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Au club de tir « Calibre 12 » de Rio de Janeiro, le 3 septembre. DANIEL RAMALHO / AFP
LETTRE DE SAO PAULO
A l’entrée du club, une pancarte promet de devenir un as du revolver. Quelques mètres plus loin une autre affiche vante les vertus de la « tiroterapia », les bienfaits « thérapeutiques » du tir. « Certains viennent ici pour se calmer, pour décharger leur stress », explique José.
Au sous-sol d’un immeuble décati du centre de Sao Paulo, la capitale économique du Brésil, le patron du club de tir assure que vider ses cartouches sur une silhouette en carton est un défouloir comme un autre. Un moyen de décompresser plus efficace, peut-être, qu’une partie de squash. Mais bientôt, José en est sûr, tirer ne sera plus seulement un sport, mais « un droit ».
Jair Bolsonaro, élu à la présidence du pays le 28 octobre, a promis de rendre au « citoyen de bien » le droit de se défendre avec une arme à feu révoquant ou assouplissant l’« estatuto do desarmamanto », la loi sur le désarmement de 2003. « Si cela ne tenait qu’à moi, avec votre aide, tout le monde pourrait avoir une arme à feu », affirmait encore le leader de l’extrême droite quelques mois avant son élection.
Défense du patrimoine
Priorité du militaire, cet engagement pourrait être tenu dès le premier semestre de 2019. « Le texte est prêt ! Il n’a plus qu’à passer au vote du Congrès », assure Elias Miler da Silva, chef de cabinet du député Major Olimpio, proche de Jair Bolonaro. Le projet en question vise à autoriser la possession d’armes au domicile de l’usager au nom de la défense du patrimoine et de réduire l’âge minimum de 25 à 21 ans. Aujourd’hui seuls les policiers, les agents de sécurités privés et les pratiquants de tir sportif peuvent détenir une arme.
« On ne laissera pas n’importe qui avoir un fusil », précise M. Miler da Silva rappelant l’obligation de passer des tests, notamment, psychologiques. Marcher dans la rue avec son colt, sauf absolue nécessité, restera également interdit. « La première chose que font les gouvernements totalitaires c’est de désarmer la population ! Il ne fait aucun doute que le texte sera adopté », conclut le chef de cabinet prétendant que « la voiture tue chaque année plus que les armes à feu ».
Preuve de cette victoire annoncée, l’action du fabriquant brésilien d’armes Taurus a vu son action bondir de 400 % au début du mois d’octobre, notait le site Informoney, mi-octobre. Impatients, les « citoyens de bien » se préparent déjà à dégainer.
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