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Skieurs engagés pour le climat : « Nous contribuons nous-mêmes à détruire notre sport »

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André Myhrer, en Finlande, en novembre 2018.

André Myhrer, en Finlande, en novembre 2018. MARKKU ULANDER / AFP

En chaussons gris clair et tablier assorti, le champion olympique de slalom, André Myhrer, 35 ans, fait griller des hamburgers au soja sur son barbecue, derrière sa maison d’Hudiksvall, à l’est de la Suède. Avec lui, le chef Gustav Johansson, auteur du premier blog de recettes véganes du pays. Le clip a été tourné cet été et mis en ligne le 30 octobre sur la page Facebook de l’équipe suédoise de ski alpin par son sponsor, l’électricien Vattenfall. Il fait partie de la campagne « klimatlandslaget » (« équipe nationale pour le climat ») lancée à l’automne 2017.

Pour André Myhrer, vingt-sept podiums en coupe du monde, c’est du sérieux. Avec ses camarades, ils sont aux premières loges pour observer les effets du réchauffement climatique. Et le constat est amer. Partout, les glaciers reculent et les skieurs ont de plus en plus de mal à trouver des endroits où s’entraîner. « Il y a quelques mois, j’étais à Sölden, en Autriche, où nous allions nous entraîner avec l’équipe junior, raconte le champion. C’est incroyable à quel point cela a changé en une quinzaine d’années. Et c’est partout pareil. Un hôtelier, dans le col du Stelvio, en Italie, m’a dit que le glacier reculait d’un mètre par an. »

En 2017, les cadres de l’équipe de Suède s’interrogent : « On s’est demandé à quel point nous contribuions nous-mêmes à détruire notre sport », déclare Kalle Olsson, directeur de la communication. Les transports en avion, les déplacements en voiture, les nuits d’hôtel, l’alimentation ultrariche en protéines… le calcul montre que chaque membre de l’équipe émet en moyenne 44 tonnes de CO2 par an, soit quatre fois plus qu’un Suédois ordinaire.

« Nous allons devoir faire de gros changements »

Fin 2017, l’équipe se fixe donc un objectif : réduire de 25 % ses émissions d’ici les championnats du monde à Are, au nord du pays, en février 2019, et de moitié d’ici les Jeux olympiques de Pékin en 2022. Des chiffres ambitieux, qui exigent un équilibre : « Nous allons devoir faire de gros changements, mais sans que ce soit au détriment de nos objectifs », explique Kalle Olsson. A savoir : remporter des podiums et gagner des médailles.

« Nous savons, par exemple, que nous ne pourrons pas arrêter de prendre l’avion, mais nous pouvons envisager nos déplacements différemment, de façon plus lucide et structurée », précise Tommy Eliasson Winter, directeur de l’équipe. Par exemple, en prolongeant les périodes d’entraînement sur certains sites, au lieu de multiplier les déplacements : « Nous réfléchissons actuellement à la façon d’améliorer la qualité de l’entraînement en voyageant moins. »


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