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Procès Troadec : pour Hubert Caouissin, ce magot fantasmé jusqu’au délire « a toujours existé »

Pour ce deuxième jour du procès Troadec, la cour d’assises de Loire-Atlantique examine, mercredi 23 juin, la personnalité d’Hubert Caouissin, jugé pour le quadruple meurtre de sa belle-famille en 2017, à Orvault près de Nantes. Plus de six heures d’interrogatoire de l’accusé et ce qui frappe, c’est ce mélange de rationnel et de folie chez cet homme.

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Hubert Caouissin est sur un fil qui tremble au-dessus du vide. Il est dans le réel par moments. Un homme d’ordinaire avec ses rêves et ses failles. Et puis, soudain, il entrouvre la porte des méandres de son cerveau, lève sans s’en rendre compte le voile sur sa folie, que les experts psychiatres qualifient de délire paranoïaque. Peut-être, remarque justement l’avocat général, parce qu’il a arrêté les antipsychotiques juste avant le procès, contre l’avis de son psychiatre. « Sinon, je suis trop lent et très diminué, explique-t-il. Je voulais être en forme. »

Sans le filtre des médicaments Hubert Caouissin montre l’étendue des pensées délirantes qui les ont conduits, Lydie Troadec et lui, à se refermer sur eux-mêmes, à se couper du monde dans leur ferme isolée du Finistère, habité par la terreur et la peur. Cette peur à laquelle il semble toujours croire aujourd’hui est que Pascal et Brigitte Troadec tuent leur fils Jean, parce que « Jean est un ayant-droit et qu’il commençait à les gêner », lance Hubert Caouissin. « Un ayant-droit de quoi ? » , tente de comprendre la présidente. « Ben, du magot », répond-il.

Le mot est lâché, ce magot fantasmé, inventé sans doute. Ces lingots d’or qui auraient été retrouvés par le père de Lydie, puis volé par son beau-frère. Ces lingots devenus une obsession dévorante jusqu’à tout interpréter. Une odeur de tabac dans leur maison ? C’est Pascal Troadec qui s’est introduit chez eux. Une pièce du lit dévissée ? C’est encore Pascal Troadec. Une voiture trop longtemps derrière la sienne ? Pascal Troadec, toujours. « Hier [lundi], vous avez entendu Lydie dire : ‘je n’y crois plus, à cet or’. Et vous M. Caouissin ?, lui demande la présidente. « Pour moi, si, ça a toujours existé, je n’ai pas d’autre explication », répond l’accusé.

Dans ce très long d’interrogatoire, il a aussi été beaucoup question de Jean, le fils de Lydie Troadec et Hubert Caouissin. Âgé de 12 ans aujourd’hui, cet enfant a été traîné dans le huis clos de ses parents. Il est à la fois au centre de toutes leurs attentions et en même temps exposé et si peut protégé. Jean a connu une scolarité chaotique parce que ses parents étaient persuadés qu’il était harcelé à l’école. Une institutrice a dit pendant l’instruction que le couple n’écoutait rien, qu’ils cherchaient toujours la petite bête et à monter en épingle des histoires insignifiantes.

Jean à qui on fait donc école à la maison, et qui ne voit quasiment jamais d’autres enfants. Jean fait des colères, notées jour après jour par Lydie dans un agenda, lu en partie à l’audience. Des écrits terribles sur la solitude de cet enfant, à la fois chéri et maltraité, qui se cogne la tête par terre comme son père contre les murs, lors des moments les plus aigus de ses crises, quand il ne supporte plus d’entendre certains bruits. Jean, aujourd’hui en famille d’accueil, a vu trois fois son père depuis le quadruple meurtre. « La dernière fois, murmure Hubert Caouissin dans un spasme, il m’a dit qu’il m’attendait. Mais moi, je vais couper les ponts avec lui pour qu’il arrête de souffrir et qu’il arrête de porter ça… »


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