Récit de l’évacuation de Benjamin Griveaux après l’irruption de manifestants dans son ministère

Benjamin Griveaux, le 5 janvier 2019, après avoir évacué son ministère.

Benjamin Griveaux, le 5 janvier 2019, après avoir évacué son ministère. BERTRAND GUAY / AFP

Il était environ 16 h 30, ce samedi 5 janvier, quand une quinzaine d’individus non identifiés, dont certains portaient un gilet jaune, ont enfoncé la lourde porte du ministère du porte-parolat à l’aide d’un engin de chantier en guise de bélier. Benjamin Griveaux, porte-parole du gouvernement, était dans son bureau, pour un entretien avec M le Magazine du Monde, en compagnie de son directeur de cabinet. Le gardien du ministère ainsi que l’officier de sécurité du ministre étaient également présents sur les lieux.

C’est au moment où les envahisseurs faisaient irruption dans la cour du ministère que l’officier de sécurité a surgi dans le bureau du ministre en hurlant : « On bouge ! On bouge ! ». L’exfiltration s’est déroulée dans la précipitation mais sans heurt à travers le jardin du ministère et la cour intérieure d’un immeuble voisin. Une « sortie de secours » qui débouche dans une petite rue adjacente à la rue de Grenelle dont le 101 accueille le ministère du porte-parolat. Le « passage secret » avait déjà été utilisé lors d’une première intrusion le jour de l’« acte II » des « gilets jaunes ».

« Ils ont cassé un bâtiment qui appartient aux Français »

Benjamin Griveaux et son directeur de cabinet se sont réfugiés à l’hôtel de Matignon, situé à seulement trois cents mètres, où Edouard Philippe était présent. Benjamin Griveaux a eu une courte entrevue avec le premier ministre, puis a reçu un coup de fil de Christophe Castaner, le ministre de l’intérieur, qui a rassuré son porte-parole : « Ils ne sont pas rentrés dans les bureaux »… Le retour sur les lieux du délit a permis de constater que le portail du ministère était en lambeaux et que trois voitures garées dans la cour avaient été endommagées. Des dégâts visibles dans ce tweet de Marc Fesneau, ministre auprès du premier ministre, chargé des relations avec le Parlement :

« Ce n’est pas moi qui suis visé, c’est la République », par « ceux qui souhaitent l’insurrection, renverser le gouvernement », mais « la République tient debout », a estimé le porte-parole auprès de l’Agence France-Presse. « C’est inacceptable et j’espère que les vidéos permettront d’identifier et de poursuivre les auteurs, et qu’ils seront très très durement condamnés. Ce qu’ils ont cassé aujourd’hui ce n’est pas mon ministère, ils ont cassé un bâtiment qui appartient aux Français. Ce n’est pas moi qui suis propriétaire de ma charge, ce sont les Français ».

Sur Twitter, le président Macron a également réagi : « Une fois encore, une extrême violence est venue attaquer la République – ses gardiens, ses représentants, ses symboles. Ceux qui commettent ces actes oublient le cœur de notre pacte civique. Justice sera faite. Chacun doit se ressaisir pour faire advenir le débat et le dialogue. »

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Laurent Telo


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