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Cinq questions sur l’interpellation d’Eric Drouet, l’un des leaders des « gilets jaunes »

Devenu une figure du mouvement, le chauffeur routier faisait partie d’un groupe de quelques dizaines de « gilets jaunes » qui s’étaient rassemblés près des Champs-Elysées.

Eric Drouet, l’un des chefs de file des « gilets jaunes », a de nouveau été interpellé et placé en garde à vue, mercredi 2 janvier à Paris, pour organisation d’une manifestation non déclarée. Alors que sa garde à vue est toujours en cours, jeudi 3 janvier, franceinfo revient sur cette arrestation et les questions qu’elle pose.

1Que faisait Eric Drouet près des Champs-Elysées ?

Le chauffeur routier de 33 ans était venu, comme il l’avait annoncé dans une vidéo publiée un peu plus tôt dans la journée sur Facebook, déposer des bougies place de la Concorde. Accompagné d’une cinquantaine de personnes, il voulait ainsi marquer son soutien aux « gilets jaunes » blessés et honorer la mémoire des dix personnes tuées en marge des rassemblements.

Dans sa vidéo, Eric Drouet avait également appelé à mener une petite « action » pour « choquer l’opinion publique ». « Je sais pas s’il y en aura qui seront avec nous sur les Champs (…) On va tous y aller sans gilets », expliquait-il. C’est rue Royale, à proximité de la place de la Concorde et des Champs-Elysées, qu’il a été interpellé. Trois autres personnes ont été placées en garde à vue pour rébellion. 

2Pourquoi a-t-il été arrêté ? 

Eric Drouet a été placé en garde à vue pour organisation d’une manifestation sans déclaration préalable. « Cela s’appelle le respect de l’Etat de droit (…) Quand quelqu’un organise une manifestation alors qu’elle n’est pas déclarée, c’est qu’il ne respecte pas l’Etat de droit », a justifié le ministre de l’Economie, Bruno Le Maire, sur France Inter.

3Que risque-t-il ? 

En cas d’organisation de manifestation sans déclaration préalable, l’article 431-9 du Code pénal prévoit une sanction de « six mois d’emprisonnement et 7 500 euros d’amende ».  Selon son avocat, Khéops Lara, le « crime » d’Eric Drouet a été de déposer « des bougies (…) sur la place de la Concorde à Paris en hommage aux victimes ‘gilets jaunes’ décédées pour des motifs variés à l’occasion des manifestations et de l’occupation des ronds-points. Puis d’avoir voulu se réunir avec quelques proches et amis dans un endroit privé, un restaurant notamment, pour discuter et échanger », a-t-il expliqué dans un communiqué publié sur les réseaux sociaux, ajoutant que le tout s’était fait « sans violence, sans haine ».

Eric Drouet avait déjà été placé sous contrôle judiciaire après son interpellation, samedi 22 décembre, en possession d’une matraque. Il sera jugé devant le tribunal correctionnel le 5 juin prochain.

4Comment réagissent les figures de l’opposition ? 

Peu après cette interpellation, Jean-Luc Mélenchon, qui avait déjà fait part de sa « fascination » pour Eric Drouet, a réagi sur Twitter. Le leader de La France insoumise (LFI) a réclamé sa libération et fustigé « une police politique ». 

Sur franceinfo, le député LFI Eric Coquerel a dénoncé « une vraie persécution sur Drouet parce que c’est une des figures emblématiques » des « gilets jaunes ». 

La présidente du RN, Marine Le Pen, s’est quant à elle insurgée contre « la violation systématique des droits » des « opposants »

5Comment réagissent les ‘gilets jaunes’ ? 

Sur BFMTV, Benjamin Cauchy, autre leader des « gilets jaunes », a estimé que, avec cette arrestation, « monsieur Macron met de l’huile sur le feu ». « On est dans une note répressive et c’est dommageable pour notre démocratie, a jugé Kamel Amriou, président du Mouvement citoyens des « gilets jaunes », sur franceinfo. Je ne crois pas qu’on va faire taire les gens. Bien au contraire. Cela risque de produire l’effet inverse. »

Un rassemblement est organisé ce jeudi 3 janvier « en soutien aux personnes arrêtés » à Lille (Nord). L’événement a été créé mercredi sur Facebook et totalise déjà 150 participants et près de mille personnes « intéressées », rapporte France 3 Hauts-de-France. Le rassemblement est prévu vers 16 heures, sur la place de la République, comme les précédentes mobilisations lilloises. 


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