Des Hongrois manifestent leur « ras-le-bol » de Viktor Orban

Article réservé aux abonnés

Une marche improvisée a rassemblé environ mille cinq cents personnes le 15 décembre. Le lendemain soir, elles étaient deux mille, puis trois mille, certaines d’entre elles défiant parfois les forces de l’ordre.

Une marche improvisée a rassemblé environ mille cinq cents personnes le 15 décembre. Le lendemain soir, elles étaient deux mille, puis trois mille, certaines d’entre elles défiant parfois les forces de l’ordre. PETER KOHALMI / AFP

D’abord quelques centaines à Budapest, puis des milliers, partout en Hongrie. Une contestation importante est observée dans ce pays d’Europe centrale, membre de l’Union européenne depuis 2004 et qui compte 9,8 millions d’habitants. Provoquée par le vote, mercredi 12 décembre, de deux lois controversées, elle est en train de muter en un mouvement protéiforme d’opposition radicale au pouvoir du premier ministre souverainiste Viktor Orban, aux manettes depuis 2010 et réélu en avril. Le 17 décembre, une manifestation nocturne avait encore lieu dans la capitale. Et des députés occupaient toujours une loge, au siège de la télévision publique.

Désormais, tout employeur pourra exiger d’un salarié jusqu’à quatre cents heures supplémentaires par an

Tout a commencé au cœur même du Parlement. En l’absence de toute politique d’immigration, dans un contexte économique florissant de plein-emploi, les députés du parti Fidesz, majoritaires à la Chambre, ont procédé à une modification du temps de travail, afin de pallier une grave pénurie de main-d’œuvre. Désormais, tout employeur pourra exiger d’un salarié jusqu’à quatre cents heures supplémentaires par an, dont il aura le loisir d’étaler le paiement sur trente-six mois. Alors que ce changement suscitait l’indignation des syndicats et des élus du camp adverse, leurs arguments comme leurs amendements ont été balayés.

« Le Fidesz ne prend donc même plus la peine d’écouter les points de vue différents du sien », commente le journaliste Ernst Gelegs, employé par la radiotélévision publique autrichienne ORF, en poste en Hongrie. Les gens commencent à réaliser qu’ils ne participent plus du tout à la prise de décision. Seul ce que pense le parti dominant compte. » Cette frustration s’est traduite par une fronde sans précédent de toutes les formations siégeant en dehors des rangs de l’exécutif.

Une « parodie de démocratie »

Munies de sifflets, elles ont pris la décision de hurler dans l’hémicycle, dénonçant une « parodie de démocratie », d’autant plus criante que le même jour, le Parlement hongrois approuvait le renforcement des prérogatives du ministre de la justice, qui pourra nommer les juges d’une future Cour supérieure administrative, amenée à traiter des dossiers sensibles, comme certains appels d’offres publics, tandis que la corruption est endémique en Europe centrale et orientale. Les images de députés écologistes, d’extrême droite ou sociaux-démocrates à bout de nerfs, ne voulant plus faire semblant d’être un contre-pouvoir et interpellant directement Viktor Orban, ont ensuite immédiatement enflammé les réseaux sociaux.


Continuer à lire sur le site d’origine