De plus en plus de migrants traversent la Manche sur des bateaux de fortune

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Un bateau de réfugiés intercepté par la marine nationale française au large de Calais, le 25 décembre.

Un bateau de réfugiés intercepté par la marine nationale française au large de Calais, le 25 décembre. Marine Nationale / AP

Depuis deux mois, des centaines de migrants, majoritairement iraniens, ont tenté de traverser la Manche sur des canots pneumatiques pour rejoindre l’Angleterre, poussant le ministre de l’intérieur britannique, Sajid Javid, à déclarer un « incident majeur » et à rentrer précipitamment de ses vacances dimanche 30 décembre. Après un échange téléphonique avec son homologue français, Christophe Castener, il a annoncé un renforcement de la surveillance des plages et de la mer. Les Britanniques vont notamment financer des drones et des caméras pour surveiller la dizaine de points d’embarquement qui a été identifiée en France.

Le nombre de passages de migrants reste limité et n’a rien à voir avec ce qu’il se passe dans la Méditerranée. Selon le décompte du ministère de l’intérieur français, 443 personnes ont tenté la traversée cette année, dont la moitié a atteint les eaux britanniques. Mais le phénomène est nouveau, explique Ingrid Parrot, porte-parole de la préfecture maritime de la Manche :

« En 2017, on a compté treize tentatives de traversée et jusqu’en octobre de cette année, on était sur le même ordre de grandeur. Depuis, cela augmente de façon exponentielle. »

Ces derniers jours sont venus le démontrer. Quarante migrants ont été secourus sur cinq canots pneumatiques différents le jour de Noël, trois l’ont été le lendemain, vingt-trois le surlendemain, douze encore le jour d’après…

Nouvelles filières de passeurs

Le mode opératoire est presque toujours le même. Les migrants tentent le passage sur de gros canots pneumatiques à moteur, qui ne sont pas équipés pour la traversée des trente-trois kilomètres qui séparent Calais et Douvres. Beaucoup se lancent de nuit. Les risques sont énormes, au regard du très important trafic de ferrys. La police britannique compare cela « à traverser le [périphérique] à pied à l’heure de pointe ».

Matt Coaker, un pêcheur britannique, a vu pour la première fois un canot pneumatique avec quatre migrants en septembre. « Il y avait quatre personnes (…) à la dérive depuis un moment, qui n’avaient pas de moteur et juste quelques rames », témoigne-t-il à la BBC. « Ils voulaient désespérément un peu d’eau, un peu à manger, et juste atteindre la terre sèche. » Depuis, ce genre de rencontres s’est multiplié. « Ce n’est pas la norme, mais ça devient presque commun », poursuit-il.


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