Alexandre Benalla utilise un passeport diplomatique pour voyager, selon « Mediapart »

L’ancien conseiller de l’Elysée Alexandre Benalla, en septembre au Sénat.

L’ancien conseiller de l’Elysée Alexandre Benalla, en septembre au Sénat. ALAIN JOCARD / AFP

L’ancien adjoint au chef de cabinet d’Emmanuel Macron, Alexandre Benalla, « voyage depuis plusieurs mois avec un passeport diplomatique », affirme Mediapart dans un article paru jeudi 27 décembre. Celui-ci lui aurait permis d’entrer dans plusieurs pays africains et en Israël, en évitant les contrôles.

« C’est faux », avait assuré la veille au Monde l’ancien chargé de mission, sous-entendant qu’il avait peut-être un passeport diplomatique d’un autre pays. Lors de cet entretien, il a évoqué la possession de plusieurs passeports.

Lors de son audition sous serment devant la commission d’enquête du Sénat le 19 septembre, M. Benalla avait confirmé le renouvellement de son passeport diplomatique le 24 mai 2018, « une procédure administrative classique » selon lui. « Les titres dont il s’agit sont restés dans le bureau que j’occupais à l’Elysée », assurait-il alors.

Le ministère des affaires étrangères dément, indirectement : le Quai d’Orsay avait réclamé fin juillet, dans une lettre recommandée – retirée le 6 août par « une personne munie d’un pouvoir de M. Benalla –, la restitution non pas d’un mais de deux passeports diplomatiques, a déclaré jeudi sa porte-parole. Alexandre Benalla était donc en possession de deux documents : l’un émis le 20 septembre 2017 et l’autre le 24 mai 2018.

« Toute utilisation depuis lors de ces passeports aurait été faite en dépit des engagements pris par l’intéressé, a ajouté Agnès von der Mühll. A la vue des informations de presse, le ministère (…) examine les suites à donner, y compris judiciaires. »

Le ministère assure également que M. Benalla « s’était engagé par écrit, le 23 mai 2018, à restituer ces documents à la fin des fonctions qui en justifiaient l’attribution ».

Du consulting en Afrique

Démis de ses fonctions à l’Elysée en juillet puis mis en examen pour les violences qu’il avait commises le 1er mai à Paris, révélées le 18 juillet par Le Monde, Alexandre Benalla s’est reconverti dans la diplomatie privée. Il fait « du consulting » en Afrique francophone, pour le compte de sociétés, fréquentant intermédiaires louches et chefs d’Etat autocrates.

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Ces voyages d’affaires agacent et embarrassent l’Elysée. Dans une lettre datée du 22 décembre consultée par Le Monde, le directeur du cabinet du président de la République, Patrick Strzoda, demande à M. Benalla de « donner toutes informations pertinentes » sur « d’éventuelles missions personnelles et privées » qu’il aurait « exercées ou poursuivies comme consultant ».

L’ex-conseiller aurait prévenu la semaine dernière seulement de son déplacement du début de décembre au Tchad, où Emmanuel Macron s’est rendu pour une visite officielle le 22 décembre. Le président « a tenu à faire savoir samedi [au président tchadien] Idriss Déby que cette personne n’était en aucun cas un intermédiaire officieux ou officiel », avait alors précisé l’Elysée.

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