Bonsoir Cus452,
Le président a déclaré que « le salaire d’un travailleur au smic augmentera de 100 euros par mois dès 2019 sans qu’il en coûte un euro de plus pour l’employeur. » L’augmentation ne devrait pas toucher le smic directement – puisque si c’était le cas, ce serait à l’employeur de verser un salaire plus important – mais la prime d’activité, versée par l’Etat.
Emmanuel Macron s’était déjà engagé à augmenter de 30 euros en avril 2019 et de 20 euros en 2020 cette prime d’activité. Il s’agit donc d’une accélération, d’une amplification de cet engagement, plus que d’une création de cette augmentation des revenus pour les travailleurs au smic. Tous les travailleurs qui ne touchent pas cette prime d’activité ne seront donc pas touchés par cette annonce.
Bonjour Bonjour,
Notre journaliste au service politique Aline Leclerc a recueilli des premières réactions auprès de « gilets jaunes », « dans l’ensemble mitigés » :
Eric 53 ans, chef d’une TPE dans les énergies renouvelables, l’un des porte-parole du mouvement à Saint-André-de-Cubzac en Gironde : « A chaud, une fois de plus un discours de politique politicienne. Nous voulions quelque chose de plus profond, une remise en cause immédiate de la Constitution, soit un référendum d’initiative citoyenne. Je pense que nous continuons le mouvement, à débattre avec les “gilets jaunes”. »
Valérie, 50 ans, auxiliaire de vie à Senlis. Elle et son mari, chauffeur d’engin, gagnent 2 smic pour un loyer de 600 euros avec un enfant de 18 ans à charge. Elle a manifesté plusieurs fois à Paris. « Il me semble qu’il a fait un effort, il nous a entendus. La meilleure annonce qu’il ait faite c’est pour les retraités. Par contre pour le smic, il n’a pas précisé si c’est brut ou net. Autour de moi les “gilets jaunes” n’ont pas l’air satisfaits. Donc le mouvement continue et s’il le faut on retournera à Paris samedi. »
Isabelle 42 ans, aide-soignante de nuit à l’hôpital dans l’Oise. Elle a manifesté plusieurs samedi à Paris. « Des mesures concrètes oui.. mais moi qui suis fonctionnaire a l’hôpital faisant moi aussi partie de cette classe moyenne qui le 10 du mois n’a plus rien, il ne m’apporte aucune réponse pour mon pouvoir d’achat… Les heures supplémentaires d’accord mais à l’hôpital y’en a pas, les hôpitaux n’ont pas de sous ils préfèrent déplacer nos repos que de nous payer des heures supplémentaires. » « La prime de fin d’année qu’il demande aux entreprises de verser ça concerne le privé et pas le public… Le smic mon salaire de base est un peu au-dessus. Donc idem pas concernée… Donc voilà la classe moyenne du public est oubliée. Les mesures annoncées ne concernent pas tout le monde. »
Laurent, 51 ans, informaticien. Il a participé aux trois premiers manifestations parisiennes :
« Bof, bof. Une multitude de “je veux” qui donnent l’impression d’un programme électoral, un peu à la “moi président”. Un coup de pouce notable au smic mais sans préciser le mécanisme du financement. Un geste notable également en faveur des retraités mais toujours sans préciser le mécanisme du financement. Quid de la taxe d’habitation dont la suppression devait être compensée par la hausse de la CSG ? Rien sur le prix du carburant, rien sur les salaires incompréhensibles et avantages des élus dont l’image est dégradée. Quant à prendre des engagements à la place des entreprises sur le sujet des primes c’est très hasardeux voire peu crédible. J’ai peur que ces annonces soient trop tardives. J’espère me tromper. »
Le président de la République a dit lundi vouloir décréter « l’état d’urgence économique et sociale », et a annoncé la mise en place de plusieurs mesures :
- Le revenu d’un travailleur au smic augmenté de 100 euros par mois
Le chef de l’Etat a demandé au gouvernement de travailler sur une hausse du salaire minimum mensuel de 100 euros « pour tous les travailleurs », et ce « sans qu’il en coûte rien à leur employeur ».
Emmanuel Macron n’a pas apporté de précision sur cette hausse, qui s’ajoute à l’augmentation de 1,8 % prévue en janvier. Une source patronale contactée par Le Monde estime que seule une hausse via la prime d’activité aurait un coût nul pour les entreprises.
- La hausse de la CSG annulée pour les retraités touchant moins de 2 000 euros par mois
L’augmentation de la contribution sociale généralisée (cotisation sur tous les revenus finançant la Sécurité sociale) « subie cette année » (en 2018) va être annulée pour les retraités touchant moins de 2 000 euros par mois. Jusqu’ici, le seuil de hausse de CSG pour les retraités était de 1 280 euros (ou 1 394 euros pour les moins de 65 ans).
- Une prime de fin d’année demandée aux employeurs « qui le peuvent »
Le gouvernement va également « demander à tous les employeurs qui le peuvent de verser une prime de fin d’année à leurs employés », là encore défiscalisée.
- Les heures supplémentaires défiscalisées
Les heures supplémentaires seront « versées sans impôts ni charges dès 2019 » alors qu’elles devaient initialement être « désocialisées » (pas de cotisations) en septembre 2019.
- Pas de retour sur la suppression de l’ISF
Le chef de l’Etat a écarté tout retour de l’impôt sur la fortune (ISF), supprimé au début du quinquennat au profit de l’impôt sur la fortune immobilière (IFI).
L’ambiance lors du discours d’Emmanuel Macron dans l’Hérault, racontée par Manon Rescan, journaliste au Monde, sur place :
A Galargues, dans l’Hérault, l’intervention présidentielle s’est invitée dans la réunion publique de la députée La République en marche Coralie Dubost. Des « Macron démission » ont résonné quand le visage du président de la République s’est affiché sur le mur où son discours était projeté. Une partie des « gilets jaunes » qui assistaient à la réunion n’ont pas voulu l’écouter.
Un autre, Sébastien, 27 ans, béret blanc sur la tête et keffieh autour du cou a écouté jusqu’au bout. La hausse du smic de 100 euros par mois ? « Des miettes » s’est-il insurgé à la fin de l’allocution. « On continue le combat » a-t-il lancé. Lui réclame un « référendum d’initiative populaire » et cite François Ruffin. Mais la moitié de la salle, où sont assises une soixantaine de personnes, dont beaucoup de retraités, a applaudi le discours. L’annonce de la suppression de la hausse de la CSG pour les retraités touchant moins de 2 000 euros a notamment été saluée.

Selon notre journaliste au service politique Aline Leclerc :
Plusieurs des annonces d’Emmanuel Macron font écho à des revendications des « gilets jaunes ».
Et d’abord l’augmentation du smic, citée par absolument tous les Français mobilisés sur les ronds-points depuis le 17 novembre. Les retraités, qui sont très nombreux dans cette mobilisation, se plaignaient de l’impact de la hausse de 1,7 % de la CSG (contribution sociale généralisée) appliquée depuis janvier sur leur retraite. Ils pourraient donc être sensibles à l’annulation de cette mesure pour ceux qui touchent moins de 2 000 euros par mois.
Mais deux revendications fondamentales sont absentes des annonces : M. Macron a écarté le retour de l’impôt de solidarité sur la fortune (ISF). Et il n’y a aucune annonce claire concernant le système politique, la modification du système représentatif : or, pour nombre de « gilets jaunes », c’est un point crucial. Beaucoup militent désormais pour la mise en place d’un référendum d’initiative citoyenne, voire la mise en place d’un scrutin à la proportionnelle aux élections législatives.
Audrey Tonnelier, journaliste au service politique du Monde, fait une première analyse de l’intervention d’Emmanuel Macron :
Comme on s’y attendait, Emmanuel Macron a écarté tout retour de l’ISF. Il a en revanche annoncé deux mesures qui avaient été écartées ces dernières heures par ses ministres lors de prises de paroles publiques : la hausse de 100 euros par mois du salaire des travailleurs payés au smic dès janvier 2019, et l’annulation de la hausse de CSG « subie cette année » (en 2018) pour les retraités qui touchent moins de 2 000 euros par mois – jusqu’ici le seuil de hausse de CSG pour les retraités était de 1280 euros (ou 1394 euros pour les moins de 65 ans).
Il a également annoncé deux mesures plus attendues : les heures supplémentaires seront « versées sans impôts ni charges dès 2019 » alors qu’elles devaient initialement être « désocialisées » (pas de charges) en septembre 2019. Le gouvernement va également « demander à tous les employeurs qui le peuvent de verser une prime de fin d’année à leurs employés », là encore défiscalisée. Avec les annonces sur le SMIC et les heures supplémentaires, le président conserve l’une des lignes directrices de son quinquennat, pouvoir « vivre mieux de son travail », comme il l’a répété ce soir.
La mesure sur la CSG vient en revanche réorienter quelque peu l’un des points clefs de son programme, qui consistait à faire payer les retraités pour les actifs. Politiquement et socialement, cette mesure passait très difficilement dans l’opinion. Le chef de l’Etat a d’ailleurs concédée qu’elle n’était pas « juste ». Ces annonces vont venir peser sur le budget de l’Etat, sans que le président n’ait pour l’heure détaillé leur financement. La hausse du salaire des personnes payées au smic se fera « sans qu’il en coûte un euro de plus pour l’employeur » a précisé Emmanuel Macron – l’augmentation de la prime d’activité est évoquée par plusieurs sources au Monde.
« Nous ne reprendrons pas le cours de nos vies sans que rien n’ait changé. Nous sommes à un moment historique pour notre pays. Mon seul souci, c’est vous. Mon seul combat c’est pour vous. Notre seule bataille, c’est pour la France. Vive la République, vive la France », a conclu Emmanuel Macron.
Une consultation des maires « région par région »
« Nous avons devant nous à conduire une réforme profonde de l’Etat », a-t-il poursuivi. « Un débat sans précédent devra se dérouler au niveau national dans nos institutions, chacun y aura sa part : gouvernement, Assemblée nationale, partenaires sociaux et associatifs, vous aurez votre part », a déclaré le chef de l’Etat.
« Ces réflexions de fond imposent un débat sans précédent. Je veux en assurer moi-même la coordination. Un tel débat doit se dérouler partout sur le terrain. Je rencontrerai les maires région par région pour conduire le nouveau contrat pour la nation. »
« Je demanderai à tous les employeurs qui le peuvent de verser une prime de fin d’année aux employés qui sera défiscalisée », a par ailleurs déclaré Emmanuel Macron lors de son intervention. « Les heures supplémentaires seront versées sans impôts ni charges dès 2019 », a-t-il également annoncé.
« Pour [les retraités] qui touchent moins de 2 000 euros par mois, nous annulerons en 2019 la hausse de la CSG [contribution sociale généralisée] », a également annoncé Emmanuel Macron. « L’effort demandé était trop important », a estimé le président.
« C’est donc désormais le calme et l’ordre républicain qui doivent régner », prévient Emmanuel Macron, tout en disant ne pas vouloir réduire la colère des « gilets jaunes » « au comportement inacceptable » qu’il vient « de dénoncer ».
Cette colère, « c’est celle de la mère célibataire ou divorcée qui ne vit même plus, qui n’a pas les moyens de faire garder les enfants et d’améliorer ses fins de mois, et n’a plus d’espoir », continue le chef de l’Etat. « C’est celle des retraités modestes qui ont contribué toute leur vie et qui, souvent aidés par leurs enfants, ne s’en sortent pas. »
Sans préambule, le président de la République dénonce dès le début de son allocution les violences qui ont émaillé les actions des « gilets jaunes » :
« Les événements de ces dernières semaines dans l’Hexagone et outre-mer ont profondément troublé la nation. Ils ont mêlé des revendications légitimes et un enchaînement de violence inadmissible, et je veux vous le dire d’emblée ces violences ne bénéficieront d’aucune indulgence.
L’intervention d’Emmanuel Macron a débuté
« C’est le rond-point des Gaulois »
Une dizaine à une centaine de gilets jaunes, selon les jours, occupent le rond-point de « Jardiland » à Saint-Clément, dans l’Yonne, décrit notre journaliste sur place, Faustine Vincent :
« C’est le rond-point des Gaulois », y explique fièrement Philippe, 61 ans, casque d’Astérix sur la tête. Au fil des jours, ils ont construit une grande cabane qu’ils gardent jour et nuit. Ce soir, Clément Dejoye, un membre du groupe, a rapporté spécialement sa télévision pour pouvoir regarder le discours d’Emmanuel Macron avec le reste de la bande. « C’est important de l’entendre, et que toute la famille Gilets jaunes puissent l’écouter », explique ce jeune ambulancier, assis sur le banc face à l’écran plat tout juste installé sous la bâche. « Comme ça au moins tout le monde va entendre la même chose, au lieu d’avoir des versions différentes, souligne sa voisine Adeline, 23 ans, actuellement au chômage. Et si quelqu’un ne comprend pas quelque chose, on pourra lui expliquer ». « Et surtout débattre ! », ajoute la mère de Clément, Corinne Leblanc. Assise aux côtés de son fils, elle est au chômage depuis deux mois après avoir enchaîné 20 CDD dans la grande distribution.
Benjamin Girette pour Le Monde
Bonsoir Mita,
L’intervention d’Emmanuel Macron est notamment diffusée sur TF1, France 2, Canal+, ainsi que les chaînes d’information en continu (Franceinfo, LCI, CNews, BFM-TV). Plusieurs radios (dont Europe 1 et RTL) la diffusent également.
Le discours d’Emmanuel Macron avec des « gilets jaunes »
La journaliste du Monde Faustine Vincent est avec les « gilets jaunes de la commune de Sens, dans l’Yonne. Sur le rond-point du Jardiland, dans la commune limitrophe de Saint-Clément, les manifestant ont amené une télévision dans leur cabane pour suivre l’allocution du président de la République.
« Il y aurait du concret, du solide
Emmanuel Macron, Edouard Philippe et plusieurs ministres du gouvernement se sont réunis, lundi matin, avec des représentants de syndicats et d’organisations patronales, des élus et les présidents du Sénat et de l’Assemblée nationale pour préparer cette allocution.
A l’issue de la réunion, plusieurs participants ont fait savoir que le président les avait écoutés, mais sans donner d’indication sur les annonces à venir. « Aucune mesure n’a été annoncée, le président nous a simplement écoutés. Ce qu’on a entendu, c’est qu’il y aurait du concret, du solide », a néanmoins ajouté Hervé Morin, président de Régions de France.
Bonjour et bienvenue dans ce live consacré à l’allocution d’Emmanuel Macron. Le chef de l’Etat s’exprime à 20 heures du palais de l’Elysée pour tenter de désamorcer le conflit avec les « gilets jaunes », après la mobilisation, samedi, de 136 000 personnes dans toute la France pour la quatrième journée d’actions du mouvement.
Continuer à lire sur le site d’origine