laurent Berger. Au lendemain du deuxième samedi de manifestation, c’est le président de la République qui est intervenu à son tour : il a cherché à élargir le débat à l’ensemble de la question de la transition écologique et admis qu’un grand débat national sur le sujet était désormais salutaire alors qu’il paraissait négligeable une semaine avant. Du coup il n’a fait qu’attiser la colère de « gilets jaunes » toujours plus convaincus qu’il ne tenait pas compte de leurs difficultés, de leurs anxiétés de fin de mois et de leurs revendications. 

Les décisions annoncées par Edouard Philippe, mardi, témoignent du même décalage : en annonçant un moratoire de six mois sur les augmentations de taxes sur l’essence, et en particulier du diesel, et le gel des prix de l’électricité et du gaz, il a donné le sentiment de répondre avec trois semaines de retard aux demandes qui avaient mis le feu le poudre. Inévitablement, bon nombre de « gilets jaunes » ont considéré que c’était trop peu (« des miettes, des cacahuètes ») et trop tard. 

Peut-il sortir d’autres mesures de son chapeau ? Certainement pas dans l’immédiat car tout le monde attend de savoir comment l’opinion va réagir à ces gestes qui se veulent d’apaisement et comment les « gilets jaunes » eux-mêmes vont se mobiliser samedi prochain pour une journée qui s’annonce hautement périlleuse. De nouvelles initiatives du pouvoir ne pourront être annoncées, le cas échéant, qu’après le week-end. 


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