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Les films de Noël de la rédaction du « Monde.fr »

Et vous, vous êtes plutôt rom com ou péplum ? Maman j’ai raté l’avion, ou Le Père Noël est une ordure ? Est-ce que Die Hard est une saga de Noël ? A l’approche des fêtes de fin d’année, la rédaction du Monde.fr aussi s’est posé ces questions existentielles. Alors pour alimenter le débat ou vous donner des idées de longs métrages à consommer entre Noël et le jour de l’An, voici notre sélection, 100 % subjective, des meilleurs films de Noël. Attention, feel good ci-dessous.

  • « Il était une fois en Amérique » (1984)

Parce que s’autoriser, pendant près de quatre heures, blotti au chaud sous sa couette, cette grande fresque sur l’Amérique post-prohibition, n’est jamais aussi bon qu’à Noël. Troisième volet, après Il était une fois dans l’Ouest (1968) et Il était une fois la révolution (1971), de la saga de Sergio Leone sur l’histoire américaine, Il était une fois en Amérique raconte, pendant quarante-cinq ans, l’ascension vers le gangstérisme d’une poignée de gamins new-yorkais, unis à la vie à la mort, dans l’amitié comme dans le crime.

Robert de Niro, impeccable, et quelques scènes devenues cultes, notamment celle dans la fumerie d’opium où « Noodles » – aka De Niro – laisse son esprit se perdre dans les brumes de la drogue. A déconseiller aux fans de Joséphine, ange gardien, mais idéal pour le temps alangui de Noël.

  • « Maman, j’ai encore raté l’avion » (1992)

« Qu’est-ce que tu veux qu’il fasse ? C’est un gosse, et les gosses, c’est des empotés. » Le voleur joué par Daniel Stern ricane bien en se tournant vers Joe Pesci, mais ça ne va pas durer. Les « casseurs poisseux » sont, une nouvelle fois, tombés sur Kevin McCallister : un enfant de 10 ans insolent et malin interprété par Macaulay Culkin. Tandis que toute sa famille est à Miami pour Noël, lui est arrivé par erreur à New York. Bonnet vissé sur la tête, portefeuille bien rempli du père en poche, il débarque au Plaza hôtel et dilapide l’argent de ses parents dans une suite luxueuse.

Comme il ne peut pas se goinfrer de glaces toute sa préadolescence et qu’il n’est pas si égoïste que sa famille veut bien le croire, Kevin McCallister lance « l’opération Hohoho » lorsqu’il comprend que des voleurs veulent subtiliser le coffre du grand magasin de jouet Duncan. La maison vide de son oncle devient un terrain de jeux géant pour mettre à l’amende des méchants qui sont bêtes à manger du foin. Mais preuve que le film de Chris Columbus est un conte de Noël pour enfant (même s’ils sont parfois turbulents), pas une goutte de sang ne perle sur les fronts des « casseurs poisseux ». Dans la réalité, cela pourrait davantage se rapprocher de ceci ou cela.

  • « Les Gremlins » (1984)

« Règle numéro trois : ne jamais le nourrir après minuit »… Gizmo est une petite bestiole adorable que tous les enfants nés dans les années 1980 ont rêvé d’adopter. Seul petit problème : soumis aux actions conjuguées de la lumière du soleil, de l’eau et de la nourriture nuitamment ingurgitée, il ne peut s’empêcher d’engendrer des monstres « méchants, intelligents, dangereux ». Les Gremlins, c’est une initiation au gore bon enfant : quand l’un finit façon bouillie dans le mixeur familial, l’autre se fait exploser dans le micro-ondes. Ils sont vicelards, drôles et même punks, confer la crête blanche du Gremlins en chef, mais peuvent vous tuer pendant votre sommeil.

D’aucuns diront avec mauvaise foi que le film a vieilli, mais c’est parce qu’il date d’une époque où les effets spéciaux étaient réalisés à base de pâte gluante et d’animatroniques, ces créatures robotisées recouvertes de latex – un tour de force technique salué à l’époque. Les mouvements sont saccadés, les textures sont grumeleuses et gluantes. On y croit, à ces bêtes sorties de nos fantasmes morbides. Et c’est avec délice, qu’enfant, on a nourri en secret son chat après minuit dans l’espoir que peut-être l’improbable se produise…

  • « Le Père Noël est une ordure » (1982)

Tout le monde connaît au moins une réplique du Père Noël est une ordure (si si, même si vous l’ignorez). Des doubitchous « roulés à la main sous les aisselles » qui sont « fins, très fins, se mangent sans faim », au gilet en serpillière « avec des trous plus grands pour les bras » en passant par Zézette qui « épouse X » jusqu’à Thérèse que Pierre a « beaucoup moins bien réussi que le porc » sur la peinture kitchissime qu’il lui offre ; le réservoir des citations cultes de ce film de Noël paradoxalement sorti en plein mois d’août est inépuisable. Ce film, on le regarde comme on écoutait nos parents nous raconter la même histoire qu’on connaissait par cœur avant d’aller dormir. On anticipe les scènes mythiques, on rigole avant même les passages comiques, on articule en silence les dialogues pendant qu’ils sont dit à l’écran… On se sent comme à la maison avec ces personnages et situations si familières qui nous accompagnent depuis plus de 35 ans et au moins autant de rediffusions à la télé. Mais le meilleur, ce n’est pas ça ; c’est que même si vous regardez ce film pour la toute première fois aujourd’hui, on vous garantit qu’il vous fera rire et que vous ne regrettez qu’une seule chose, de ne pas l’avoir vu plus tôt. C’est cela, oui.

  • « Love actually » (2003)

Scénariste de Coup de foudre à Notting Hill et Quatre mariages et un enterrement Richard Curtis est le maître de la comédie romantique anglaise. Son film-choral est un chef-d’œuvre du genre – genre mineur, certes, mais genre quand même. Il met en scène une galerie de personnages qui gèrent leur vie amoureuse plus ou moins chaotique à l’approche de Noël. Il y a le premier ministre (Hugh Grant) qui tombe sous le charme d’une employée du 10, Downing Street ; la rock star sur le retour (Bill Nighy) qui n’a jamais eu d’autre ami que son manager ; la mère au foyer (Emma Thompson) qui réalise que son mari fait de l’œil à une autre… C’est peut-être ce qu’on appelle « l’humour anglais », mais vous ne résisterez pas à Hugh Grant et son chauffeur, contraints par trois enfants à chanter des cantiques de Noël ; à Alan Rickman prenant son air le plus désabusé pour dire à son employée « Rassurez-moi, vous n’allez pas venir avec un bodybuildé d’un mètre quatre-vingt-dix ? » ; aux deux adultes qui tentent de parler d’amour à l’arrière d’une voiture, en chemin pour le spectacle de Noël, assis de part et d’autre d’un écolier recouvert d’une énorme tête de pieuvre en papier mâché.

Mais finalement, le cinéma, c’est compliqué : les films que l’on aime dépendent du moment où on les a vus – et revus – avec qui, à quelle période de la vie… Et dans un même film au succès mondial, il y a encore des différences dans les petits détails qui nous font rire. Pour nous, c’est ce moment où Emma Thompson, stressée comme personne par la fête de l’école, demande à sa fille quel rôle elle a obtenu dans la crèche vivante : « Premier homard ! », répond l’enfant. La mère, abasourdie : « Il y avait plus d’un homard présent à la naissance du petit Jésus ? »

  • « Un jour sans fin » (1993)

Après avoir vu Un jour sans fin, petit bijou réalisé par le regretté Harold Ramis – SOS Fantômes, Mafia Blues -, vous n’écouterez plus jamais Sonny and Cher de la même façon. Ou, plus vraisemblablement, vous n’écouterez plus jamais Sonny and Cher du tout. I got you babe est le tube légèrement daté – même pour l’époque – au son duquel se réveille chaque matin le présentateur météo Phil Connors (le grand, par la taille et le talent, Bill Murray) depuis qu’il est arrivé dans la micro ville de Punxsutawney (ça ne s’invente pas) pour couvrir le Jour de la marmotte, curieuse tradition locale qui consiste à tirer un pauvre animal de son hibernation chaque 2 février pour évaluer le nombre de jours froids à endurer avant d’espérer un redoux. Bloqué sur place par une tempête de neige une fois son reportage achevé, Phil se réveille le lendemain pour revivre… la même journée, encore et encore, alors qu’autour de lui, la vie se répète à l’identique.

Cette comédie devenue culte malgré une sortie discrète est un des exemples les plus aboutis de l’utilisation parfaitement réussie du comique de répétition, la prévisibilité des événements autour de Phil rendant d’autant plus drôles ses tentatives pour modifier le cours des choses. D’abord incrédule, Phil se révolte contre la situation, tente d’en profiter (dans une inoubliable séquence, il passe plusieurs jours à perfectionner sa technique de drague sur Andy MacDowell – oui, on est clairement avant #metoo), muscle ses talents (musique, langues étrangères…), sombre dans le désespoir (tentative de suicide totalement inefficace) et doit accepter de parfois échouer (ses tentatives pour sauver un SDF du froid resteront vaines, jour après jour). Forcé de composer avec un environnement figé, Phil se voit contraint d’évoluer lui-même et ce faisant, de devenir meilleur. En plus d’être hilarant, Un jour sans fin est un film plein de bonnes intentions. On ne vous raconte pas la fin mais ça finit bien (et il y a des bisous).

  • « Une journée en enfer » (1995)

Le seul film d’action qui vous garde scotché pendant 128 minutes et vous fait suer en faisant du calcul mental. Quand Une journée en enfer nous traverse l’esprit (au moins une fois par an), la première image qui apparaît est le marcel taché de sang de John McClane, que l’on a tenté de porter pour pas mal de fêtes d’Halloween. Et puis on pense à cette mythique scène de la fontaine, où McLane et Zeus Carver (Samuel L. Jackson, au sommet dans le rôle du passant malchanceux poussé dans le chaos) sont obligés de faire des maths avec le bruit du timer dans les oreilles (sauf que, faute de portable en 1995, tout est dans la tête) : pour désamorcer une bombe (une des thématiques du film), ils doivent poser un seau de 4 gallons d’eau sur une balance. Mais ils n’ont que deux sceaux – de 3 et 5 gallons – pour le faire ! C’est l’incroyable pic de tension de ce film, et il arrive dès le premier tiers.

Donc ça s’essouffle ? Absolument pas. Si cette scène est l’Everest d’Une journée en enfer, les suivantes forment quand même un Himalaya. De l’action de très haute altitude, pleine de devinettes terroristes (« Qui a quatre jambes et est toujours prêt à voyager ? »), avec un casse à 140 milliards de dollars dans des camions poubelles, des mercenaires d’Allemagne de l’Est aussi caricaturaux que possible et Jeremy Irons, magistral braqueur crypto-nazi dont l’amour des énigmes sera sa perte.

  • « Ben Hur » (1959)

Trois heures et demie de décors en carton-pâte, de sandales montantes et de drame pur, le tout sublimé par les couleurs criardes de la Technicolor. Ben Hur, c’est le retour du même, d’année en année, à l’instar de sa glorieuse cousine Sissi, qui continue, malgré les aléas de la vie, à combler cette attente étirée à l’infini entre le repas de Noël et celui du Nouvel An. Chaque année, on y glane une scène, avant de zapper sur un téléfilm insipide. On y revient une demi-heure avant le goûter. Et on lui dit au revoir avant l’apéro. Il nous a fallu trente ans pour aller au bout. Et même si ça n’est pas Kirk Douglas et sa fossette au menton qui tiennent le premier rôle mais Charlton Heston, il est tout aussi glorieux. Bref, c’est un bon film, regardez-le.

  • « West Side Story » (1961)

Une image : un homme virevolte sur un escalier de secours d’un tenement house, immeuble de brique typique des bas quartiers de Manhattan. Un son : le claquement de doigts des Jets et des Sharks, bandes rivales fictives du New York des années 1950, dans la mythique scène d’ouverture du film. Une histoire : un Roméo et Juliette des temps modernes, où l’Amérique blanche prolétarienne fait face à des migrants portoricains. Une trame qui garde toute son actualité à l’ère de Donald Trump. Une actrice : Natalie Wood, déjà star quand elle joue le rôle de Maria à 22 ans (mais toutefois doublée sur ses chansons), qui illumine le film de sa grâce. Et surtout, la partition jazz et moderne de Leonard Bernstein, des chansons inoubliables (Tonight, Maria) et les chorégraphies entraînantes et jouissives de Jerome Robbins. West Side Story hisse la comédie musicale au rang de chef-d’œuvre. A voir, revoir et partager, pour continuer à chanter et danser « I like to be in America » en digérant son repas de Noël.

Et vous, quel est « votre » film de Noël ?


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